Nouvelle incursion dans le massif du Cotiella pour visiter des sommets bien peu fréquentés. Alors qu’il n’est qu’à quelques kilomètres à vol d’oiseau des Posets, ce massif donne vraiment l’impression d’avoir atterri dans une lointaine contrée.

Date : 2023/07/25
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 23 km
Dénivelé positif : 2100 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 4h pour la peña de la Una.
Temps de descente : 2h15
Conditions et commentaires : beau en Espagne.
Difficultés : quelques passages d’escalade (II) en mauvais rocher.
Accès : Plan (parking à côté de la piscine)
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

Comme il ne fait pas beau côté français, direction l’Aragon pour trouver un peu de soleil. Après avoir hésité un instant à aller du côté du l’ibon del Sen pour aller visiter les sommets l’entourant, je reste sur mon idée initiale qui est de profiter de l’ambiance si particulière du massif de Cotiella dans des coins où les éboulis ne sont pas rois étant donné qu’il n’y a plus un mètre carré de neige dans les environs. En m’inspirant de ce récit de Philippe Quéinnec, le menu du jour se décompose donc de la manière suivante : pour l’entrée, un beau chemin puis un terrain assez confortable jusqu’à la peña es Litas, un plat de résistance constitué d’éboulis et de mauvais rocher jusqu’à l’ibon de Plan avant de retrouver un bon chemin pour le dessert et la descente.

Du parking à côté de la piscine de Plan, j’emprunte la piste longeant le rio Cinqueta sur 2 kilomètres environ avant de suivre l’excellent chemin, déjà connu, rejoignant le sentier entre l’ibon de Plan et le refuge de Lavasar. Même si l’hydratation du week-end précédent fut autant composée d’eau que de bière, la montée ombragée se déroule très bien. Après avoir pris un peu de hauteur, la démarcation météorologique frontalière est parfaitement visible. Le grand soleil ibérique contraste avec la purée de pois côté français où absolument aucun sommet ne dépasse. Le refuge de Lavasar est joliment placé à la fin de la longue piste, mesurant environ 13 kilomètres depuis Saravillo. La suite est facile : il faut partir plein S depuis le refuge pour suivre une timide trace serpentant entre les pins. Le bosquet devient de plus en plus clairsemé au fur et à mesure que la pente s’accentue. Après un court ressaut, le gispet laisse place à une pente d’éboulis que je traverse en ascendance pour rejoindre la crête. Plus haut, face à une partie plus raide, ne pas se laisser tenter par un des deux versants mais la franchir directement en zigzaguant tranquillement sur les bons rochers cachés sous quelques éboulis. Après une antécime qui était visible depuis le bas, le sommet de la peña es Litas est atteint.

Puntons Royos et peña de la Una depuis peña es Litas

Puntons Royos et peña de la Una depuis peña es Litas

Le bon terrain parcouru jusqu’alors laisse place aux éboulis et au mauvais rocher. Même si les deux sommets suivants sont peu éloignés, l’enchaînement prend plus de temps qu’en apparence. Rapidement, avant que la crête ne remonte, je descends une cinquantaine de mètres de dénivelé pour trouver une trace d’animaux qui passe au plus près des barres rocheuses puis évite facilement ce gendarme laissant l’impression que retirer un seul de ses cailloux suffirait à l’écrouler. Le premier tiers de la montée à la (singulier ? pluriel ?) puntons Royos est d’abord étroit mais facile. Puis, le deuxième tiers est moins commode avec des courts ressauts (II) nécessitant de poser les mains. La première brèche à franchir annonce la couleur : je me fais léger pour passer ce tas de cailloux posé en équilibre. Attention, pour monter après la brèche, un gros bloc qui serait bien pratique pour y poser le pied bouge beaucoup. J’ai hésité à le purger au retour mais l’acrobatie et la menace d’emporter plus que nécessaire n’en valaient pas la peine. Bref, vous aurez compris que chaque prise doit être testée avec délicatesse. Quelques ressauts peuvent être abordés par la gauche mais il faut se forcer à vite retrouver le fil. Le dernier tiers est ensuite toujours étroit, mais plus facile. Vue magnifique et singulière sur ces sommets délités et atypiques.

De retour avec attention sous le sommet, j’emprunte une sente salvatrice qui me dépose au fond du vallon de Lavasar, tout proche des célèbres aiguilles. Je retrouve ici un itinéraire cairné : après quelques dizaines de mètres dans les éboulis, il faut plutôt rejoindre la banquette semi-herbeuse juste au-dessus pour s’éviter de misérer dans ces cailloux instables. Pour aller à la peña de la Una, rejoindre un collet évident (2604 m) sur la crête, au N du collado de la Ribereta. Après une cheminée raide (II), je reste quelques mètres sous le fil (beaucoup de génépi !) aussi longtemps que possible avant de le rejoindre (II) tout proche du sommet. La vue sur la cresta de Armeña est sensationnelle, elle a des airs de monument. Tandis que les nuages ont grignoté un peu le côté espagnol, je reviens sous le sommet par le même itinéraire puis rejoins le collado de la Ribereta en restant le plus haut possible.

Le début de la descente se déroule dans un mélange d’herbe et de calcaire, pas désagréable, mais laissant vite place aux éboulis. De nombreux cairns sont disposés le long d’une très légère trace de passage. Puis, l’herbe, jonché de nombreux tapis d’edelweiss, se fait de plus en plus présente et un balisage rouge fait même son apparition. La descente ne souffre d’aucune ambiguïté. Pour la dernière partie, le sentier tire à gauche pour aller chercher un couloir assez raide. Quel plaisir ensuite de retrouver le sentier longeant l’ibon de Plan avec les chaudes et réconfortantes effluves de pins. Ce sont les vacances et la fréquentation s’en ressent ! Après avoir quitté le chemin du refuge de Lavasar, je suis à nouveau tranquille pour la descente soutenue jusqu’à la piste.