À force d’observer de loin la sierra de Tendeñera, il était temps d’aller la visiter, ou au moins une partie avec cette boucle variée passant par pistes, chemins, pierriers, crêtes et couloirs qui alternent sans entre le ocre et le gris dès que les pelouses ont cessé. Le massif a tenu toutes ses promesses !
Date : 2022/09/20
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 18 km
Dénivelé positif : 1700 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 3h30 pour la peña del Verde
Temps de descente : 2h15
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : pentes raides après la peña de Sabocos et autour de la peña del Verde.
Accès : piste de Sabocos
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Après bien des hésitations, pour ce premier des trois jours prévus à Panticosa, je décide d’aller visiter la partie O de la sierra de Tendeñera qui domine l’embalse de Bubal, quasiment vide en cette fin d’été. Je crois que c’est au sommet du Balaïtous, où découvrant à peine les particularités de l’ouest de la chaîne, je m’étais demandé quelles étaient ces longues crêtes ocres trônant au sud. Je me gare vers 1550 m dans un lacet juste avant un passage canadien et une barrière. Ayant vu plusieurs pick-ups passés pour des travaux, à défaut d’avoir pu leur demander, je préfère ne pas tenter le diable plutôt que de continuer à monter. Depuis la voiture, la vue est déjà très belle sur la serra de Partacua. Après deux kilomètres sur la piste, je monte sur une croupe herbeuse permettant de rejoindre directement le lacet stratégique où un sentier part à flanc vers le SO. Après quelques minutes à plat, il s’élève dans le vallon. En restant toujours bien marqué et balisé par quelques points jaunes, il permet de rejoindre facilement le cuello del Bozuelo (2112 m) où l’on découvre soudainement l’ibon de los Asnos où plusieurs centaines de brebis sont en train de s’abreuver. Peu avant le col, j’observe également la combe sur la droite qui monte entre la peña Blanca et la peña Roya mais dont la sortie semble impossible à cause des vastes parois qui ne présentent pas de faiblesses vues d’en bas. Tant pis ! Ça aurait été un moyen rapide de rejoindre les premiers sommets du jour.
À défaut, sans trop perdre d’altitude sous le col, j’utilise une des nombreuses sentes de brebis pour longer le pierrier et parvenir sous un petit verrou. En prenant aux petits éboulis instables, il faut franchir au jugé ce verrou pour remonter ensuite une pente mêlant herbe et éboulis jusqu’à un joli petit plateau. D’ici, la brèche convoitée et nommée portiello Exetro sur la carte IGN espagnole est désormais bien visible tandis que de l’autre côté la vue est somptueuse avec l’étang en contrebas et les nombreux sommets de l’Ossau aux dalles de Labassa vers le Vignemale. Après quelques minutes dans le vallon, je trouve un ancien balisage rouge et blanc. Chouette ! La sente remonte jusqu’à la paroi avant de la longer puis déboucher au col orné d’un piquet métallique. La vue s’ouvre brusquement vers le S où je ne pensais pas que la plaine serait si proche ! La peña Roya est juste à côté de même que la peña Blanca qui se rejoint facilement en 5 minutes. Pour revenir au col, il est possible de couper directement sans passer par le premier sommet flanqué d’un cabanon sommital avec quelques équipements, sans pouvoir dire toutefois que c’est une station météo. La peña Sabocos est au bout de la longue crête calciaire qui fait plus de 1,5 kilomètre. Finalement, je suis souvent resté versant S, soit pour absober les oscillations, notamment au début, soit pour éviter les difficultés grâce à quelques cairns bien placés. À proximité du sommet, j’observe une personne remontant le raide couloir qui permet de faire une boucle de l’ibon de los Asnos. C’est par là que je serai redescendu si je n’étais pas allé à la peña del Verde. La peña Sabocos est ornée d’une borne géodésique. La vue est magnifique avec toutes ces couleurs et cette verticalité. Le panorama est masquée à l’E par la crête de la Tendeñera dont la silhouette découpée compense largement et présente à elle-seule un fort intérêt.
Après avoir discuté un peu avec la personne qui montait par le couloir, je me laisse tenter par un petit extra qui n’était pas prévu au programme : la peña del Verde. En dessous du sommet, le pierrier d’accès au colladica Refroya semble effrayant mais je mets ça sur le compte de la perspective qui me joue encore des tours. Je rejoins la brèche juste au N du sommet pour descendre ensuite dans un large couloir d’éboulis assez raide. Heureusement, sur la droite du couloir quelques gros blocs gris permettent d’assurer une descente un peu plus stable et ce côté a l’avantage d’être à l’ombre. Ce passage possède un certain romantisme (sic) avec l’écho des inévitables chutes de pierres contre les austères parois m’entourant. Je suis content d’arriver en bas, probablement autant que mes chaussures. Si d’en haut, je n’avais pas exclu un aller-retour pour revenir à la peña Sabocos et le fameux couloir de retour, hors de question que je remonte par là ! Les éboulis sous la colladica Refroya sont effectivement moins raides qu’en apparence et j’atteins le col sous l’oeil de quelques isards. Durant la montée, je remarque la silhouette du montagnard toujours présent à la peña Sabocos qui, s’il ne connaît pas le secteur, doit sans doute se demander ce que je fais là. Les parois nord du mallo de las Peñas sont verticales et ne présentent pas de points de faiblesse. L’accès à la peña del Verde n’est pas difficile : il faut longer la crête assez bas versant S et la rejoindre dans du terrain facile dès que c’est possible. Une courte crête étroite mais facile mène ensuite au sommet qui n’est pas le plus haut parmi les quelques pointes lui faisant suite. Du sommet, la silhouette et les couleurs de la peña Sabocos sont mémorables. Les courbures, plis, et infractuosités des parois verticales de la peña Forato sont stupéfiantes. J’ai l’impression d’observer un monstre ridé qui va se réveiller d’autant que la crête calcaire sur la droite présente une succession de dents et il y a une immense grotte dans la paroi N calcaire sous ces dernières.
Après une pause collation sous le vol de quelques vautours, extrêmement nombreux tout au long de la journée, j’entame la descente par le versant N de la colladica Refoya. Le début n’est pas simple : je ne conseille pas de descendre au point le plus bas du col mais plutôt de remonter un peu en direction de la peña del Verde pour suivre une crête secondaire assez raide qui file vers un éperon herbeux. De cet éperon, au lieu de rejoindre le couloir à droite, il me semble plus judicieux de descendre avec précaution de banquette en banquette jusqu’à atteindre des éboulis moins raides. Je poursuis ensuite au creux de la pente pour passer une étroiture un peu plus raide qui me dépose sur un pierrier multicolore (gris clair, gris foncé, ocre). Le lieu est exceptionnel, presque émouvant, avec la sensation d’être littéralement écrasé par la montagne. Quelle complexité ! Que de détails !
Je poursuis la descente dans le pierrier à classer dans la catégorie « Cailloux pas assez petits et pas assez gros » où j’ai pris un immense plaisir (sic bis). Lorsque les contreforts de la peña del Verde s’estompent, je pars sur la gauche pour parcourir la très large terrasse que j’avais repéré depuis le sommet. J’évite ainsi de rejoindre la piste tout en bas où j’aurais du remonter jsuqu’à la collada del Verde. À l’inverse, en restant bien à flanc, j’arrive au-dessus du col. Au lieu de continuer à flanc dans du terrain que j’évalue plus complexe ensuite, je préfère descendre jusqu’à la cabane et à l’ibon de Sabocos. Il serait possible de remonter à l’ibon de los Asnos pour rentrer par le chemin de la montée mais j’opte pour une boucle intégrale en suivant la piste en enroule l’ensemble du versant et descend longuement à la voiture même s’il est possible d’en couper certaines portions. Une première incursion dans la sierra de Tendeñera qui en appelle évidemment d’autres.