Parcours hors du commun en plein coeur du massif de Panticosa où chaque sommet est une claque. Des vues extraordinaires, d’innombrables lacs et une grande variété de terrains ont rythmé cette journée dont je me souviendrai longtemps.

Date : 2023/09/26
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 31 km
Dénivelé positif : 2500 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 6h15 pour le pico de Campo Plano dont 2h15 pour la punta Zarra.
Temps de descente : 3h
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : de tout : escalade (II max), éboulis, lecture, pentes raides…
Accès : pont d’Espagne (parking payant, 8€ en 2024)
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

Voilà quelques années que j’avais imaginé cet enchaînement de sommets assez confidentiels formant cette série de pyramides qui crèvent l’écran depuis le refuge de Respomuso. Le plus fréquenté de tous est probablement le pico Tebarray au-dessus du lac homonyme, qui fait assurément partie des plus beaux des Pyrénées. J’ai choisi de dormir au refuge Wallon. La raison principale est de m’épargner 8 kilomètres car la journée est déjà assez longue. De plus, appréciant les refuges, il me plaît de pouvoir découvrir la nouvelle version de ce vaste établissement, plus confortable pour les clients, certes, mais également pour les gardiens qui peuvent travailler dans de meilleures conditions.

Au petit matin, je quitte la chaleur réconfortante du refuge pour la fraîcheur relative de ce début d’automne. J’utilise ma lampe jusqu’à la passerelle précédant la bifurcation vers le col de la Fache. Au port du Marcadau (2541 m), descendre un ou deux lacets puis quitter le GR jusqu’à l’embalse de Pecico qu’il est facile de traverser grâce à la digue. Puis, une sente et quelques cairns mènent facilement aux ibones de Pecico. Le cirque est éclairé par les lueurs matinales et les sommets ont tous fière allure : Fache, Falisse, Pecico Norte se reflètent dans les étangs. Au fond du vallon, la sévère punta Zarra se dresse fièrement et semble inaccessible. Pourtant, une voie d’accès peu difficile passe par la face NE dont le pied s’atteint par un long pierrier. Sur la droite, repérer grâce à quelques cairns un couloir modérément pentu qui monte en diagonale. La bordure permet de remonter cette entaille bien marquée en posant très souvent les mains (II). Il y a peu de cairns mais suffisamment pour confirmer que l’itinéraire est toujours le bon. Peu avant la crête N, un autre couloir bien marqué et en assez bon rocher part vers la gauche (II) jusqu’aux abords du sommet qui s’atteint facilement.

Pics d'Enfer

Pics d’Enfer

La crête jusqu’au pico Gaurier est difficile et nécessite un grand rappel dès le début. Pour l’éviter, descendre la crête SE, vraiment peu inspirante vue du sommet, jusqu’à une brèche (cairn) au pied d’une courte dalle. En bien mauvais rocher, la première partie est un peu aérienne mais ne demande finalement que de peu poser les mains. Je pense qu’il vaut mieux rester à proximité du fil jallonné de quelques cairns plutôt que de se laisser tenter par les dangereuses pentes raides de part et d’autre. Puis, la crête s’élargit un peu et le rocher devient plus compact. La dernière dalle jusqu’à la brèche m’a semblé moins difficile que le II+ annoncé sur certains récits espagnols. Pour terminer, il ne reste plus que la descente du couloir avec quelques pas de II. Après avoir perdu un peu d’altitude dans les éboulis, je fais une longue traversée dans un terrain de plus en plus mauvais jusqu’à l’aplomb du pico Gaurier. Alors que je suis dans le couloir sous l’antécime, un hélicoptère tourne au-dessus du sommet puis du pico Piedrafita. Le sommet principal est défendu par une brèche peu difficile. Les pics d’Enfer et la punta Zarra sont somptueux tout comme les ibones Azul situés autour de la voie normale des pics d’Enfer.

Pour rejoindre le pico Piedrafita, je reviens sous le pico Gaurier puis descends en diagonale pour me diriger au pied d’un couloir bien marqué qui monte juste au N du sommet. De loin, ce couloir semble impossible. J’ai même hésité à descendre directement dans le vallon pour aller au lac de Tebarray et faire l’enchaînement dans l’autre sens. Comme souvent, la perspective joue des tours et la pente, bien que raide, est tout à faire abordable. Le rocher compact en bordure permet de monter sans trop d’encombre (beaucoup de pas de II). Finalement, c’est du gâteau à côté par exemple du couloir du pic Rouge de Pailla, plus rébarbatif. Une courte pente raide mène au pico Piedrafita. Le soleil est plus haut dans le ciel, faisant disparaître le contrejour en direction du Vignemale tandis que le pic du Midi de Bigorre semble proche. Le pic de Llena Cantal est toujours aussi impressionnant. Après le passage de l’antécime (II), la crête devient étroite et délitée, notamment au détour d’une petite pointe qu’il faut passer avec attention. Le petit ressaut suivant s’évite par la gauche avant que ce ne soit plus facile jusqu’au pico de las Marmorelas où le superbe lac de Tebarray se dévoile avec le massif de la Collarada en arrière-plan. Quelle vue ! Après une descente facile, une traversée en mauvais rocher permet de rejoindre le col de Tebarray. Prudence s’il y a des randonneurs sur le chemin en dessous. D’accès facile, le pico Tebarray est un belvédère somptueux sur le Balaïtous et offre une belle vue de la sierra de Partacua jusqu’au pic d’Anie.

Lac de Tebarray

Lac de Tebarray

A cet instant, je suis au point le plus éloigné du parking et il va falloir songer à rentrer ! Pour aller au col de la Fache, je ne pouvais pas ignorer les pics de Llena Cantal et de Campo Plano d’autant plus que le premier est impressionnant sous tous les angles. Tardivement enneigé en début d’été, le versant N du collado de Tebarray est en terrain décomposé. Un câble est fixé sur la paroi sur une dizaine de mètres. Je descends jusqu’à un laquet asséché puis remonte jusqu’à un autre lac engoncé au milieu de parois verticales. Je trouve quelques cairns et un balisage rouge restant à proximité de la crête S qui se redresse au fur et à mesure jusqu’à se transformer en cheminée à l’approche du sommet. Les deux personnes que j’avais aperçues depuis le pico de las Marmoleras sont toujours là. Environnement sévère et aérien côté sud, en particulier la crête très découpée jusqu’au pico de Piedrafita. Après une discussion sympa, je descends par le même itinéraire et contourne le sommet jusqu’au col situé au S du pico de Campo Plano. Inutile de rester trop haut dans les éboulis car le col est assez bas (2580 m environ). Il est donc plus judicieux de rejoindre le gispet, plus roulant. Hormis une petite bande calcaire délitée, la montée au sommet est raide mais aisée. Le col de la Fache apparaît au loin, il reste du chemin !

Col de la Fache depuis le pico de Campo Plano

Col de la Fache depuis le pico de Campo Plano

Sauvage et ponctuée d’une multitude de lacs, la jonction jusqu’au col de la Fache (2668 m) est magnifique. De retour au col, je bascule versant E vers les ibones de Campo Plano où une sente timide fait son apparition dans l’herbe jaunie. Sous le dernier laquet, au lieu de descendre jusqu’au chemin bien visible, effectuer une traversée ascendante sur la droite pour le rejoindre plus haut et gagner ainsi un peu de dénivelé. Le site des lacs de la Fache est très joli et intimiste et le bon chemin mène tranquillement au col où deux randonneurs font une pause tandis qu’une silhouette est visible sur la crête de la Grande Fache. J’ignore si c’est l’euphorie de cette journée mêlée au soulagement de basculer enfin vers le refuge Wallon mais cette portion m’a enchanté ! L’excellent chemin descend assez longuement jusqu’à la passerelle en bois franchie ce matin puis jusqu’au refuge Wallon. Après une bonne pause, il est temps de se remettre en marche des étoiles plein les yeux !

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