Boucle très sauvage majoritairement hors-sentier pour aller chercher des sommets confidentiels, rarement ou même pas décrits du tout pour certains, à l’ombre des géants rocheux du massif de l’Ardiden.
Date : 2022/07/07
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 21 km
Dénivelé positif : 2200 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 5h30
Temps de descente : 2h
€Conditions et commentaires : nuages accrocheurs mais impression de beau.
Difficultés : hors-sentier, lecture, et portions découpées sur les crêtes.
Accès : Agnouède (parking minuscule)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
C’est la première fois que je débute une sortie d’Agnouède qui est le point de départ pour le lac de Bastampe. Je marche un moment avec un montagnard qui s’en va repérer la montée au lac de Badet dont l’accès depuis la cabane d’Estarous n’a pas l’air limpide. Le sentier du lac de Bastampe qui monte dans la forêt est excellent. Il effectue une longue traversée avant une série de lacets où il devient alors plus rocailleux. La cabane d’Estarous (1660 m) est alors toute proche, peu visible au milieu des hautes herbes, dont la rosée matinale me trempe les jambes. L’atmosphère est humide et un peu lourde : de nombreux ruisseaux coulent et les nuages font d’incessants assauts sur ce versant, limitant parfois la visiblité. Toujours facile à suivre, le sentier se fait alors un peu plus exigeant et monte plus franchement dans les herbes. Malgré ma conversation au départ, je reste sur mon plan initial qui est de monter droit vers le soum d’Astos. Le sentier du lac de Bastampe longe la conduite sur 200 mètres puis continue à s’élever. Je le suis jusque vers 2200 m environ. Puis, je monte entre les deux torrents visibles sur la carte IGN sous l’inscription « Culaus d’Aubiste » avec pour objectif de rejoindre le grand replat entre soum d’Astos et pic de Carnaré. Contrairement à mes craintes, cette portion n’est finalement pas si désagréable : peu de pierriers, du gispet assez court et une pente modérée mais pas l’ombre d’une trace ou d’un cairn. Ces conditions me permettent de monter efficacement en dérangeant à plusieurs reprises des hardes d’isards. En veillant à bien me diriger vers la droite, je finis par aboutir à une large ouverture sous le soum d’Astos où je découvre la vaste combe suspendue. Le soum d’Astos est impossible à identifier. J’estime que c’est le point 2703 mais finalement, je n’en sais rien, il n’y a pas l’ombre d’un sommet à cet endroit.
J’entreprends le tour de cette combe en enchaînant les sommets. Je descends donc vers le soum de Culaus qui paraît débonnaire vu d’ici mais dont les parois nord sont très raides voire verticales avec une aiguille au premier plan. Puis, je traverse en face vers le pic de Badet d’Aubiste. Je n’ai trouvé aucune information sur ce sommet, pas même une photo. Vu d’ici, le sommet n’est pas facile à identifier : il y a une pointe isolée au N et une crête un peu plus longue au S avec un point culminant découpé. Je vais donc essayer de visiter les deux qui sont finalement assez facile d’accès. Pour rejoindre le sommet N, je vais jusqu’à son pied et remonte à droite du fil sur des dalles modérément raides qui aboutissent proche du sommet. De retour sous le sommet, je longe la crête vers le S et remonte un couloir herbeux bien marqué à droite du point culminant. Juste avant le fil, quelques pas de II me permettent de rejoindre la crête puis le sommet inconfortable constitué de flèches dont on se demande bien comment elles peuvent tenir en équilibre. Pour le pic de Carnaré, dernier sommet de ce petit tour du propriétaire, j’ai en mémoire la description de Philippe Quéinnec qui, à défaut d’être une recette miracle, me montre au moins que c’est possible ! Je remonte un couloir herbeux au N du sommet NE. Le fil de la crête étant trop difficile, je remonte une espèce de dièdre un peu malcommode (II au moins) et parviens dans une zone un peu plus complexe et exposé mais dont l’issue est visible. Quelques pas de II et III me permettent alors de rejoindre le fil de la crête constitué de gros blocs. Il faut poser les mains et faire quelques pas isolés mais l’ensemble est assez peu aérien sauf à de rares endroits ponctuels. La vue est jolie vers le lac de Badet et le pic d’Ardiden, qui paraît très sévère d’ici. À l’E, très beau panorama avec un somptueux jeu de nuages. Le sommet NO semble à la même altitude : une profonde brèche et une remontée difficile m’en séparent. Je reviens sur mes pas un moment puis je ne désescalade pas le petit dièdre emprunté à la montée mais pars à l’opposé sur une autre vire, plus facile, qui me dépose sur du terrain moins raide. Sans me préoccuper du sommet NO, je contourne le pic de Carnaré par le S et le lac de Badet se dévoile alors. Il aurait été raisonnable de m’arrêter là mais je repère une jolie vire qui rejoint la crête d’Aubiste à un point bas sous le pic de Chanchou.
La traversée du pic de Carnaré à la crête d’Aubiste est plutôt rapide à travers des pierriers de tous les genres. J’observe les nuages qui dansent au-dessus de la crête sans jamais déborder vers le versant du lac de Badet. La vire d’accès à la crête ne pose aucun problème et demande à peine de poser les mains à la fin. L’ambiance sur la crête est particulière : un côté parfaitement dégagé et l’autre totalement bouché même le soleil n’est pas loin. Cette atmosphère accentue l’impression d’être sur un fil. Versant Estom, les nuages ont rendu les rochers licheneux légèrement glissants, me forçant donc à redoubler de vigilance. Jusqu’à la première pointe notable, probablement le soum d’Aubiste (2828 m), tout se déroule dans le facile versant O. Puis la crête devient un peu plus découpée et le versant O n’est praticable que par intermittence. Avec la brume, j’ai d’ailleurs des difficultés à évaluer si la crête est aérienne de ce côté là tandis que versant E, c’est plutôt vertical. Dans ce sens, quelques désescalades toujours à proximité du fil me donnent un peu plus de fil à retordre sans que je puisse décrire un cheminement précis. Après une deuxième pointe principale, sans doute le Cabaillé de Soum d’Aubiste, je parviens à une brèche où je vais descendre facilement vers le lac de Badet. Avant ça, je fais un aller-retour exposé à la dernière pointe de la crête en restant à proximité du fil.
Je meurs d’envie d’aller voir si le panorama est entièrement dégagé à l’Ardiden. Néanmoins, même s’il est tout proche, il est désormais temps de descendre surtout que le retour ne s’annonce pas des plus limpides. Un long pierrier me dépose à proximité du lac de Badet et du laquet juste en dessous. Ce lieu est un océan de tranquilité : par tous les versants, son accès est long et laborieux. De temps à autre, je rencontre quelques cairns le long du ruisseau de Badet sans qu’un vrai sentier soit présent. J’espérais croiser la personne rencontrée ce matin, mais hormis quelques isards qui font dégringoler des rochers, personne à l’horizon. Après un endroit où le torrent longe une jolie dalle rocheuse, je file sur ma droite et découvre un peu plus loin une ligne de cairn. Je descends plutôt facilement dans le gispet en partant progressivement à droite et en me déportant donc de la cabane EDF bien visible au bout de la conduite. Puis, après un cairn étrangement posé au milieu de quelques rochers, plus rien ! Sur un terrain désormais plus chaotique, je continue donc à descendre vers la droite en me faisant même berner par des cairns imaginaires. La conduite est désormais toute proche et je la rejoins sans difficulté. Ouf ! La fin de la descente de la forêt me fait penser à mes chères contrées ariégeoises.