Visite des ces trois sommets oubliés aux confins et au croisement du Haut-Luchonnais et du Louron. Un itinéraire sauvage où l’accès au pic de Belle-Sayette demande de l’attention.

Date : 2021/10/20
Distance totale : 25 km
Dénivelé positif : 2000 m
Temps de montée : 2h20 jusqu’à Estiouère puis 2h25 supplémentaire jusqu’aux Courtalets
Temps de descente : 2h
Conditions et commentaires : beau puis sommets accrochés.
Difficultés : nombreuses pentes raides, long hors-sentier, crête découpée et exposée pour le pic de Belle-Sayette.

Ayant beaucoup de jours disponibles en ce moment et la neige pouvant arriver brutalement à cette saison, je profite de chaque opportunité pour aller m’aérer en montagne. Cette fois-ci, je jette mon dévolu sur ces bouts perdus de crête où les isards ne doivent pas beaucoup être dérangés. Dans le secteur, c’est le pic de Hourgade qui attire bien des convoitises ainsi que le pic des Pichadères dans sa version hivernale. Comme j’ai prévu de monter par la cabane d’Ourtiga et de descendre par les gorges de Clarabide, je gare ma voiture à mi-chemin entre le pont des Chèvres et la centrale de Pont du Prat. Après avoir fait 2 kilomètres de route environ, je prends le chemin qui monte rudement jusqu’au pont de Hournet puis, en passant rive droite ou rive gauche, à une petite retenue d’eau. Après la cabane d’Ourtiga (1600 m), où beaucoup de vaches sont encore présentes, il n’y a quasiment plus de sentier. Il faut rejoindre le col d’Estiouère (2437 m) déjà visité l’hiver, bien visible entre les pics d’Estiouère et de Pichadères. La montée est longue et le col ne semble jamais se rapprocher. Vers 2100 m, après la partie la plus raide, on trouve une sente et quelques cairns. Au col, la vue s’ouvre joliment vers les abîmes du ruisseau de Cascarre, les arbres jaunis des gorges de Clarabide et vers l’imposante crête du Schrader.

La montée au pic d’Estiouère n’est pas difficile mais les pentes sont raides tout autour de la crête. Il faut parfois poser un peu les mains pour passer d’un versant à l’autre. Du sommet, le pic de Hourgade en impose mais dommage qu’il soit à contrejour. La crête vers le pic de Belle-Sayette paraît vraiment raide ! La légère descente à la porte d’Enfer se fait bien en évitant les quelques ressauts versant E. Encore à l’ombre, le lac de Hourgade est partiellement gelé. Les pentes raides filant vers le fond des gorges de Clarabide sont impressionnantes de régularité. J’attaque ici la portion la plus sérieuse de la journée : la crête jusqu’au sommet du pic de Belle-Sayette ne dépasse pas le II/II+ mais est souvent assez exposée. Après un premier ressaut raide puis une succession de ressauts plus courts, il y a une portion horizontale de dalles en mauvais rocher. J’arrive au pied de la partie la plus sérieuse : du II exposé en continu jusqu’au sommet. J’ai essayé de rester sur le fil au maximum sauf une courte incursion versant Clarabide au début. Un passage est particulièrement impressionnant avec le vide insondable derrière moi. Je parviens à proximité du sommet qui ne doit pas voir grand monde. Il n’y a aucun accès facile. Les Posets sont bien visibles, de même que le Schrader qui est particulièrement impressionnant. À l’ouest, le pic d’Estos est très élancé et paraît inaccessible.

Pour descendre, je tente de descendre directement par la crête S jusqu’à la porte de Caillauas. Sous le sommet, je descends avec précaution des dalles raides pour rejoindre un terrain plus facile. Je parviens ensuite sur une petite pointe après laquelle la crête plonge. Il serait possible de descendre versant O dans des pentes herbeuses très raides. Toutefois, le gispet est très sec et extrêmement glissant et me dissuade de tenter l’aventure. Au regard du terrain, une glissade et j’atteris potentiellement au fond des gorges de Clarabide… J’ai retiré cet aller-retour des temps indiqués en haut de la page. Demi-tour, remontée au sommet et descente avec concentration à la porte d’Enfer par le même itinéraire. Les nuages commencent désormais à accrocher les sommets. Le vent s’est renforcé et l’ambiance est devenue plus austère. Je pensais que le chemin, anciennement marqué sur la carte, reliant la porte d’Enfer à celle de Caillauas, démarrait directement de la porte d’Enfer. Or, pour entamer la traversée, je dois descendre sur la raide crête SO jusque vers 2500 m environ. Il n’y a aucun chemin mais la traversée semble possible. Elle demande un peu d’attention car, surprise, elle coupe de raides pentes de gispet. Dans la seconde partie, le chemin est un peu plus marqué. Il y a aussi quelques cairns qui ne doivent sans doute pas résister à l’hiver. Je dérange quelques isards qui détale tels des virtuoses. Parvenu à la porte de Caillauas (2547 m), je fais un aller-retour au pic des Courtalets. J’ai l’impression qu’une sente évite le ressaut par la droite. Ce n’est qu’une impression et je me résous rapidement à remonter sur la crête. Je parviens à un deuxième col. Après vérification depuis le bas, la descente vers le vallon de Caillauas semble trop délicate, il faut repasser par la porte. La montée au sommet est raide mais sans difficulté. Le rocher est parfois moyen : ne pas tirer comme un âne sur tout ce qui dépasse. Belle vue centrale sur le secteur qui paraît bien sévère avec ces nuages.

Sous la porte de Caillauas, je regarde des réglages dans l’objectif de l’appareil photo. Je le range puis sursaute. Un chasseur marche à quelques mètres, je ne l’avais pas pu arriver. Après une discussion sympa, je descends vers le lac de Caillauas à moitié vide. Je ne m’attendais pas à une sente aussi marquée. Enfin un peu de répit ! Les lacets s’enchaînent jusqu’au refuge de la Soula qui est fermé. Dans les gorges de Clarabide, les couleurs automnales sont somptueuses. Un hélicoptère fait quelques rotations vers la centrale jouxtant le refuge. À la sortie des gorges de Clarabide, avant de descendre dans le bois, je regarde à nouveau ces pentes effrayantes qui montent jusqu’à la porte d’Enfer. Je les regarde à chaque fois et j’ai enfin visité les sommets fermant cette étroite entaille. J’ai bien fait de me garer à mi-chemin car aussi bien le matin que l’après-midi, la route ne m’a pas paru si longue.