Très rude itinéraire aussi bien à cause de la longueur et du ratio que de la qualité du terrain, chaotique et exigeant sur les crêtes. Heureusement, la vue sans cesse renouvelée sur les nombreux lacs du secteur est superbe.

Date : 2023/07/31
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 27 km
Dénivelé positif : 3000 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 6h jusqu’au pic de Llats dont 3h10 pour le pic de Sotllo.
Temps de descente : 3h30
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : pentes raides, petite escalade ponctuelle en rocher moyen (II/II+).
Accès : lac du Tech (route fermée l’hiver, voir inforoute65)
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

J’avais déjà emprunté une partie du chemin du Riufret, à la descente du pic de Canalbonne, du bel étang lové sous les barres rocheuses jusqu’à Soulcem. Cette fois, nous avons le droit au forfait complet avec ces 6 km, dont 1 km pour longer l’étang de Soulcem, et ces 1400 mètres de dénivelé positif jusqu’au col de Riufret. Autant dire, que la montée ne faiblit quasiment jamais. Bien marqué, il monte rive gauche du torrent. En cette fin juillet, nous profitons déjà de quelques myrtilles. À l’approche de l’étang de Riufret, sans le vouloir, nous suivons une trace secondaire laborieuse menant au déversoir alors que la trace principale reste bien plus haut et ne passe pas sur les rives de l’étang. Par une courte portion hors-sentier, nous rejoignons le chemin abondamment cairné avec quelques points de peinture en guise de balisage. Le cheminement est plutôt agréable car bien marqué et moins raide que la montée avant l’étang. De plus, l’environnement minéral est moins étouffant que la végétation abondante et humide. Rapidement, la dernière pente raide apparaît mais une trace dans les éboulis l’évite astucieusement par la droite. J’avais entendu plusieurs fois du célèbre couloir du Riufret et m’attendait à une portion bien plus longue et chaotique. Au col de Riufret (2978 m), nous discutons avec quelques randonneurs, curieux de cette voie d’accès. Il faut dire que depuis le col, la pente paraît très raide et guère inspirante.

Rejoindre le pic de Sotllo est assez long puisqu’il faut descendre en direction des étangs de la Coumette d’Estats et remonter près de 300 mètres de dénivelé jusqu’au sommet en laissant le fréquenté port de Sullo sur la gauche. Je suis un peu perdu sur les orthographes entre Sullo, Sollo, Sotllo, la carte n’aide pas trop, mais l’idée est là. L’arrivée au sommet marque le début de la très longue chevauchée de crête jusqu’au cap de la Costa de Llats, quelques kilomètres plus loin. Le terrain alterne entre passages de marche et zones plus chaotiques en mauvais rocher qui demandent plus d’attention. L’enchaînement est plus long qu’il n’y paraît en raison donc de la qualité du terrain et du dénivelé assez important qu’il faut perdre entre chaque sommet. La descente du pic de Sotllo est raide, et demande de poser de temps en temps les mains en louvoyant de part et d’autre du fil. Nous parvenons au pied d’un ressaut avec une cordelette de rappel bien visible en haut. Plutôt que de le gravir directement, nous trouvons une cheminée cachée à droite (II), moins exposée et en assez bon rocher. La descente à la brèche suivante demande quelques pas de II puis il faut gravir une autre pointe pour laquelle nous passons à flanc sur la gauche en prenant garde à ne pas embarquer une prise avec nous… Ensuite, nous sommes loin d’être arrivés au sommet à cause des oscillations incessantes mais c’est un peu plus facile. Passer à flanc versant N sans trop descendre peut permettre d’absorber légèrement les montées et descentes. En arrivant au pic dels Estanys, découverte soudaine du vaste estany de Canedo. Au loin, le massif de l’Aneto est bien visible, tout comme les Posets et le Perdiguère. Le Néouvielle est distinguable puis le voile de chaleur / pollution est trop épais pour en voir davantage.

Estany d'Estats et estany de Sotllo

Estany d’Estats et estany de Sotllo

La descente au col de Canedo (2712 m) est facile, sauf une pointe juste avant le col qu’il faut gravir (II) par une cheminée sur la droite. Dans l’absolu, cette pointe serait évitable par un détour laborieux par un des deux versants. Puis, après avoir descendu plus de 200 mètres, il faut en remonter immédiatement autant jusqu’au pic de Baborte. La crête est large et facile, ce n’est que de la marche. Nous sommes observés par une harde d’isards dont seules les têtes dépassent des rochers et qui ne fuieront que tardivement. La vue est splendide depuis le pic de Baborte avec de nombreux lacs tout autour, des grands sommets à proximité (Sotllo, Estats, Canalbonne, Monteixo…) et une vue originale sur des secteurs plus confidentiels comme l’envers de la crête frontalière du port de l’Artigue jusqu’au Certascan dont le lac est bien visible. C’est reparti pour un nouveau tour de montagnes russes avec une descente bien cairnée et tracée jusqu’au col de Baborte (2597 m) avec une jolie plaque métallique indiquant la direction de l’abri orange métallique, dit refuge de Baborte.

À cet endroit, il serait possible de raccourcir l’itinéraire en descendant directement dans le vallon pour rejoindre le chemin du refuge de Vallferrera puis du port de Roumazet. Néanmoins, comme nous sommes encore relativement en forme, nous décidons de faire le crochet par le pic de Llats. Pour y accéder, il faut d’abord gravir le ressaut du départ. Pour cela, nous montons dans une cheminée (II) qui oblique de la droite vers la gauche, avant de repartir vers la gauche pour rejoindre un terrain un peu moins raide. La crête s’adoucit nettement ensuite et devient facile jusqu’au sommet. La pente herbeuse décrite par Philippe Quéinnec que nous souhaitons emprunter à la descente nécessite de passer par le cap de la Costa de Llats en crapahutant entre herbe et rochers. La descente demande un peu d’attention en raison de la raideur de la pente ; pas facile d’enrayer une glissade sur le gispet. De manière plus ou moins académique, nous franchissons l’étroiture qui est bien humide, avant que les pourcentages ne deviennent un peu plus amicaux. Le chemin est alors tout proche et offre une belle vue avec le torrent, les sapins et le Monteixo en arrière-plan. Parfois escarpé, le sentier menant à la bifurcation estany d’Areste / refuge Vallferrera oscille et longe l’ensemble du versant avec des odeurs omniprésentes de genêts qui nous accompagnent.

Cinq cent mètres de dénivelé environ nous séparent du port de Roumazet (2573 m). Après quelques heures à crapahuter sur les crêtes et 2500 mètres de dénivelé dans les jambes, ça pique un peu. Nous croisons un couple qui se prépare à bivouaquer non loin et continuons tranquillement jusqu’au col. Quelques cumulus bienvenus masquent le soleil et nous soulagent après avoir pris le soleil toute la journée. Du port de Roumazet, en ce début de fin d’après-midi, tout semble calme avec seulement un grand troupeau de brebis qui rompt le silence sous le pic de la Rouge. J’adore ces ambiances de fin de journée qui donne un grand sentiment de plénitude. Sous l’étang de Roumazet à côté duquel quelques tentes sont plantées, quelques personnes montent tardivement. Nous rentrons par l’itinéraire classique et il est plaisant de pouvoir marcher sans réfléchir une fois revenus sur la piste. La baignade fait un bien fou avant le court trajet par le port de l’Hers pour revenir dans le Couserans, où tôt le matin, le lever de soleil fut superbe.