Du port de l’Artigue au pic de Sullo, la crête frontière est sauvage et le pic Brougat draine probablement la majorité des visiteurs. Elle passe progressivement d’un granit correct à du gneiss en guise de transition sauvage entre les massifs de Bassiès et de l’Estats.

Date : 2020/09/01
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 23 km
Dénivelé positif : 2300 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 2h05 pour la pointe du Port + 1h25 pour le pic de Brougat + 1h15 pour les Guins de l’Ase
Temps de descente : 2h
Conditions et commentaires : beau mais voilé.
Difficultés : pentes raides et petite escalade parfois aérienne et exposée (II).
Accès : parking de l’Artigue
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

 

Mais pourquoi donc les feuilles sont-elles autorisées à tomber si tôt ? Quelques arbres déjà jaunis me rappellent que septembre vient d’arriver en me laissant presque nostalgique d’un été qui a déguerpi aussi vite qu’un isard surpris. J’espère que l’automne passera tranquillement, plutôt comme une marmotte bien grasse prête à hiberner, car il reste encore de chouettes choses dans les cartons. Longue et humide, la vallée de l’Artigue a des airs d’Aston avec un bon sentier en plus. Le port de l’Artigue (2481 m) a bien du mal à se rapprocher et lorsqu’il semble enfin accessible, un long chaos de blocs s’interpose en se prolongeant même sur le versant espagnol. La montée à la pointe du Port (2600 m) est facile et se déroule plutôt versant espagnol avec quelques cairns. Au lieu de suivre la crête jusqu’au pic de Salibary, j’opte pour rejoindre le versant espagnol, facile et à peu près roulant car le programme du jour est plutôt ambitieux. Pour cela, j’emprunte une pente raide juste sous le grand cairn sommital puis une cheminée (II, rocher moyen) qui me dépose sur des pentes plus aisées. Je longe alors toute la crête puis remonte au pic de Salibary (2611 m). Belle vue sur les zones de Certascan et de Bassiès. Le versant E/NE du cap de Broate est sacrément austère.

La brèche qui suit est barrée par une clotûre pour les moutons. Pour rejoindre le pic de Brougat, Philippe Quéinnec indique que la descente de la pointe frontalière suivante nécessite un rappel. Je la contourne donc en restant le plus haut possible sur des banquettes herbeuses raides. Je pense arriver dans une impasse mais une vire rocheuse salvatrice me dépose dans un pierrier au pied d’un petit cirque sous le pic de Broate. Je remonte le pierrier puis observe la brèche qui aurait nécessiter un rappel. Elle semble évitable par le versant espagnol. La remontée semble possible un peu partout mais je ne souhaite pas me retrouver dans une impasse sur la crête. J’opte pour la brèche bien visible à droite avec un bloc coincé caractéristique. Parvenu à son pied, une corde fixe pendouille, ce n’est pas bon signe. Le bloc coincé est humide et semble trop délicat. Dans du rocher compact à la gauche du bloc coincé (II exposé), je parviens à rejoindre le couloir. Surprise, je débouche juste au-dessus de l’estanyol de Broate au point le plus bas entre le pic de Brougat et le cap de Broate. Ce versant est bien plus amical que cette montée bien glauque que je suis content de laisser derrière moi. Un petit détour au cap de Broate, sommet multicéphal, puis je rejoins son proche voisin avant de continuer sur la crête très facile jusqu’au pic de Montestaure. Le sommet du Guins de l’Ase est encore bien loin.

Le passage du Bang porte mal son nom, je l’appellerai plutôt le coupe-gorge du Bang tant le couloir encaissé et herbeux ne donne pas envie. Par contre, la descente est possible et moins délicate en poursuivant un peu : le passage du Bang est-il mal placé sur la carte ? La crête est toujours facile grâce au doux versant espagnol et me permet d’avancer assez vite. Le massif de la Maladeta est désormais visible et la vue est somptueuse sur les versants S sublimés par une lumière claire et voilée. Je passe au Guins de Taps sans vraiment pouvoir le situer puis remonte sur un sommet anonyme plus imposant (2779 m). Juste avant ce dernier, deux cairns monumentaux qui semblent indiquer un passage : peu évident aussi bien vu d’en haut que vu depuis le refuge du Pinet. C’est un bon échauffement avant la rude montée bien cairnée au Guins de l’Ase à l’ombre du sévère pic de Sullo. L’arête S du Guins de l’Ase est en rocher médiocre et parfois brièvement aérienne. Je la descends assez longuement d’autant plus concentré que je suis parti il y a bientôt 5 heures. Au lieu de monter au pic de Sullo qui était au programme pour ensuite descendre vers le Pinet, je réalise qu’il est possible de rejoindre directement le chemin allant de l’étang de la Coumette d’Estats à l’étang d’Estats dans des pentes croulantes mais modérément raides. Après quelques heures, je retrouve donc enfin un sentier ! Je croise un isard et son petit, blessé, qui boîte bien bas. La descente jusqu’au parking se déroulera ensuite sans problème et sans trop de monde. Aujourd’hui, c’était la rentrée.