Itinéraire totalement alambiqué et adapté au gré des humeurs et de la petite forme du jour pour aller visiter ces deux sommets voisins du pic Méchant. Beaucoup de passages assez délicats pour une journée plus fatigante que les chiffres ne le laissent penser.
Date : 2022/09/12
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 9 km
Dénivelé positif : 1200 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 3h15 jusqu’à la pène Esperracade sans compter la tentative avortée sous le pic de Bugatet.
Temps de descente : 1h30
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : pentes raides, crête découpée, aérienne et souvent en mauvais rocher.
Accès : plan d’Estaragne (route fermée l’hiver, voir inforoute65)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Il est vrai que sur le papier, ces sommets ne m’ont jamais vraiment inspiré confiance. De plus, que ce soit depuis Piau ou depuis le secteur d’Aumar ou de Bastan, les sommets du pic des Toudes au pic de Bugatet semblent particulièrement sévères et aériens. Finalement, je débute la journée avec une question : ai-je mystifié ou non cette crête la considérant plus sévère qu’elle ne l’est en réalité ? Autant le dire de suite, cette sortie fut marquée par des mauvais choix et des décisions trop hâtives ayant pour conséquence une boucle presque absurde. Depuis le plan d’Estaragne, je descends sur la route durant quelques hectomètres. Il faut la quitter lorsque le premier pierrier fait son apparition sur lequel on remarque aisément quelques cairns. Deux personnes équipées de casque et corde débutent au même moment. La sente cairnée longe un instant vers l’E avec un cheminement parfois légèrement confus entre pins et rhododendrons. Néanmoins, en suivant bien les cairns, je parviens sans encombre sur des zones herbeuses plus claires et toujours bien cairnées. Un peu plus haut, alors que la suite de l’itinéraire se découvre, dans mon dos, belle vue sur le Néouvielle et le lac de Cap de Long. Je remonte le vallon et passe à droite de l’imposant piton qui trône au premier-plan, devant le pic de Bugatet. Au regard du terrain, il est probable que ça passe aussi à gauche. Finalement, je parviens à la base d’un pierrier à la base du pic de Bugatet avec la brèche du même nom à ma droite. Je décide de remonter le couloir évident qui me fait face en posant un peu les mains. À la sortie dans un petit cirque suspendu, je traverse sur ma gauche pour rejoindre des banquettes où quelques cairns sont présents. Il ne reste plus qu’à suivre la crête, soit sur le fil, soit légèrement en contrebas pour monter en direction du sommet. Le terrain permet une mutltitude de cheminements et la montée n’est pas soutenue contrairement aux apparences de loin. Belle vue vers l’E, ainsi que sur le secteur de Piau avec le Mont Perdu au loin derrière.
Pour l’instant, tout a été très fluide mais ça ne va pas durer. En effet, je descends la crête vers la brèche de Bugatet en rocher très moyen, avec quelques évitements côté N. Comme attendu, j’arrive au-dessus d’un ressaut vertical vertigineux. Dans une fissure, je découvre un piton et une cordelette rouge pour une descente en rappel. Il faudrait me payer très cher pour descentre là-dessus ! Raide et exposé, le contournement versant S ne m’inspire guère. Pourtant je suis sûr qu’il faut passer par là mais une épaule empêche de voir la suite de la descente jusqu’à la brèche. Hésitations… Une petite voix me dit de ne pas y aller mais après un petit encas, je décide de descendre dans le versant S. Après quelques instants, mon instinct me signale à nouveau de faire demi-tour et je remonte sur la crête puis au pic de Bugatet. c’est là où j’ai été mauvais car passé cette épaule, j’aurais rejoint facilement la brèche de Bugatet. Tant pis, je redescends facilement jusqu’au pierrier au niveau du piton rocheux vers 2600 m d’altitude. Que faire ? La logique consisterait à monter à la brèche de Bugatet toute proche pour éviter le passage qui m’a posé problème. Tellement logique que je file en direction du pas de la Cau car la montée à la pène Espérracade est censée être plus facile par là. Alors que j’entame la traversée, j’entends des voix et aperçois la cordée de ce matin sur l’éperon N de la pène Espérracade ! Le pierrier qui dépose à la base du couloir du pas de la Cau n’est pas si désagréable car de gros blocs assez stables facilitent la progression. La montée au pas de la Cau demande de l’attention. Une vieille corde pendouille nonchalamment le long d’un bloc coincé. N’y octroyant aucune confiance, je monte sur la droite pour une petite traversée exposée qui me permet d’arriver au-dessus du bloc coincé. En prenant garde au moindre caillou, j’arrive sous un autre bloc coincé jaune-orangé caractéristique. Moment austère sous ces parois et sur ce terrain détritique. Et encore, il fait beau ! Je monte à côté du bloc coincé dont le haut fournit une très bonne prise pour me hisser (pas de III) sur une pente d’éboulis moins raide. Enfin, quelques mètres plus faciles en mauvais rocher (II) où pendouille aussi un anneau de cordelette me déposent au pas de la Cau. Ouf ! En tout cas, difficile de dire que le pas de la Cau représente un échappatoire confortable.
À cet instant, j’ai pour objectif de faire un aller-retour à la pène Espérracade pour monter ensuite au pic Méchant. J’ai trouvé la montée au sommet délicate avec plusieurs passages grimpants un peu raides (II) et certains évitements dans du terrain exposé versant S. Parvenu sur un ressaut intermédiaire, je constate que le sommet est plus loin que je ne le pensais ! Décision prise : je redescendrai par la brèche de Bugatet plutôt que de repasser par là pour la longue montée grimpante au pic Méchant. Le terrain s’assagit progressivement et j’atteins enfin le sommet pour une bonne pause où je consulte mon téléphone car je me souviens d’un récit de dino sur sa visite au pas de la Cau. Il ne l’avait pas atteint mais par contre, j’ai désormais de bonnes infos pour atteindre la brèche de Bugatet ! Sur la crête en direction du pic de Bugatet, je vois les deux personnes en train de gravir la pointe qui surplombe la brèche. Le début de la crête vers la brèche est facile et offre enfin un peu de répit. Puis, je rencontre un passage plus découpé et aérien pouvant éventuellement s’éviter en descendant une cinquantaine de mètres versant N. Au pied de la dernière pointe dont l’escalade n’est effectivement pas séduisante, je descends dans le gispet sur la gauche pour rejoindre un court couloir où quelques pierres dégringolent. Les difficultés sont désormais terminées ! Finalement, j’ai trouvé plus délicate la section pas de la Cau -> pène Espérracade que pène Espérracade -> brèche de Bugatet. Ces deux brèches sont deux jolis itinéraires hivernaux et au vu de la journée, il est peu probable que j’y retourne dans des conditions estivales ! Je rejoins le plan d’Estaragne par le même itinéraire puis monte à Cap de Long pour trois crêpes bien méritées.
Je suis un fan de la verve et des explorations d’Olivier Dautais et vous encourage à lire ce récit d’une de ces aventures dans ce secteur : http://terrainspyreneens.unblog.fr/bugatet-aretes-et-diedre-nord-ouest-et-face-ouest-du-pene-esperracade/.