Le pic du Midi d’Ossau fait partie de la famille des très grands sommets pyrénéens en compagnie du Canigou, du Vignemale, de l’Aneto ou du pic de Midi de Bigorre. Pour une première visite, quoi de mieux qu’une traversée pour mieux comprendre sa complexité.

Date : 2021/08/08-09
Distance totale : 15 km
Dénivelé positif : 1100 m
Temps de montée : 3h jusqu’au petit pic puis 1h45 supplémentaire jusqu’au grand
Temps de descente : 2h30
Conditions et commentaires : sommets accrochés puis beau avec vent assez frais.
Difficultés : course côtée AD (III+ max.)


 

Chargé d’histoire, la voie normale du pic du Midi d’Ossau n’est pas facile car elle est jallonnée de trois cheminées. Il accueille plus de 200 voies d’escalade avec des cotations sèches et des itinéraires souvent complexes. Sa silhouette mythique est aussi très reconnaissable quel que soit l’endroit depuis lequel on l’observe. Enfin, le refuge confortable et le lac à son pied complètent ce tableau. Ma première rencontre (lointaine) avec l’Ossau fut à l’occasion d’un passage au col du Pourtalet pour aller du côté des Bains de Panticosa. En ce début de soirée, au détour d’un virage, je découvrais alors ce grand sommet, sublimé par les couleurs naissantes du crépuscule. Je l’avais observé tant que possible dans les rétroviseurs avant qu’ils ne disparaissent derrière les pentes douces de Formigal. À plusieurs reprises, depuis le Lurien ou plus récemment depuis le pic de Soques, je me suis maudit de n’y avoir pas encore mis les pieds. Alors, lorsque Alain me propose la traversée du petit pic vers le grand pic, une course de difficulté modérée (AD), je n’hésite pas une seconde : c’est pour cette fois !

L’été bat son plein dans la vallée d’Ossau. Au centre de Laruns, la petite place est bondée. Sans surprise, la montée du col du Pourtalet se fait en file indienne, les rives de Fabrèges sont noires de monde, le caillou de Soques manque de se faire recouvrir par les voitures et le parking de la cabane de l’Araille, notre point de départ, n’est pas en reste non plus. Évidemment, aller à l’Ossau à la mi-août c’est faire une croix sur la tranquilité et accepter tout ça. La montée au refuge de Pombie est rapide sur un excellent sentier au milieu d’estives dignes de carte postale. Les emplacements de bivouac sont déjà rares et cela ira en empirant au fil de la soirée. Nous apercevons une cordée d’espagnols dans la paroi et bien loin du sommet ! Tandis que la lumière décline et que le vent frais m’oblige à sortir la doudoune, nous mangeons au second service à 20h. Un bon repas avec une tablée sympathique avant de rejoindre le bivouac que nous avons entouré avec des pierres pour faire fuir une éventuelle attaque bovine durant la nuit. Au bord du lac, un prêtre en soutane célèbre une messe en petit comité. J’aurais pu les rejoindre pour prier pour une bonne nuit, mais à ce sujet, l’espoir est vain depuis longtemps.

Au réveil, nous rangeons les affaires et en stockons une partie dans le refuge. Pendant la nuit, le ciel s’est couvert et les sommets sont accrochés par des nuages se déplaçant rapidement. Après être montés au col de Peyreget, nous débutons l’itinéraire vers le petit pic qui est bien cairné. Versant O, une bonne sente part plein N avant de basculer versant E dans du terrain un peu plus délicat (II). Il y a des toujours des cairns mais ils sont parfois plus difficiles à voir. Lors d’un passage un peu confus, nous décidons de nous encorder. Nous basculons à nouveau versant O avant de rejoindre le fil de la crête jusque sous le bastion du petit pic. Nous remontons alors un couloir rocheux évident jusqu’à rejoindre une petite crête secondaire. Cet endroit est clé puisque c’est là qu’il faut descendre de quelques mètres pour remonter la cheminée en III+. À cet instant, les nuages jouent avec nos nerfs. Nous ne voyons plus grand chose et cette météo incertaine commence presque à faire planer quelques doutes, finalement chassés par un coup de vent. Alain part en tête dans cette cheminée jusqu’à un relai intermédiaire sur cordelettes et je poursuis jusqu’au relai principal sur spit + piton au ras du sol. Le petit pic est alors tout proche. Ne restent plus que quelques passages faciles dans de gros blocs.

Après une courte pause, descente prudente mais facile jusqu’au bon relai permettant de faire un rappel de 25 mètres environ sur des terrasses faciles. Le premier à rappeler est prié de se mettre à l’abri des chutes de pierres éventuelles ! La descente jusqu’au col de la Fourche est facile mais un peu instable. Ce choix de rappel m’a semblé être le meilleur compromis entre une descente scabreuse sans corde dans la cheminée de gauche ou un long rappel de 50 mètres pour lequel nous n’étions de toute façon pas équipés. La montée au grand pic commence par une longueur : une dalle en II+ à traverser puis une cheminée en III en rocher moyen. Alain part en tête mais le relief et le vent fort rendent la communication difficile. Après un peu d’attente, j’estime qu’il est prêt et m’engage prudemment. La dalle en II+ est plus impressionnante de loin et sur les photos qu’en réalité. Après une transition facile, une succession de cheminées faciles (II/III) amène à quelques mètres du sommet. Enfin ! Après une belle course, bien gérée et en bonne compagnie, super heureux de fouler enfin le mythique pic du Midi d’Ossau. Le ciel s’est légèrement découvert permettant de faire la descente sereinement même si les cairns sont très nombreux. Après avoir descendu le grand pierrier sommital, les trois cheminées s’enchaînent. Nous désescaladons la première et faisons un rappel sur les deux suivantes. De retour au refuge, avec une rencontre sympathique avec deux randonneuses, retour au parking déjà nostalgique de cette première journée à l’Ossau.