Depuis le refuge de la Glère, le Campanal de Larrens forme une pyramide élancée et élégante. De plus, il fait partie du cercle assez restreint des sommets pyrénéens ne possédant pas d’accès facile. Deux raisons qui justifiaient bien une visite.
Date : 2022/08/31
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 16 km
Dénivelé positif : 1400 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 2h45
Temps de descente : 2h30
Conditions et commentaires : plutôt couvert avec éclaircies puis pluie et coups de tonnerre.
Difficultés : crête exposée et aérienne de la brèche au sommet (II/III).
Accès : lac de Cap de Long (route fermée l’hiver, voir inforoute65)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Pour rebondir sur le préambule, il y a aussi une troisième raison : lorsque le mois de septembre pointe le bout de son nez, j’apprécie retourner à des endroits qui me tiennent à coeur pour en profiter une dernière fois avant les longs mois d’hiver. Pour ses lacs, son granit, ses pins, sa longue route d’accès et ses points de vue toujours différents, le lac de Cap de Long en fait bien évidemment partie. Je me souviens quand, avec Julien, nous remontions la route des lacs pour la première fois en direction du lac d’Aubert. Nous étions subjugués et exaltés par l’atmosphère des lieux et commencions à prendre conscience de la diversité incroyable des Pyrénées.
Dans les prochaines lignes, le sujet de la météo reviendra souvent car les nuages auront toujours été de la partie, me faisant passer de l’espoir au doute (et vice versa) un bon nombre de fois. Les prévisions n’étaient pas toutes d’accord mais avaient au moins un point commun : il devrait pleuvoir. Espérons le plus tard possible ! Hormis quelques vans sous la muraille de Cap de Long, je suis la première voiture à me garer au parking du barrage. J’emprunte le chemin habituel qui longe le lac de Cap de Long avant de redescendre au bout de l’étang sur un joli petit plateau. Le ciel s’est déjà bien voilé et il est même déjà menaçant dans le secteur du Campbieil. La montée à la hourquette de Bugarret (2614 m) est raide, avec un sentier qui fait progressivement son apparition. Belle découverte depuis le col : les lacs de Bugarret de de Couyela det Mey (bien peu remplis) avec au loin, le soum de Marraut, très acéré, qui semble inaccessible. De la hourquette, je descends quelques mètres en restant proche de la paroi sur ma droite pour emprunter ensuite une cheminée herbeuse raide. Sur le haut, un court passage en II le long d’un énorme bloc puis je pars sur la gauche via une petite vire pour rejoindre une zone plus facile. Après une longue traversée sur cette vaste terrasse, il faut remonter au col de Coume Estrète (2767 m) sous le pic de la Coume de l’Ours. À cet endroit, le ciel n’est pas menaçant mais il tombe quelques gouttes. La vue est somptueuse vers le pic Long qui paraît plus austère que jamais.
À l’instar de la portion précédente, j’imaginais plus courte la traversée descendante jusqu’à la brèche sud du Campanal de Larrens, d’autant plus que le chaos de blocs quasi ininterrompu ne facilite pas la progression. Quelques mots sur la montée au Campanal de Larrens : ce sommet est majoritairement gravi en traversée par la voie Tafonis (2 longueurs) puis l’arête S avec descente par l’arête N. La voie normale est décrite sur Mendikat et consiste à remonter l’arête S depuis la brèche. Or, sur Mendikat, la montée est côtée en II, tandis que le topo de Camptocamp propose l’ensemble en II+ avec un passage en III+ ! Sacrée différence ! Honnêtement, vue du bas, la montée paraît délicate et aérienne et me laisse perplexe. Après avoir dépassé une croix noire vissée dans un rocher, la brèche s’atteint via une cheminée herbeuse facile puis un court passage en II (rocher moyen). Figurez-vous que je suis toujours aussi perplexe mais que le bon rocher m’incite à aller voir en me disant que je peux au moins aller jusqu’au pied de la supposée dalle en III+. Le début se déroule à l’O du fil avec notamment un passage en II+ dans une cheminée très aérienne et exposée au-dessus du vide avant de partir sur la droite sur du rocher très licheneux mais franc, pour rejoindre le fil. Après le contournement facile mais aérien d’un gendarme, je passe à l’E pour remonter une fissure facile puis à nouveau brièvement à l’O pour arriver sur une terrasse au pied de cette dalle exposée E. Visuellement, elle me paraît moins difficile que le III+ annoncé sur Camptocamp et je décide de tenter le coup. Un premier passage en II+/III sur la gauche, une traversée facile où se trouve un piton puis un nouveau passage vertical (III), très aérien, pour rejoindre le fil qui ne pose pas de problème (II) jusqu’au sommet. Les nuages gris arrivent franchement par le sud et je ne reste que quelques secondes au sommet avant de redescendre par le même itinéraire à la brèche où je peux enfin souffler un peu.
Pour le retour, il y a plein de variantes possibles selon l’envie et la météo : par les lacs, par les 3000, par le même itinéraire etc… Mon choix consiste à passer de brèche en brèche : brèche sous le sommet, brèche de Chausenque, brèche de Barris d’Aubert et pas du Gat. Alors que je descends tout droit dans le vallon depuis la brèche pour remonter hors-sentier en face, les nuages montent de la vallée à une vitesse folle et m’enveloppent instantanément. Quelques minutes après, des coups de tonnerre réguliers et pas si lointains se font entendre. Après avoir dépassé le lac Bleu puis les lacs Verts, l’ambiance est fantomatique sous la brèche Chausenque : pluie, vent, pierriers trempés et le roulement lointain de l’orage. Heureusement, de l’autre côté, le temps est plus clair et la pluie cesse progressivement. Ouf, j’ai fait le plus dur ! De la brèche de Barris d’Aubert, la traversée jusqu’au pas du Gat est facile alors que je craignais, à tort, entailles et ravins laborieux. Je mange trois crêpes au Garlitz alors que l’orage s’abat dehors après une belle journée contrastée.