Après avoir goûté cet été à beaucoup de terrains chaotiques, croulants, en gispet et souvent hors-sentier, me vient l’envie d’un rocher franc. C’est le granit du Néouvielle qui comblera ce souhait avec deux classiques dont l’arête NE du point culminant du massif pour débuter.

Date : 2020/08/05
Distance totale : 14,5 km
Dénivelé positif : 1350 m
Temps de montée : 2h30 pour le pic Maubic en passant par l’aiguille Tourrat. 2h30 pour l’arête NE.
Temps de descente : 2h30
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : arête AD+ (IV max., rappel(s)).

 

J’adore monter à Cap de Long. J’ignore si c’est l’ouverture éphémère de la route qui me procure ce sentiment, mais je me sens comme un gamin à chaque montée là-haut à dévorer des yeux ce paradis. En parlant de paradis, les rives du lac de Cap de Long sont celui des vans. C’est un véritable petit camping qui s’organise ici durant les deux mois d’été. Déjà connue, nous partons vers le pic Maubic sans la moindre hésitation : le chemin le long du lac puis cette montée ultra cairnée qui nous dépose au pied (2780 m environ) de la grande moraine sous le pic Maubic : une modeste épaule qui semble bien insignifiant à l’inverse des pics Long et Badet. Il est probable que je regarde prochainement de plus près la liste des 3000 secondaires, prétexte pour des courses plus alpines. Ainsi, pour avancer un peu le travail, nous bifurquons sous le pic Maubic pour rejoindre la crête facile amenant à l’aiguille Tourrat, 3000 secondaire situé sur la crête de Cap de Long. Quelques cairns indiquent les passages les plus faciles avec notamment un contournement versant O.

Nous nous équipons ensuite au sommet du pic Maubic pour rejoindre en corde tendue une autre pointe par une portion très facile. Au niveau du matériel : corde de 50 mètres utilisé à double avec quelques anneaux de buste pour raccourcir, le nécessaire pour rappeler, quelques sangles et quatre friends. Portant d’habitude l’appareil au niveau des sangles ventrales du sac, celui-ci me gênait avec le baudrier et a donc vécu l’arête NE au fond du sac. Peu de photos à proposer. Nous rencontrons un premier gendarme : escalade III+ plutôt à gauche puis rappel jusqu’au pied du second gendarme. Jusqu’ici en corde tendue, nous faisons une petit longueur pour le gravir versant O (IV. Un nouveau rappel plus commode nous dépose au pied du grand ressaut. La désescalade semble aussi possible. Nous inversons la cordée pour une belle longueur où Julien opte pour la fissure de droite (III+) puis suit le fil jusqu’à un becquet évident pour m’assurer. Fait amusant, après avoir erré sur les névés du glacier du Pays Baché, trois personnes rejoignent finalement le pic Maubic puis s’engagent sur l’arête. Cherchant vraisemblablement un itinéraire pour le pic Long, ils interpellent Julien en demandant si l’arête est faisable sans corde. Julien les invite à aller voir le rappel du premier gendarme, ils feront demi-tour… Le pic Long s’est bien rapproché et nous terminons l’arête en corde tendue avec quelques jolis passages sur un rocher majoritairement excellent. Hormis un petit démêlage sur le premier rappel, nous avons déroulé tranquillement et sans problème. D’après moi, le topo proposé sur Camp to Camp est fidèle.

Le terrain change brutalement pour la traversée du pic Badet. La descente du couloir S est facile mais assez décomposée. Après la hourquette du pic Long (3099 m), nous gravissons facilement une première aiguille, descendons facilement à une brèche étroite. Le fil de la crête semble difficile, l’invitation des cairns dans le versant NE semble quant à elle péteuse, nous optons donc pour l’entre deux avec une montée dans une cheminée évidente qui nous amène à deux pas de l’aiguille Badet, un autre 3000 secondaire. Passage par le pic Badet puis nous basculons dans un pierrier avant le pic Maou et retrouvons l’itinéraire de montée. En ces jours de canicule, il est vrai que la chaleur est accablante et même en nous protégeant au maximum, nous sommes passés sur le grill !

Par un sortilège maléfique, le chemin longeant le lac de Cap de Long paraît remonter trois fois plus longtemps qu’il ne descend à l’aller. La muraille de Cap de Long est désormais passée à l’ombre et la température est idéale pour les quelques cordées qui s’y affairent. C’est une délicieuse tarte aux framboises qui paiera les frais de mon féroce appétit. Pour la nuit, les deux campings de Bourisp sont pleins, celui de Saint-Lary également et nous trouvons une place in extremis au camping du Moudang : simple et agréable.