Périple de deux jours autour de Tuquerouye : un secteur extraordinaire, chargé d’histoire(s) où l’on retrouve une grande tranquilité dès qu’il s’agit d’aller visiter les sommets plus confidentiels.

Date : 2021/08/18-19
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 29 km
Dénivelé positif : 2800 m
Temps de parcours Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : J1 : 7h – J2 : 5h
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : pentes raides, éboulis et passages exposés.
Accès : Gavarnie
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

Jour 1

La visite de ces sommets est surtout un prétexte à aller retrouver Pauline et Vivien pour un bivouac au lac Glacé. Ils arriveront par la faja Tormosa après être partis de Cauterets quelques jours plus tôt. De notre côté, je suis tenté de monter depuis Gavarnie par les Rochers Blancs mais l’envie de découvrir le pic Rouge de Pailla l’emporte. Ce sera donc par la hourquette d’Alans puis la brèche de Tuquerouye. Pour le retour, je suis raisonnable et n’opte pas pour les Rochers Blancs où la descente est réputée délicate. Ce sera donc un retour tranquille par le même itinéraire.

C’est connu, Gavarnie attire les foules. C’est plus calme après le refuge des Espuguettes (2027 m) puis vers la hourquette d’Alans (2430 m). Cette montée est toujours aussi somptueuse : une vue privilégiée sur les Astazous et le pic Rouge Pailla, si complexe. Le cirque n’est pas visible entièrement mais je trouve que la brèche de Roland arbore un de ses plus beaux profils. Dans le sens de la descente, après les premiers lacets, une bonne sente cairnée permet de couper et atteindre plus rapidement le sentier principal. Sans chercher à le rejoindre, nous enroulons le contrefort E du pic Rouge de Pailla, imposant ressaut calcaire, pour rejoindre le petit cirque minéral sous le sommet. Les bêlements des brebis ont laissé place aux courses des isards qui décrochent quelques cailloux. La pente de droite est tentante mais elle débouche sur une crête qui semble ensuite impraticable. La voie normale remonte l’infâme couloir oblique jusqu’à un collet sous le sommet. Il est possible d’éviter le vaste cône de déjection en restant à droite : déjà une bonne chose de faite ! Puis, nous remontons prudemment, tantôt dans le couloir, tantôt sur l’éperon qui le borde rendu parfois délicat à cause du mauvais rocher et / ou bien des fins et fourbes petits cailloux. Montée lassante parfois exaspérante où l’on ne se sent pas vraiment à sa place. Heureusement, depuis le col, la fin de la montée est facile jusqu’au sommet, à l’ombre du Grand Astazou. Nous descendons par le même itinéraire. Seul, le couloir pourrait littéralement se dévaler mais à deux, nous restons groupés pour éviter de nous envoyer des pierres. Parfois, une coulée de cailloux type avalanche de neige humide nous oblige à nous serrer sur la bordure jusqu’à qu’elle stoppe. Une descente folklorique !

Nous ne sommes pas mécontents de retrouver un peu d’herbe juste avant de rejoindre le chemin de la brèche de Tuquerouye, sous la borne de Tuquerouye. Une petite pause avant la dernière montée, si bien que nous avalons le couloir rapidement. Juste avant le refuge, grâce aux indications de P.Quéinnec, nous nous engageons sur la corniche caractéristique. Elle est immanquable. Les personnes que nous avons rattrapées se demandent bien ce que nous allons faire par là-bas. Dès l’entrée sur la corniche, s’il y a du monde dans le couloir de Tuquerouye, il faut être très méticuleux pour ne pas y envoyer des rochers. C’est donc avec attention que nous remontons cette corniche où nous retrouvons les premiers vestiges des équipements mis en place en 1890 (!!) lors de la construction du refuge pour éviter aux forçats de remonter le couloir enneigé et souvent glacé. Puis, nous rencontrons un aménagement impressionnant destiné à élargir la corniche qui devient peau de chagrin sur 2 mètres à la traversée d’un couloir. Une barre de fer en travers, quelques rochers posés dessus et au travers desquels le vide est visible. J’y fais tomber un petit caillou qui rebondit encore et encore. Contrairement à mon habitude, je laisse mon sac ici pour être le plus léger possible et me permettre de passer au plus proche de la paroi. Nous passons sans encombre, remarquons quelques câbles avant que les équipements ne cessent. Nous poursuivons sur cette corniche. Il est tentant à un moment de monter sur la gauche mais l’on rejoint la crête avant la fin des difficultés. Il faut vraiment poursuivre jusqu’à la fin de cette corniche, jusqu’à une mini brèche sur l’épaule N du sommet. La corniche s’évanouit ensuite dans des éboulis. L’épaule N demande un peu d’attention et de lecture pour passer au plus facile (quelques pas de II). C’est parfois légèrement exposé. Vue énorme sur le Mont Perdu mais sans la sensation d’être écrasé comme depuis la brèche de Tuquerouye. Retour avec précaution aux sacs puis au refuge de Tuquerouye. Nous rejoignons ensuite les rives du lac Glacé pour une chasse aux trésors : mais où sont donc Pauline et Vivien ?

Nous faisons le tour des bivouacs et c’est aux jumelles, depuis le ressaut à l’E du lac, que je les repère en train d’arriver. Ouf ! C’est dommage, le soleil se cache très vite derrière le col des Astazous. Soirée sympa après s’être rincés sur les rives vaseuses du lac. Les lumières changent : elles deviennent d’abords très chaudes sur les roches ocres qui nous entourent puis soudainement glaciales avant que tout ne s’éteigne. Mais que vois-je au loin ?! Une frontale, non, deux frontales qui semblent errer en plein milieu de la face du Mont Perdu dans la nuit noire. Après observation aux jumelles, ils sont en fait dans la rimaye en train de chercher un passage. Nous nous posons des questions et finissons par tenter d’appeler les secours mais pas de réseau, y compris pour le 112. Depuis le pic de Pinède le lendemain, nous observerons l’hélico venant chercher la cordée, toujours dans la rimaye mais 300 mètres plus à droite. L’hélico les déposera au lac Glacé avant de revenir à Gavarnie. Au retour, au refuge de Tuquerouye, un français ayant discuté avec eux en bas nous indiquera qu’ils se sont échappés d’une voie d’escalade (?) et qu’ils ont pu joindre les secours à 2h du matin pour l’évacuation. Voilà pour la fin de l’histoire.

 


 

Jour 2

Nuit très calme mais sommeil agité comme d’habitude. C’est toujours frustrant d’avoir l’impression de trouver la bonne position pour dormir lorsqu’il ne reste que 30 minutes avant le réveil. Nous nous levons assez tôt pour profiter des premières lueurs du jour et de la fin du lever de soleil au sommet du pic de Pinède. Pauline et Vivien sont désormais très entraînés pour replier le bivouac mais nous ne nous en sortons pas trop mal non plus. Nous rejoignons alors l’extrémité E du lac pour remonter une rampe oblique caractéristique où nous rencontrons les premiers cairns. A mi-chemin vers le sommet, un isard décroche une grosse pierre qui s’arrête à temps alors que tout le monde était aux abris. La vallée de Pineta inondée de soleil vaut à elle seule le déplacement. Tour du Mont Perdu, je me souviens (tes praires bordées de cactus…). Long moment au sommet en train d’observer l’hélicoptère puis retour à la brèche de Tuquerouye. Mince, il faut déjà rentrer. Quelques gouttes nous rafraîchissent après la sieste aux Espuguettes avant de retrouver l’avenue Alsace-Lorraine, non, que dis-je, la rue principale de Gavarnie. Direction Cauterets !