Sauf tentation ou proposition alléchante, je m’amuse à me réserver les itinéraires dans le Couserans que lorsque je suis en séjour là-bas. Ca tombe bien, Julien me propose cette boucle, nouvelle ôde au Couserans et à notre façon de voir la montagne.

Date : 2020/07/24
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 19 km
Dénivelé positif : 1850 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 3h25 pour le pic des 3 Comtes puis 2h05 pour la crête jusqu’à Bassiès.
Temps de descente : 2h
Conditions et commentaires : beau se couvrant légèrement.
Difficultés : pentes raides, passages délicats et escalade (III max) parfois aérienne mais en bon rocher.
Accès : lacet d’Agneserre
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

 

L’aventure ne commence réellement qu’à partir de l’étang du Garbet (1683 m) dont j’avais oublié l’exigence du chemin après le cirque de Garbettou si l’on considère qu’il est souvent proposé comme une balade familiale. Sous les nuages, nous longeons très brièvement l’étang avant de partir hors-sentier dès que le terrain le permet. Pas de cairn, pas de trace, peu de visibilité, du gispet, des myrtilles (miam) : le décor est planté. Nous remontons ces pentes, passons quelques ressauts raides puis partons sur notre gauche pour essayer de rejoindre le col de Tourte (2131 m). 2000 m d’altitude, 2100 m puis 2200 m, toujours pas de col en vue. C’est certain, nous l’avons dépassé. En effet, nous rejoignons la crête vers 2300 m dans une petite brèche. Un berger la quitte à peine et s’en va rejoindre une cabane temporaire posée sur un joli plateau sous le pic de la Lesse. Fait étrange : la mer de nuages arrive vers 2300 m côté Garbet tandis qu’elle est au moins 200 mètres plus bas côté haute vallée d’Ars.

Une sente longe la crête N du pic de la Lesse côté Ars. Nous la quittons rapidement lorsqu’elle commence à descendre pour 45 minutes d’errance sur la crête et dans ce flanc O à l’ombre ainsi qu’au rocher et au gispet humides. Nous remontons une cheminée raide herbeuse puis une fois sur le fil, nous venons ensuite buter sous d’impressionnantes et monumentales flèches en granit. Nous évitons ces difficultés par un étonnant passage dans une boîte aux lettres de deux mètres (elle passe debout mais nécessite d’ôter le sac et il est impossible de tourner la tête) avant un passage exposé et délicat. J’hésite à faire demi-tour pour retrouver la sente 100 mètres plus bas car je doute aussi bien du passage que de l’issue ensuite. Finalement Julien me donne un coup de main pour franchir ce pas qui se termine par un saut dans une nouvelle cheminée herbeuse (sic). La cheminée est raide jusqu’à un petit verrou bien plus redressé (peu exposé) avec un dièdre mi-rocher mi-gispet saupoudré de quelques grêlons qui me gèlent les mains. Toute une poésie. Enfin, nous rejoignons le fil, le soleil et du rocher un peu plus sec qui déroule davantage en posant un peu les mains jusqu’au pic de la Lesse.

La montée au pic des Trois Comtes est sans difficulté. Belle vue sur ce fier massif et sur les 3000 ariégeois soulignés d’une mer de nuages. Il reste tout de même un beau morceau jusqu’à la pique Rouge de Bassiès. L’avantage, c’est que l’engagement de la crête est limité puisqu’il est régulièrement possible de descendre versant S pour la longer tranquillement. D’ailleurs, nous avons décidé de laisser la corde dans la voiture en se laissant cette possibilité pour éviter les passages potentiellement trop difficiles. Versant N, c’est quasiment à pic tout le long. Rarement décrite, je propose plusieurs portions sur la crête :

– Du pic des Trois Comtes à la pointe 2659 m : descente découpée jusqu’au point bas (II max) puis remontée facile à la pointe 2659 m.

– De la pointe 2659 m aux abords de la couillade de Puntussan : c’est la partie la plus sérieuse avec plusieurs passages délicats mais en bon rocher : une taillante impressionnante les mains sur le fil et sans trop de prises pour les pieds avec un pas de III pour en descendre. Nous rencontrons ensuite une autre taillante du même style puis une petite aiguille suivi d’une taillante (III) que j’évite juste en dessous versant S (III également mais plus court). Autour de tout ça, quelques pas de II/II+, assez aériens et quelques courtes portions de répit.

– Parvenus à la couillade de Puntussan, la remontée à la pointe Encorbade de Bassiès est ludique et majoritairement en excellent rocher. Lorsque plus loin, le fil semble plus chaotique, je me demande parfois quelle mauvaise surprise nous attend mais finalement il n’y en a aucune.

– De la pointe Encorbade de Bassiès à sa célèbre voisine, pas de problème : à peine quelques pas isolés de II selon le cheminement dans une ambiance bien moins aérienne.

Après ce beau voyage, nous débouchons à la pique Rouge de Bassiès. Le premier sujet de conversation des vacanciers au sommet : l’ours. Il faut dire qu’avec l’arrêté, levé depuis, du maire d’Ustou interdisant la randonnée sur la commune (et donc dans le secteur de Cagateille et du Séron), l’actualité est échaudée. Après une bonne pause, nous entamons la descente dont l’itinéraire n’est pas décidé : jusqu’à Coumebière puis le GR10 ou la route jusqu’au lacet d’Agneserre ? Ou alors via le col de Morech pour une descente sanglier jusqu’au cirque de Garbéttou ? Ce sera un mélange des deux…

Sous le col de las Fouzes (1944 m) avec l’objectif en tête de rejoindre Coumebière par l’étang de Labant, nous apercevons plus bas un ramasseur de myrtilles puis une obscure forêt qui semble être une ligne évidente de descente. D’après les courbes de niveaux, ça devrait passer et nous ramener tout proche du parking. Après une discussion et une dégustation de myrtilles avec cette personne très sympa, nous pénétrons dans les fougères puis la forêt. Une girolle, est-ce que ça vaut le coup de la garder ? Puis deux, trois, cinq, dix, vingt, trente girolles. Oui, on les garde ! Après deux cents mètres très raides, la pente s’estompe un peu et nous retrouvons le sentier à 5 minutes du parking. Bonne inspiration et une omelette pour le repas du soir !