Une dose d’ariégisme avec la longue crête sud du pic de Rulhe depuis le pic de Ruf : granit, lichen, quelques passages aériens, des désescalades parfois délicates, beaucoup d’échappatoires, et un grand bain de soleil.

Date : 2023/09/28
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 15 km
Dénivelé positif : 1200 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 2h30 jusqu’au pic de Ruf puis 3h45 jusqu’au pic de Rulhe.
Temps de descente : 1h45
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : arête côtée AD/AD-, mais peu engagée avec pas mal d’échappatoires.
Accès : pla de las Peyres (route fermée l’hiver, voir inforoute09)
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

Je propose à un ami de parcourir cette arête qui me paraît idéale pour une première sortie « alpi » ensemble et réviser ainsi quelques manips. C’est aussi un bon prétexte pour visiter deux sommets confidentiels de l’Aston : les pics de Joclar et de Fontargenta, isolés sur cette crête découpée. Même s’il y a peu de passages définis, le topo de Camptocamp cite quelques passages clés et ce récit espagnol (Engarrista) l’illustre bien avec de nombreuses photos. Tous les rappels sont facultatifs, soit en les désescaladant directement soit en descendant (parfois exposé) versant étang d’Albe. Comme d’habitude, je suis bien incapable de décrire précisément chaque passage rencontré. Il y en a trop et je ne prends pas de notes pendant la journée.

Du pla de las Peyres, en croisant quelques personnes ici et là, nous suivons donc le chemin classique montant à la cabane de Garsan, puis à l’Estagnol avant que quelques lacets nous déposent à l’étang de Joclar, bien peu rempli. Avec les couleurs automnales et les lacs, ce vallon est très joli. Après avoir dépassé l’étang, au lieu d’aller au col de Juclar, nous coupons dans du hors-sentier facile pour rejoindre plus directement la crête entre le col d’Albe et le pic de Ruf en haut duquel nous nous équipons. Belle vue sur l’étang d’Albe. D’ici, toute la crête n’est pas visible mais nous pouvons au moins constater que le pic de Rulhe n’est pas tout proche… En progressant en corde tendue, nous descendons jusqu’à une brèche dominée par quelques gendarmes imposants. La désescalade versant Albe est exposée (III). Après être remontés un peu, nous avons été bons élèves puisqu’il aurait été possible de longer la crête très facilement jusqu’au pied d’une pointe intermédiaire. En restant sur le fil, nous remontons ensuite jusqu’au pic de Joclar (II et III) où le pic de Fontargenta est désormais visible derrière cette fameuse pointe. Après une portion plus facile, la descente au collet suivant devient à nouveau plus découpée. Nous évitons un rappel dans du mixte ariégeois versant E avant de rejoindre facilement la jolie pointe avant le pic de Fontargenta. Luminosité très claire et vue toujours aussi belle sur les nombreux lacs du secteur ainsi que vers la crête d’Albe, très hérissée.

Entre pic de Joclar et pic de Fontargenta

Entre pic de Joclar et pic de Fontargenta

La jonction vers le pic de Fontargenta est la plus sérieuse de l’itinéraire. En effet, la crête devient par endroit très aérienne et il n’est plus possible de couper éventuellement par les pentes herbeuses. Nous franchissons un premier passage impressionnant avec une vire versant O le long d’un gendarme nécessitant une courte désescalade les fesses dans le vide (pas de III). Après une désescalade d’un mur vertical aux bonnes prises (III, rappel possible), nous arrivons au passage clé de l’itinéraire avec un court mur en IV+ facilement reconnaissable : versant O, une petite fissure au-dessus d’un gros bloc formant une petite plateforme. Deux friends pour sécuriser la montée et je me hisse en haut de ce petit mur en haut duquel j’assure Vivien en m’aidant des blocs. Enfin, le dernier passage caractéristique est un passage très étroit sur une succession de rochers formant un pont. Pour y monter, j’ai trouvé le premier pas malcommode. Il est possible de passer par la droite sur une vire puis une dalle exposée dont j’ignore la difficulté. Le terrain s’assagit ensuite et une dernière cheminée herbeuse nous dépose au pic de Fontargenta, situé au milieu d’un bel environnement aérien.

Attention, la journée n’est pas terminée car si le pic de Rulhe paraît proche, il reste encore un bon bout de chemin ! Le col suivant permet de raccourcir la course en descendant vers l’étang anonyme (2424 m). Pour y aller, il faut passer au plus facile versant E dans un mélange de gispet et de granit. Nous avons désescaladé un bloc (III) avant de retrouver du terrain plus facile, toujours versant O, jusqu’au col. La montée à la pointe suivante n’est pas à négliger dans sa première partie : c’est raide, avec pas mal de gispet sec (et donc glissant) et un rocher à surveiller (quelques pas de III). Ensuite, c’est plus facile jusqu’au sommet orné d’un petit cairn où la perspective est impressionnante sur la crête parcourue. À la brèche suivante, nous sommes descendus sans réfléchir par une cheminée facile dans le versant E raide et herbeux que nous avons longé longuement jusqu’à une brèche sur la crête. Nous retrouvons alors de nombreux cairns jusqu’au sommet du pic de Rulhe où nous sommes contents de nous soulager de notre équipement.

Ça rappelle de bons souvenirs lors de ma seule visite avec Julien où j’avais été impressionné par toutes ces crêtes découpées. Avec cette crête S, je complète une jolie trilogie autour du pic de Rulhe constituée par la traversée du pic Fourcade et l’arête O du petit Rulhe. Nous descendons par la voie normale du pic de Rulhe, bien cairnée et tracée. À proximité du col des Calmettes, nous suivons la bonne trace restant en contrebas et évitant ainsi une remontée. Ça fait du bien de retrouver l’ombre au parking et de se rafraîchir les fenêtres grandes ouvertes durant la longue descente vers Aston. Il ne fallait pas oublier la crème solaire !