Décidément, s’approcher du mont Perdu est toujours un voyage : fabuleuse journée entre petite exploration, vires, et panoramas d’une grande diversité.
Date : 2025/08/30
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 30 km
Dénivelé positif : 3000 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 4h15 pour le mont Perdu.
Temps de descente : 4h30
Conditions et commentaires : beau puis quelques nuages.
Difficultés : long hors-sentier, pentes raides, petite escalade ponctuelle (II, passage en III entre le mont Perdu et la punta de las Escaleretas).
Accès : refuge de Pineta
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Ces dernières années, j’ai adoré voir le mont Perdu de près et tourner autour mais je n’étais pas retourné au sommet depuis 2013 ! Comme le pic du Midi d’Ossau, est-il plus beau à être observé depuis les sommets satellites ? Le premier objectif est d’essayer de suivre cette intrigante voie d’accès disponible sur le site très documenté du refuge de Pineta : Monte Perdido, directo por las terrazas. Il y a 4 étapes distinctes : rejoindre la faja Tormosa, une courte partie sur la faja Tormosa, la montée sur les terrasses Bellevue puis la dernière partie jusqu’au mont Perdu. Je m’aide de la trace GPS pour la première partie craignant une grande confusion dans le bois. Je trouve assez facilement une bonne trace et de nombreux cairns dans la forêt raide. Sans trop me poser de questions, je continue à prendre de l’altitude en suivant les cairns. Or, plus haut, lorsque je consulte ma position, je suis bien trop à gauche et m’apprête à rejoindre le chemin du collado de Añisclo peu avant la bifurcation de la faja Tormosa. Pour cette première étape, c’est plutôt loupé même si ça m’a permis de découvrir un cheminement alternatif insolite dans les entrailles de la forêt.
Isards et sangliers sont légions sur la faja Tormosa qui semble toujours interdite après un éboulement il y a quelques années. Il faut la quitter après être passé sous une importante pointe au moment où la vue s’ouvre vers un grand cirque où la pointe Célestin Passet est bien identifiable. Le cheminement est balisé discrètement en rouge et consiste à faire une grande diagonale sur un terrain alternant gispet et éboulis jusqu’à un couloir caractéristique qui demande de poser un peu les mains. En remontant ce dernier, un très gros bloc se détache sous mes pieds et me vaut une belle frayeur. À la sortie, il faut poursuivre en direction de la pointe Célestin Passet avant laquelle la pente se raidit, nécessitant de passer au mieux dans un système de couloirs. Je m’approche au maximum du sommet qui semble vraiment difficile d’accès. C’est ici que débute la faja del Maqui. Pour rejoindre les terrasses Bellevue, le balisage invite à franchir un court mur (II) à côté du ruisseau.
Jusqu’à l’épaule d’Esparets (Espalda de Esparets en espagnol et même Repunta de las Neveras sur la carte IGN espagnole), le terrain est assez pénible. La direction est évidente : il faut laisser la combe du cuello del Monte Perdido pour celle, plus ouverte, montant à ce 3000 secondaire. Au lieu de monter au col, j’ai préféré suivre une courte cheminée déposant tout proche du sommet. Même si le mont Perdu écrase tout, belle vue privilégiée sur le glacier ainsi que le secteur de la brèche de Tuquerouye avec la longue crête reliant les Astazou à la pointe de Forcarral. Après être revenu à la bifurcation des deux combes, je remonte celle de gauche. Tout d’abord, le grand névé me facilite la tâche puis je longe les parois pour déboucher au col sous l’oeil sévère du Baudrimont NW ainsi que la crête découpée du soum de Ramond.
Pour s’extirper du col, remonter avec prudence quelques gradins rocheux puis suivre la sente facile jusqu’au sommet du mont Perdu. Il y a foule ! Après une grande tranquillité toute la journée sans voir personnne hormis quelques frontales au refuge de Pineta, le contraste est brutal. Le vent est soutenu et frais au sommet offrant une vue immense. Contrairement au pic du Marboré (par exemple), la vue sur les sommets du cirque de Gavarnie n’est pas la meilleure car les sommets se confondent dans leur alignement.
Pour le retour, découverte de la voie des Échelles passant par la punta de las Escaleretas, un autre 3000 secondaire. Cet itinéraire abondamment cairnée alterne grandes pentes d’éboulis bien tracées et petits ressauts où il faut poser les mains. Dans le sens de la descente, le premier ressaut est le plus sérieux : après avoir lu du II ou du III en me documentant, je vote pour du III. Après la désescalade du ressaut suivant pendant qu’un groupe est en train de monter, passage à la punta de las Escaleretas où je croise une véritable cordée équipée des pieds à la tête. Après le ressaut suivant vient l’heure des choix pour revenir au refuge de Pineta : le plus court serait de traverser les pentes débonnaires vers la tour de Goriz pour récupérer la faja de las Olas. En bon collectionneur, j’opte pour l’option longue avec un passage par le tozal del Fraile, sommet, avouons-le, assez insignifiant au nord du refuge de Goriz. Une belle vire, indiquée sur Openstreetmap, est visible et semble arriver à quelques mètres du sommet. Sous le troisième ressaut, je quitte donc l’itinéraire de la voie des Échelles pour traverser les éboulis et rejoindre une trace cairnée qui descend jusqu’à la voie normale du mont Perdu venant de Goriz. Après quelques minutes de descente en direction du refuge, je quitte l’autoroute fréquentée pour suivre la vire facile. Le sommet s’atteint par une dizaine de mètres plus raide et décomposée.
Cette fois-ci, il est vraiment temps de rentrer. Pour aller au refuge de Goriz, j’emprunte le couloir SE qui permet de rejoindre facilement les paisibles pelouses que je traverse jusqu’au refuge en négociant au mieux les passages plus raides (ça passe partout). Après une collation au refuge, douce mais longue remontée jusqu’à la faja de las Olas et observation de la torre de Góriz dont l’itinéraire de la voie normale est bien visible. Il faudra y aller faire un tour mais c’est bien loin ! S’il y a un(e) ou des volontaires, c’est avec plaisir. Entre temps, un plafond nuageux linéaire s’est installé autour de 3000 m rendant l’ambiance austère le long des parois de la punta de las Olas avec toujours cette vue merveilleuse vers Añisclo. Le sentier agréable de la vire laisse place à une section plus chaotique et humide pour en terminer.
Après plus de 3000 mètres de dénivelé, terminer par la longue descente du collado de Añisclo n’est franchement pas un cadeau. Après une première partie raide, le sentier devient encore plus cassant dès que les arbres font leur apparition avec quelques courtes traversées de barranco et des passages nécessitant de poser les mains. La forêt me recrache fourbu au fond de la vallée où il ne reste plus qu’à traverser le lit asséché de la rivière avant de me rafraîchir au refuge de Pineta.


