Déjà que les pics d’Eriste, situés juste derrière les Posets sont assez méconnus sauf pour les amateurs de 3000, alors niveau tranquillité que dire de la couronne de sommets situés autour de ces derniers…

Date : 2021/11/12
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 16 km
Dénivelé positif : 1600 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 2h15 jusqu’au pico Barbaricia + 35 minutes jusqu’au pico del Yerri.
Temps de descente : 1h40
Conditions et commentaires : plutôt agréable mais sommets accrochés.
Difficultés : hors-sentier parfois raide.
Accès : San Juan de Plan (parking au niveau du départ de la piste pour les granges de Viados)
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

 

Quand il y en a plus, il y en a encore. Je pensais que l’épisode neigeux inaugurerait cette fameuse période de transition où la haute-montagne est plus laborieuse mais le ski n’est pas possible. Néanmoins, la perturbation a visiblement épargné le versant sud des Pyrénées. Sur les webcams, c’est plutôt sec à Respomuso, voire très sec à Bachimana et du côté de Viados. Nostalgique du week-end passé aux granges de Viados où je me souviens avoir été comme un gamin une fois que nous avions passé Bielsa : toutes ces falaises surplombant la route, ces pins, la route dans les gorges avant Plan, ce versant sud du massif si différent de mon cher Couserans avec l’impression d’aller aux confins des Pyrénées en empruntant cette longue piste. À l’écart de l’axe principal descendant vers Ainsa, Saravillo, Sin, Serveto, Plan et tous ces villages sont décidément bien tranquilles à l’ombre des massifs des Posets et du Cotiella. Je démarre la journée du puente de Pecadores juste avant l’embranchement de la piste pour Viados dans le premier lacet de la route qui monte à Gistain. Je suis la seule voiture et ne croiserai personne de la journée. Le pont est impressionnant car il enjambe une profonde et étroite gorge. Contrairement à ce que l’IGN Espagne pourrait laisser croire, le sentier pour l’ibon del Sen est excellent et bien balisé (jaune et blanc). Il s’extirpe des gorges avant de slalomer entre des granges, dont certaines sont superbes, face au massif du Cotiella.

Plus haut, il rejoint la piste qu’il est possible de suivre depuis San Juan de Plan pour gagner du dénivelé. Avant de la quitter pour suivre le sentier de l’ibon del Sen, je repère que le pico Barbaricia semble directement accessible par sa crête SO. Après avoir dépassé la cabane las Pardas, vers 2100 m, je décide de quitter le bon sentier pour suivre cette crête SO qui monte directement au sommet : tout droit sur 700 mètres de dénivelé, une grosse bavante, surtout que je me suis chargé un peu pour me préparer à la saison de ski. Au début de la crête, un gros cairn en forme de tourelle m’a donné un peu d’espoir sur une petite sente mais rien : d’abord du gispet (avec quelques genévriers) marqué par le passage des brebis puis beaucoup de cailloux et encore un peu de gispet. Honnêtement, pas sûr que c’était le bon choix. Lorsque j’arrive au sommet, le pico del Turno et l’ibon del Sen sont dégagés mais quelques nuages accrochent les aiguilles del Sen et les pics d’Eriste. Le vent froid me fait vite déguerpir. Belle vue sur l’ibon Gran de Barbaricia avec l’élégant tusol de Bocs en arrière-plan. La crête rocheuse est facile : elle passe d’abord par l’étonnant sommet multicéphal de la Montaneta : plusieurs pointes avec une dépression au centre. Elle se poursuit sans difficulté jusqu’au Mollon Cuadrado del Yerri (ou pico del Yerri, plus simple).

Le port de Sahun paraît isolé et au bout du monde. Je n’arrive pas à me mettre dans la tête qu’il suffit de descendre de l’autre côté pour arriver à Benasque. Vers l’est, la vue est austère et voilé tandis qu’à l’ouest, c’est plus lumineux mais les sommets demeurent accrochés. J’avais une lubie aujourd’hui : celle de faire une boucle intégrale et pourquoi pas, passer par le port de Sahun. Or, il me semble vraiment éloigné et ça me décourage. C’est donc parti pour une descente au flair, facile mais que je ne recommande pas forcément à cause de la longue partie « sangliers » dans les pins. Je rejoins la pena Lisa (2492 m), belle vue sur la vallée. Je laisse la crête N qui descend vers la cabane las Pardas, vue ce matin, et suis une crête secondaire débonnaire vers l’O puis le NO. Après un replat, la descente dans la forêt de pins semble être la seule issue raisonnable. Dommage car j’aurais aimé basculer au S pour descendre vers le village. Il aurait sans doute fallu le faire avant. Dans la forêt, l’impression de raideur est atténuée par la végétation dense. J’ai l’impression que je vais aboutir sur une barre d’une instant à l’autre mais en slalomant entre les différentes entailles, je descends sans encombre et parviens enfin à la piste (1950 m) quittée plus tôt ce matin pour le sentier de l’ibon del Sen. Retour à la voiture par le même itinéraire : tranquille et buccolique. Au parking, un vieux berger fait paitre les brebis. Quand je pars, une voiture me klaxonne car j’ai oublié l’appareil photo sur le toit : muchas gracias !