Assez isolé, le pico Bisaurín (ou Visaurin en français) est le sommet supérieur à 2600 mètres d’altitude le plus occidental de la chaîne des Pyrénées. Depuis la France, son ascension est très variée et prouve encore une fois, s’il était nécessaire, la fabuleuse diversité du massif.

Date : 2023/06/11
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 21 km
Dénivelé positif : 1800 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 3h
Temps de descente : 2h
Conditions et commentaires : voilé puis orageux.
Difficultés : pente raide pour la variante de descente du Visaurin.
Accès : centrale d’Espélunguère (au niveau de la centrale ou plus haut sur la piste)
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

 

Après une courte nuit à Bédous, Lucille prend part à la longue distance de la Montagn’Aspe (60 km) tandis que je file vers la centrale d’Espélunguère. Ce réveil très matinal (4h45) m’arrange puisque conformément à ce qui se déroule depuis un mois, des orages sont à nouveau prévus dès la mi-journée. Je stationne juste à côté du petit bâtiment de la centrale, où le bitume cesse, car j’ignorais qu’un parking plus grand se situe plus haut après quelques hectomètres de piste. Sur le muret où je m’appuis pour lacer mes chaussures, un tire-tiques a été oublié, et donne un indice sur ce m’attend dans cette atmosphère lourde et humide. Une fois passé le parking d’Espélunguère, l’itinéraire de l’ibón de Estanés (1754 m) est bien indiqué : le sentier quitte la piste pour traverser le torrent à l’aide d’un pont métallique. Puis, il grimpe assez rudement dans la forêt jusqu’à rejoindre une cabane fermée sous les hêtres. Après un court replat, le chemin bien tracé traverse des pentes herbeuses raides. Avant de déboucher au lac, il est même équipé d’une petite échelle et de deux plateformes métalliques venant combler des zones rendues délicates à cause de l’érosion.

J’arrive à l’ibón de Estanés pile au bon moment avec les sommets éclairés des premières lueurs matinales. Malheureusement, en dépit des orages réguliers, le lac n’est que partiellement rempli. L’absence totale de vent m’offre néanmoins un beau reflet. Après après longé le lac par la gauche, sur un terrain spongieux et souillé par les troupeaux récemment arrivés, je rejoins le puerto de Estanés (1792 m) et monte facilement (quelques cairns) sur la grande barre rocheuse le dominant. Il y a des isards en pagaille, bien peu peureux, s’éloignant à peine. Après une courte descente, je rejoins le bon sentier balisé en rouge et blanc qui pénètre dans le vallon de los Sarrios le long du torrent formant une gorge, élégante porte d’entrée. Après l’arrivée à l’ibón de Estanés, pénétrer dans ce vallon est un autre moment fort de la journée : quelle belle vue avec un environnement qui change brusquement. C’est dans ce cadre superbe que le sentier monte tranquillement au port de Bernera (2115 m) où le Visaurin se dévoile : il y a encore un bon bout de chemin surtout qu’il faut perdre un peu d’altitude jusqu’à un replat précédant l’entrée de la combe de Secús. Cette dernière est régulière, comme un livre qu’on aurait ouvert.

Après une montée assez soutenue guidée par de nombreux cairns, une petite accalmie marque l’arrivée de quelques névés qui se remontent sans difficulté. Juste avant le col de Secús, tourner vers la gauche pour remonter une succession de petits ressauts. L’itinéraire à ski du Visaurin est réputé pour être ludique dans sa dernière partie et au regard de la combe et de ce terrain, je comprends pourquoi, ça donne envie ! Alors que la dernière pente se dévoile, je fais un court aller-retour à l’alto de Fetás sous lequel se trouve un gouffre rempli de neige. Pour aller au Visaurin, éboulis, herbe ou névé jusqu’à l’antécime puis une courte crête calcaire facile jusqu’au sommet principal, situé plus à l’ouest. Très belle vue étendue, comme vers le cirque de Lescun ou le pic d’Aspe. Le pic du Midi d’Ossau est coiffé d’un voile de nuages qui frappe le sommet comme une vague. Deux espagnols arrivent au sommet et précède une longue procession visible au loin.

De retour à l’antécime, quelques cairns invitent à suivre la crête qui descend directement vers le col de Secús. Entre la crête principale et une crête secondaire, une pente raide mène à vue vers le col depuis lequel j’aperçois une personne suivant mes traces dans les névés pour monter au Visaurin. Après un passage à la puntal de Secús dont l’intérêt principal est de prendre facilement pied dans la combe suspendue où les névés me facilitent la tâche pour aller rapidement à la brèche de Secús entre le Portaza et le pico Alto de la Portaza. Contrairement à mes attentes, la pente n’est pas raide versant N et je rejoins une sente dans les éboulis où je dérange des isards pour la nième fois de la journée. Je tente de contourner le lac par le N car le distance à parcourir semble moins importante. Or, la croupe qui le domine est chaotique entre gispet et rochers calcaires et ne cesse d’osciller. J’y surprends une marmotte, toute aussi stupéfaite que moi, que me crie littéralement dans les oreilles à moins de 2 mètres. Une fois sur les rives de l’étang, le même itinéraire me dépose à Espélunguère.