Après une petite chute de neige les deux jours précédents, une journée tout en contraste sur les hauteurs de Pineta : printanière en bas et automnale en haut où les gants furent indispensables.

Date : 2022/05/26
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 14 km
Dénivelé positif : 1700 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 3h
Temps de descente : 1h30
Conditions et commentaires : plutôt beau, sommets accrochés par intermittence.
Difficultés : crête parfois délicate entre port neuf de Pinède et pic Blanc d’Estaubé.
Accès : parking de Pineta
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

 

Encore et toujours un plaisir d’aller au fond de la merveilleuse vallée de Pineta. Nous prenons la direction du « lago de Marboré » (lac de Marboré ou lac Glacé au pied de la brèche de Tuquerouye) sur un bon chemin et correctement fléché. Vers 1800 m, après avoir dépassé la première cascade, nous quittons le sentier principal en traversant une ravine enneigée pour trouver le sentier du port Neuf de Pinède. En temps normal, la bifurcation doit être bien visible. Néanmoins, lors de notre passage, le névé masquait le départ du chemin. Un peu plus haut, nous croisons une harde d’isards peu peureux. À une cinquantaine de mètres, ils continuent à marcher à notre rythme pour garder un peu de distance. Le chemin est bien tracé dans la pierraille. Après un court passage herbeux, il retrouve un très vaste pierrier qu’il traverse jusqu’au col. Heureusement, le léger saupoudrage est parfait : la faible épaisseur n’est pas gênante et nous permet d’avancer bien plus facilement que sur cette masse instable. Au port Neuf de Pinède (2466 m), un vent glacial nous accueille et fait voler des morceaux de glace accrochés à la face Nord de la très sévère pointe de Forcarral. Belle vue sur le vallon d’Estaubé, pic Rouge de Pailla et Piméné.

À cet instant, je comprends que la suite de la montée va être bien plus austère à cause du vent et du saupoudrage. Sur le pierrier rébarbatif qui mène à la première pointe (Montraspo Bajo sur les cartes espagnoles, 2662 m), Lucille tarde à mettre les gants et arrive au sommet avec les mains gelés. Elle met beaucoup de temps à retrouver un peu de sensation et c’est très douloureux. En tout cas, ça a l’air. Conjugué à la vue démoralisante de la suite de la crête, elle décide de faire demi-tour. En effet, le pic Blanc d’Estaubé n’est pas tout proche et le saupoudrage ne rend pas le parcours engageant Je suis donc sceptique aussi car j’ai lu qu’il y avait quelques passages malcommodes et en rocher moyen. Tandis que Lucille repart sur ses pas, je décide tout de même d’aller voir et désescalade le premier ressaut. Avant d’arriver au collet défendu par un passage plus raide, humide et enneigé, je jette mes bâtons quelques mètres plus bas. Pas de chance, une énorme rafale en emporte un sur la droite dans une pente délicate et abrupte. Tant pis, je verrai ça au retour et poursuis sur la crête. Après un passage étroit et un peu aérien, rendu délicat par la neige, j’entame la montée à la pointe suivante (Montraspo Alto sur les cartes espagnoles, 2694 m) sur un terrain plus facile. Une vire enneigée mais facile contourne le sommet par la droite. J’y fais un rapide aller-retour (II) par le passage qui me semble le plus commode. Dans les conditions du jour, le passage le plus délicat fut la descente à la brèche suivante : une descente sur des oeufs jusqu’à un passage plus raide où j’ai opté pour la partie la plus sèche sur le fil mais sans doute pas la plus simple. Lors de ma première tentative de désescalade, au moment où je décide de remonter car je me sens mal embarqué, le bloc sous mon pied droit cède. Pas de frayeur car le reste était bien accroché mais un petit doute sur la suite de mon entreprise d’autant plus que les nuages m’enveloppent désormais. Au deuxième essai, je descends finalement sans encombre et remonte au pic Blanc d’Estaubé : une première portion un peu étroite en rocher assez dense puis un pierrier fatigant.

Au sommet, une brève trouée me permet de profiter du panorama. Quelle vue vers le Mont Perdu ! Avec précaution, je parcours la crête en sens inverse. Au pied du Montraspo Bajo, je récupère mes bâtons et décide d’en profiter pour longer le sommet par le sud, sur une corniche d’éboulis. Ainsi, je rejoins la crête sud du Montraspo Bajo, facile mais probablement exaspérante à la montée à cause des fins éboulis. Je suis la crête jusqu’à une brèche bien marquée où je rejoins facilement le sentier du port Neuf de Pinède, désormais déneigé. Suite de la descente par le même itinéraire où Lucille fait une sieste en m’attendant dans la voiture.