Peu de temps après une visite à la pique d’Estats par le refuge du Pinet, rude journée dans le vallon de Riufret pour visiter le toit de l’Ariège à ski. Des conditions difficiles sous l’étang de Riufret, justifiant le slogan « Ariège, Terre Courage » mais une tranquilité assurée.

Date : 2024/02/18
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 14 km
Dénivelé positif : 1700 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 4h40
Temps de descente : 2h45
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : passages délicats sous l’étang de Riufret selon les conditions, pente raide pour le col du Riufret.
Accès : étang de Soulcem
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

Depuis le sommet de la pique d’Estats, la combe de Riufret m’avait fait de l’oeil lui valant une apparition fulgurante dans la liste des projets. Finalement, il y a deux types de conditions idéales pour parcourir cet itinéraire à ski. Le premier et le plus facile, c’est d’attendre le déneigement quasiment intégral du sentier jusqu’à l’étang de Riufret (2360 m) pour un long portage. Le deuxième, c’est profiter d’un enneigement conséquent mais parfaitement stable pour que le long couloir issu de l’étang soit comblé sur la moitié haute à minima. Ainsi, il est possible de le rejoindre facilement à la montée en quittant le chemin normal avant que les barres rocheuses qui le dominent ne s’érigent, ou de s’en extirper à la descente. Certains comptes-rendus décrivant une descente intégrale jusqu’à Soulcem m’ont laissé rêveur. Cette journée a été rude car nous avons eu un entre-deux sur les conditions rendant la progression laborieuse entre 2000 et 2400 mètres.

Avec l’enneigement très faible de février, nous avons misé sur un long portage, espérant que ce soit le plus sec possible. En arrivant à l’étang de Soulcem, force est de constater qu’il va falloir franchir quelques névés. Vers 2000 mètres d’altitude, nous rencontrons les premières traces, sans aucun regel. Rapidement, nous perdons le chemin pour monter au mieux entre gispet et névés. Nous perdons du temps en traversant quelques pentes raides parfois rendues glissantes et inconfortables par la fine couche tombée deux jours auparavant. Le terrain s’assagit progressivement et nous retrouvons l’itinéraire classique pour chausser vers 2450 mètres d’altitude, assez loin au-dessus de l’étang de Riufret. Nous commençons par descendre dans le fond du vallon dans un superbe environnement, sous l’oeil des pics de Canalbonne légèrement plâtrés. C’est un plaisir de retrouver des reliefs désormais parfaitement lissés par la neige ; presque une deuxième journée qui commence. Après une succession de petits ressauts raides, le col de Riufret apparaît. Après avoir laissé le vallon caché qui monte sous la pointe Gabarro, nous parvenons au pied des 150 derniers mètres plus soutenus. La neige étant bien revenue, elle chasse parfois sous les skis mais les conversions s’enchaînent jusqu’au col de Riufret (2978 m). La première partie de l’itinéraire a laissé quelques traces et nous sommes tous les trois bien entamés par cette montée.

Dans la combe de Riufret

Nous optons sans hésiter pour le pic du Montcalm, bien plus proche que sa célèbre voisine s’apprêtant à accueillir quelques skieurs. Avouons néanmoins que le sommet est moins aérien et son panorama moins dominateur que la pique d’Estats. Après un court déchaussage juste de revenir au col, nous basculons dans la combe de Riufret pour une belle descente jusqu’à l’étang avec des conditions printanières. L’option sage aurait de repeauter pour retrouver l’itinéraire de montée. Nous choisissons l’option aventureuse : descendre le couloir sous l’étang de Riufret et tenter de trouver une issue pour retrouver le sentier avant qu’il ne soit plus skiable. Le torrent disparaît assez rapidement et nous descendons tant bien que mal sur une neige lourde mais dans une belle ambiance, coincés entre ces parois austères. Après une première hésitation, nous poursuivons jusqu’à un autre passage potentiel. Au regard de sa précarité, je descends vérifier la suite mais la barre rocheuse n’offre pas d’opportunité et le torrent rugissant refait son apparition.

La remontée de la barre rocheuse est délicate et assez exposée : du mixte ariégeois à moitié dans le ruisseau perpendiculaire au couloir avant une quinzaine de mètres dans une pente raide en neige pourrie puis une sortie en plantant bien le piolet dans l’herbe. Finalement, nullement rentable niveau timing, mais davantage de descente à ski. Après ce moment de concentration, nous pouvons nous relâcher pour la suite et remettre les baskets. Remettre ses skis et chaussures sur le dos procurent décidément la même sensation de satisfaction du devoir accompli que ranger corde et baudrier après avoir parcouru une crête. L’ombre en train de dévorer le vallon accentue l’impression d’avoir passé une longue journée dehors. Quelques névés par intermittence puis le sentier plonge jusqu’aux rives de l’étang de Soulcem, peu rempli. Après la traversée jusqu’à la passerelle, nous arrivons fourbus à la voiture et sommes pressés de nous délester des sacs. La bonne nouvelle de la journée c’est le retour de Julien en montagne après une année de convalescence. Sacrée reprise !