Belles ambiances automnales autour du refuge Wallon même si on espérait une meilleure météo pour ces deux jours en montagne en groupe pour fêter la fin de la saison « sèche » qui approche. Il reste encore plein de choses à découvrir dans ce secteur du Marcadau.

Date : 12 et 13/10/2019
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 35 km
Dénivelé positif : 2800 m
Temps de parcours Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : J1 : 6h – J2 : 6h15
Conditions et commentaires : météo tourmentée mais agréable en dessous de 2600 m. Très fort vent et nuages au dessus.
Difficultés : hors-sentier parfois raide.
Accès : pont d’Espagne (parking payant, 8€ en 2024)
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

 

Jour 1

Les barrières sont ouvertes au Pont d’Espagne. Nous allons au Pont de Cayan par la rive gauche, plus sympa que la route. Quelques gouttes nous accompagnent parfois et cesseront heureusement pendant la montée jusqu’à la fin de la journée. Le sentier monte efficacement jusqu’à la sortie de la forêt puis divague jusqu’au premier lac de l’Embarrat (2076 m). Nous laissons la bifurcation fléchée du refuge d’Ilhéou et continuons jusqu’au lac du Pourtet (2422 m). Beau site dominé par les Aiguilles du Pic Arrouy et le Pic Arrouy tandis qu’à l’E, les Aiguilles de Castet Abarca ont fière allure. Nous faisons une pause repas au lac et apercevons dans une échancrure deux bouquetins. A l’extrémité S du lac, nous quittons le chemin pour viser un col (proche du point 2429 m sur la carte IGN) sous le Soum de Bassia. Nous approchons deux bouquetins à quelques mètres seulement avant que ces derniers ne s’éloignent tranquillement.

De notre côté, nous partons à flanc au-dessus du lac de Bassia jusqu’au col entre Bernat Barrau et Soum de Bassia, défendu par une pente plus raide. La montée au Pic de Bernat Barrau est évidente (quelques cairns) et se passe juste à côté du fil, ce qui nous permet en plus d’être à l’abri du vent. Panorama caractérisé ce jour par l’austérité des massifs qui nous entourent : le glacier de Las Néous et le Balaïtous se dévoilent de temps à autre entre les nuages sombres, les flèches altières autour du Grand Barbat semblent inacessibles, et les faces sombres du Cambalès et de la Grande Fache dominent les lacs d’Opale et de Cambalès battus par les vents. Des ambiances tourmentées que je préfère presque à un grand ciel bleu monotone, même si on ne dirait pas non à un peu de soleil pour nous réchauffer. De retour au col, nous partons à nouveau à flanc mais en direction cette fois-ci du col au N du Tuc de Bassia. Ayant un peu d’avance, je vais voir de plus près ce dernier qui semble presque inaccessible. Pourtant, une pente raide de gispet permet de prendre pied sur la crête rocheuse que je suis facilement jusqu’au sommet.

Je rejoins rapidement le reste du groupe qui a commencé la descente dans les pentes hors-sentier. Après quelques hésitations et des passages plus raides entre des barres rocheuses, nous retrouvons enfin le sentier au milieu des pelouses et myrtilliers aux feuilles désormais bien rouges. Celui-ci descend tranquillement jusqu’au refuge et passe notamment à côté d’un pin mort avec un tronc d’un diamètre impressionnant. Une fois au refuge, quelques jeux de société et un peu de lecture jusqu’au bon repas. Le refuge est quand même dans un état assez désolant et mérite vraiment d’être réhabilité : les travaux sont prévus depuis quelques temps, mais quand commenceront-ils vraiment ? Soirée très bruyante à cause d’un groupe de jeunes rugbymen (finalement pardonnables) et un groupe de 6-7 quadras dont j’ai plus de mal à comprendre l’irrespect vis-à-vis des randonneurs qui se sont couchés tôt, qui ont marché toute la journée et repartent le lendemain.

 


 


 

Jour 2

Quelques rafales de vent viennent troubler le silence matinal. Il fait plutôt doux et les nuages circulent très vite au-dessus des sommets. Nous partons du refuge dans la pénombre et prenons un itinéraire détourné pour rejoindre le sentier du col d’Arratille qui monte tranquillement jusqu’au lac homonyme (2250 m). L’atmosphère devient plus sombre et mystérieuse à cause des nuages qui bouchent la crête frontière alors qu’au N, les sommets sont ensoleillés. Après avoir contourné le lac, nous doublons un randonneur qui a connu une nuit agitée au lac d’Arratille sous les intempéries. Désormais, le sentier reste clair mais se fond dans les éboulis. Peu avant le lac du Col d’Arratille, nous partons rejoindre à l’E une banquette herbeuse bien visible dominant des barres, qui nous dépose au confidentiel lac Meillon (2533 m). Rude montée dans la pierraille à la première brèche sous le pic Né où la soufflerie est en marche. Nous sommes dans les nuages et l’humidité. En bons conquérants de l’inutile comme le souligne Daniel qui décide de rester à la brèche avec Nicolas, nous faisons un aller-retour rapide au sommet où la vue est bouchée. Les premiers mètres font croire que la montée va être raide et délicate mais c’est facile même dans des conditions agitées. Nous les retrouvons pour dévaler les éboulis et traverser à flanc au-dessus du lac Meillon et retrouver la crête frontière menant à la Tuque Blanque. Heureusement, cette dernière est large et facile car nous sommes malmenés par les violentes rafales de vent. La position du sommet n’est pas bien définie : il semble poindre derrière les nuages une autre pointe. Au regard de la violence des rafales qui nous secouent même assis, je préfère ne pas m’engager sur la crête étroite et aérienne.

Nous revenons un peu sur nos pas pour descendre une pente raide en gispet jusqu’à un replat que nous suivons sous le Pic Alphonse Meillon et sous les Aiguilles du Chabarrou. Grand moment lorsque le Vignemale, emprisonné jusqu’alors dans d’inquiétants nuages, se dévoile brièvement dans un profil des plus lugubres. Après une traversée descendante dans les éboulis, nous finissons par rejoindre le sentier du col des Mulets (2591 m) nous permettant de basculer côté français. A la fin de la descente, peu avant le replat des Oulettes, j’aperçois Lucille qui avait pris un peu d’avance, en compagnie d’une autre personne (Emma, la gardienne du refuge), au chevet d’un randonneur allongé et blessé. En m’approchant, je comprends qu’il s’agit de la personne rencontrée ce matin au lac d’Arratille qui s’est blessée au tendon d’Achille. Le moindre mouvement le fait crier de douleur. Trois jeunes ramènent des couvertures du refuge pour le couvrir en attendant l’hélico. Nous restons là ce qui permet à Daniel de s’essayer avec succès à quelques blagues pour détendre l’atmosphère et faire sourire le blessé. Intervention et habilité impressionnantes du pilote. Après une pause repas et un chaleureux accueil au refuge, nous poursuivons la descente fréquentée jusqu’au lac de Gaube puis ultra fréquentée jusqu’au Pont d’Espagne.