Ne pas se fier à l’altitude élevée de départ : rude boucle passant par les sommets méconnus de cette crête pourtant bien visible depuis Baqueira. La douceur du vall de Gerber a été mise à mal par un crochet au pui de les Ares.
Date : 2025/09/11
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 21 km
Dénivelé positif : 1700 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 4h15 jusqu’à l’agulla de Saboredo.
Temps de descente : 3h15
Conditions et commentaires : mer de nuages humide puis beau puis nuageux.
Difficultés : pentes très raides, passages ponctuels en II / II+
Accès : port de la Bonaigua
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Par quoi commencer ? Tout d’abord, quelques mots sur la toponymie confuse pour les sommets des Tres Pics dont le premier est nommé agulla de les Ares sur la carte ICGC… selon le niveau de zoom puisque c’est Tres Pics en zoomant au maximum. Alors qu’il est nommé pui de les Ares sur la carte ICGC, le dernier sommet visité est appelé agulla de les Ares sur la carte IGN espagnole. De plus, quelques altitudes diffèrent. Pour la première partie de l’itinéraire jusqu’au coll de l’Estany Gelat, je me suis très largement inspiré du récit de Philippe Quéinnec, qui apporte de précieuses informations pour éviter les parties difficiles de la crête. Enfin, malgré le ciel bleu qui a régné une grande partie de la journée, les conditions jusqu’au coll de l’Estany Gelat ont été difficiles. En effet, une mer de nuages particulièrement humide est montée jusqu’à 2500 m au moins durant la nuit, tardant ensuite à se dissiper. Sur les versants N et O, tout était trempé, y compris le rocher où même le gispet faisait « shpouic » en y posant les mains. Sur les versants S et E, le soleil a rapidement séché le granit tandis que le gispet est longtemps resté humide. J’ai donc dû faire preuve d’attention sur les sections raides et redoublé de concentration pour les passages déjà délicats à la base.
Du port de la Bonaigua, je remonte les pistes vers le sud sous une bruine glaciale et ventée. Après avoir quitté la station, lorsque la crête devient un peu plus découpée, j’émerge progressivement des nuages et reste facilement à flanc pour longer jusqu’à l’aplomb de l’agulla de les Ares accessible en remontant une pente herbeuse très raide (et humide…) puis en naviguant au mieux sur les rochers sommitaux. Ici, la vue se découvre joliment vers l’estany de Gerber et la mer de nuages se fractionne au-dessus du port de la Bonaigua. Pour descendre du sommet, je parcours quelques mètres sur la crête N pour descendre la première cheminée herbeuse. Très raide et demandant de poser les mains (II), elle permet de rejoindre un terrain plus facile pour longer l’imposant sommet du Tres Pics central puis remonter en passant au plus facile jusqu’au Tres Pics Sud. Les pics de Serós et de Locampo sont visibles pour la première fois de la journée.
Après une descente facile jusqu’au col suivant, j’évite la crête du pic de Serós par la droite en perdant quelques dizaines de mètres dans un couloir herbeux (toujours détrempé) puis en longeant jusqu’à l’aplomb du sommet. Sans itinéraire défini, je passe au plus facile pour rejoindre la cime où je constate qu’ici et là, quelques nuages commencent à s’élever annonçant la grisaille qui s’installera ensuite. Après être revenu sous le sommet, je continue la traversée du même versant pour trouver un couloir caché (depuis le pic de Serós) menant facilement à une brèche. En posant un peu les mains, la première pointe du sommet bicéphal du pic de Locampo est défendue par une taillante (II+). Je descends à la brèche entre les deux sommets et m’en vais voir à quoi ressemble le versant O : après avoir descendu le couloir puis traverser quelques mètres, je constate que la suite est trop chaotique mais que des pentes herbeuses raides semblent mener à la deuxième pointe du pic de Locampo.
De retour à la brèche entre les deux pointes, je descends directement le couloir herbeux très raide, en posant ponctuellement les mains. Plus bas, le terrain s’assagit ensuite au passage sous les mystérieuses et redoutables aiguilles de Saboredo, formant deux grandes lames s’élançant vers le ciel. Une description de la traversée des aiguilles dans l’ouvrage « La couronne du Val d’Aran » (Jaume Llanes & Montserrat Timoneda, Sua Edizioak, 2010). Conclusion : il faut (faudra) la corde ! La balade se poursuit jusqu’au coll de l’Estany Gelat avant lequel les couloirs du Puis de Gerber rappellent quelques souvenirs.
L’agulla de Saboredo est un sommet situé au S de l’estany Gelat. Durant la traversée pour aller à son pied, je suis surpris de trouver quelques cairns pour passer au mieux le relief parfois chaotique. Puis, sans aller au col bien marqué, je rejoins le versant NE, assez raide jusqu’au sommet. Les nuages accrochent les crêtes sévères autour des pics de Saboredo et d’Amitges. Pour descendre, j’essaie par la crête SE : d’abord facile, il faut ensuite faire un crochet au S (II) pour parvenir ensuite au col avant la traversée jusqu’au coll de l’Estany Gelat, joli point de passage entre le vall de Gerber et celui de Saboredo.
Le crochet par le pui de les Ares est probablement une gourmandise de collectionneur. Si vous êtes en mal de pierriers, il conviendra également parfaitement. Après le refuge Mataró, je quitte le bon sentier balisé pour passer sur les rives de l’estany Redó puis au-dessus de l’estany Llong. Une longue traversée alternant gros blocs et rhododendrons me permet d’arriver dans le creux du vallon menant au coll de Xemeneies. Le pui de les Ares est désormais bien visible : il faut passer un nouveau pierrier au-dessus duquel un couloir se forme progressivement. La branche de gauche devient raide et débouche à une brèche, une cinquantaine de mètres sous le sommet. Ce dernier est accessible en posant ponctuellement les mains avec quelques passages que j’ai trouvés un peu exposés. Suis-je passé au plus simple ?
J’aime bien les cailloux et je trouve amusant le fait de chercher un passage efficace dans un dédale de blocs donc la descente du vallon de Xemeneies jusqu’au chemin du vall de Gerber ne m’a pas dégoûté. Néanmoins, c’est toujours bizarre de sentir que des blocs de plusieurs centaines de kilos peuvent bouger s’ils sont correctement placés. À proximité du parking, j’hésite à faire du stop pour remonter au port de la Bonaigua. Finalement, sans aller jusqu’en bas, je remonte doucement pour trouver une piste qui me ramène au col où des centaines de motos sont passées toute la journée.

