La crête entre le port d’Aygues Tortes et le port de Clarabide offre de somptueux points de vue sur les Posets et le secteur de Clarabide. Pourtant méconnue, elle passe par de hardis sommets et mérite de faire le long voyage depuis Pont du Prat.

Date : 2020/06/25
Distance totale : 27 km
Dénivelé positif : 2100 m
Temps de montée : 2h45 pour le port d’Aygues-Tortes puis 2h45 jusqu’au port de Clarabide
Temps de descente : 2h depuis le port de Clarabide
Conditions et commentaires : beau puis orageux.
Difficultés : crête parfois escarpée (II) en rocher moyen.

 

Lorsque j’ai commencé à regarder les sommets de la crête frontière des Pyrénées, ces sommets m’ont immédiatement intrigué. Coincés entre plusieurs massifs culminant à 3000, éloignés et peu décrits, de nombreuses pointes y sont nommées faisant penser à une histoire assez riche. Le port d’Aygues-Tortes (2683 m) est vraiment loin de tout : refuge de la Soula (1690 m), cabane de Prat Caseneuve (2050 m) avant laquelle ça ne dénivelle pas vite, puis une longue remontée peu pentue avant une dernière partie facile mais relevée et en moins bon terrain. La découverte soudaine des Posets efface bien des tourments. Par contre, même si la vue depuis le Schrader est somptueuse, il n’est souvent pas à son avantage lorsqu’on l’observe d’ailleurs. Il ferme avec autorité le vallon d’Aygues-Tortes mais manque de charisme. Nous commençons la crête : une première éminence puis une descente facile jusqu’au port inférieur d’Aygues-Tortes (2616m). L’accès au pic d’Aygues Cruses (2796 m) nécessite de poser les mains (II) dans des passages parfois un peu exposés.

Un pierrier plus tard, nous arrivons au port d’Aygues-Cruses ou de la Madère avec la carte postale : ibon Royo et Posets à l’arrière plan. Le pic de la Madère (2843 m) est facilement accessible tout comme le pico de Gistain d’où la vallée d’Estos apparaît dans son intégralité. Pour les fanatiques du pic des Posets, ce dernier est encore plus proche ! Nous passons à la pointe Maury (2840 m) puis descendons dans le versant S jusqu’au collet suivant. La suite est plus difficile. Pour l’éviter, nous descendons au S dans un couloir, poursuivons un court vers l’E avant de remonter une vire herbeuse raide mais facile qui nous dépose sur la crête. De bloc en bloc, la pointe Eydoux (2803 m) est atteinte sans problème. Magnifique vue sur le secteur de Clarabide, forteresse avec la fourche de Clarabide comme premier rempart. Le début de la descente est raide puis très raide à l’approche du port de Clarabide (2615 m). Ce col frontalier est isolé et en mauvais terrain, qui passe par là ? Si l’on pouvait placer des compteurs pendant quelques années dans certains lieux, il y a bien des endroits paumés dont j’aimerais connaître la fréquentation.

Il reste à peine quelques névés sur le versant français mais ne nous plaignons pas, nous évitons déjà quelques blocs. Nous sommes tentés par une descente plein N jusqu’au lac de Pouchergues mais partons finalement vers le NO pour descendre hors-sentier vers la cabane de Prat-Caseneuve. Nous laissons les quelques cairns qui semblent faire un grand détour pour aller plus directement vers la cabane. Ça s’active au refuge dont la réouverture tardive (Covid) est toute proche. Quelques gouttes nous font presser le pas dans les gorges de Clarabide puis nous laisseront tranquille pour la désormais traditionnelle baignade.