Tant d’efforts pour aller visiter ces sommets secondaires mais c’est aussi, bien évidemment, ce qui fait leur charme en plus d’un panorama remarquable. Alors que le chemin en lacets du pic de Péguère est un modèle du genre, la bartasse sur la crête entre ce dernier et le soum de Porcabarra n’est à réserver qu’aux possesseurs de gènes de sangliers.

Date : 2023/05/08
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 26 km
Dénivelé positif : 1900 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 5h45 dont 2h15 pour le pic de Péguère.
Temps de descente : 2h
Conditions et commentaires : beau avec léger voile.
Difficultés : concentrées entre le pic de Péguère et le soum de Porcabarra : crête très chaotique, incalculables pentes raides, lecture… et allergie aux pins interdite.
Accès : pont d’Espagne (parking payant, 8€ en 2024)
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

Départ du pont d’Espagne, paré de sa belle robe printanière : atmosphère lavée par la pluie de la veille, feuilles à peine sorties, et torrents gonflés par la fonte. La journée commence par une descente pour rejoindre le point de départ du sentier du pic de Péguère, rive gauche vers 1250 m, entre les cascades de Pouey Bacou et de Ceriset. Le sentier a longtemps été interdit mais aucun panneau n’est présent (précision : un commentaire reçu quelques semaines plus tard m’indique le panneau est présent). Il est remarquablement tracé et aménagé de murets sur ces flancs raides. Les lacets sont numérotés, il y en a quasiment 80. Au fur et à mesure de la montée, il offre des vues somptueuses d’abord sur la vallée profonde où rugit le gave puis sur les hauts sommets, de l’Ardiden aux sommets frontaliers de la vallée du Marcadau. Mention spéciale pour la cabane fermée de l’ONF (1608 m), merveilleusement placée sous ces pins majestueux. Nous dérangeons d’innombrables isards qui occupent ces pentes raides. En enroulant le Péguère Nord-Est (dixit IGN), nous profitons d’une vue plongeante sur Cauterets avant de passer à l’ombre du versant N. Le paysage change totalement puisque ce sont désormais les secteurs d’Ilhéou et du Moun Né qui se dévoilent progressivement. Le chemin devient plus étroit et parfois légèrement aérien, traversant des pentes raides encore humides le jour de notre visite.

Des cairns indiquent les moments où il faut s’élever dans la pente plutôt que de continuer sur des sentes d’animaux s’estompant probablement ensuite. Heureusement, les quelques névés résiduels n’obstruent pas la sente, car la progression pourrait devenir très délicate. Après une dernière pente raide, nous parvenons au pic de Péguère qui offre un merveilleux panorama, notamment sur le Vignemale, parfaitement aligné avec le lac de Gaube. Comme je l’ai dit en introduction, la suite de l’itinéraire est plus délicate. Merci à Adrien, grand connaisseur du secteur de Cauterets, pour les infos avec, je cite : « c’est praticable, mais c’est sanglier party ! ». C’est drôle car en regardant les photos, le terrain ne semble pas si confus. Pourtant, jusqu’au collet entre le tuc d’Auribareille et le soum de Porcabarra où l’on commence à respirer un peu, la crête n’est pas difficile (quelques pas II/II+ isolés) mais très chaotique, jonchée de blocs énormes et de pins. Comme le fil est souvent impraticable, il faut s’aventuer à flanc, dans des pentes raides et parfois exposées. Difficile de décrire tous les passages. Néanmoins, la désescalade du sommet se déroule légèrement à gauche du fil et met directement dans l’ambiance même s’il manque un peu de pins par rapport à la suite. Puis, nous évitons d’imposants ressauts par la droite où une trace d’isards nous aide à remonter vers le fil de la crête. Le tuc d’Auribareille semble proche mais il nous nargue avec toujours une dernière brèche venant s’interposer. Nous jalousons un couple aperçu au col suivant, où le terrain herbeux semble bien plus roulant. Après quelques dernières acrobaties, nous arrivons au col convoité tandis qu’ils sont descendus côté Campbasque. La montée au soum de Porcabarra est facile. Ouf ! Près de 2h30 pour faire 2 kilomètres environ !

Sur la crête après le pic de Péguère

Sur la crête après le pic de Péguère

Entre temps, le ciel s’est légèrement voilé et nous soulage car nous commencions à cuire. Jusqu’au pic de Nets, le terrain est moins chaotique mais demande régulièrement de traverser quelques pentes raides versant S (donc côté Marcadau), terrain de jeu de nombreux isards. Du sommet, la vue est belle vers le lac d’Ilhéou et les sommets le dominant. Au début de la journée, j’avais le pic de Courounalas dans un coin de la tête mais il faut se rendre à l’évidence : le pierrier à traverser est encore bien enneigé, le haut du couloir d’accès l’est également et nous sommes de toute façon rassasiés. Ainsi, du col de la Haugade (2311 m), nous rentrons par le sentier à flanc rejoignant l’itinéraire des lacs de l’Embarrat et du Pourtet. Déjà embarqué sur le sentier, je me suis souvenu d’un passage pour descendre plus directement et retrouver le chemin juste au-dessus de la forêt. C’est d’autant plus frustrant que nous apercevons deux personnes en train de descendre dans ce vallon. Tant pis, ce sera pour la prochaine fois. Ensuite, c’est du classique pour rentrer au pont d’Espagne. Comme d’habitude sur les crêtes, attention à la gestion de l’eau : aucun ruisseau dans la montée au pic de Péguère puis rien sur les crêtes. Un peu d’eau coule dans le secteur des jolies aiguilles de Castet Abarca. Nous avons donc passé près de 6h30 avec nos réserves de départ.