Belle envolée sur les esthétiques aiguilles de Travessani, situées au milieu du secteur Besiberri – Montardo, pour un itinéraire accessible et peu engagé par rapport à la cotation (AD).

Date : 2023/06/23
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 16 km
Dénivelé positif : 1000 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 2h45 approche + équipement et 3h d’arête sans se presser.
Temps de descente : 2h15
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : itinéraire côté AD.
Accès : barrage de Cavallers (parking sous le barrage, accès réglementé en cas de forrte affluence : stationnement à Caldes de Boi dans ce cas)
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

Au sud du pic de Travessani, se dressent quelques aiguilles en excellent granit. Plusieurs voies d’escalade parcourent notamment les faces O tandis que la traversée, d’un niveau plus modeste, permet de les enchaîner. Je ne vais décrire le moindre passage dans les lignes ci-dessous et une portion qualifiée de facile ne veut pas dire qu’elle est dépourvue de pas d’escalade. L’ensemble est finalement assez peu aérien puisque c’est davantage une succession de ressauts qu’une progression sur un fil vertigineux. Quelques comptes-rendus et infos supplémentaires :

Après une nuit calme mais courte au camping de Barruera, nous démarrons avec Emeric et Audrey du barrage de Cavallers aux alentours de 6h30. L’objectif est d’avancer tant que nous pouvons sur les aiguilles de Travessani avec une limite horaire pour nous permettre de rejoindre d’autres copains qui arrivent ensuite. Nous suivons l’itinéraire classique jusqu’au refuge Ventosa i Calvell (2220 m) : long contournement du lac de Cavallers avec de jolies lumières matinales puis, après un replat, chemin rocailleux mais bien balisé qui reste toujours proche du torrent. Les passages à gué sont aménagés de blocs plats et stables pour les franchir tranquillement, comme dans les contes. Lorsqu’elle apparaissent à contrejour, les aiguilles de Travessani semblent sévères. C’est encore l’heure des départs au refuge, autour duquel il y a un peu d’effervescence.

L’attaque de la crête est facile à rejoindre : juste avant le premier étang de Travessani, quitter le sentier pour suivre une croupe herbeuse (cairns). Plusieurs possibilités (nous avons emprunté un cheminement différent à la montée et à la descente) mènent ensuite au pied de la première aiguille où nous nous encordons pour progresser en corde tendue. La montée à la première aiguille est raide mais facile dans un mélange de gispet et de rocher. La montée à la seconde aiguille est plus longue et un peu plus grimpante. Contrairement aux apparences, elle n’est pas difficile (quelques pas de III) à condition de bien lire le terrain pour trouver les passages de moindre résistance, en particulier à droite du fil dans la première partie. Nous avançons bien plus lentement à trois, mais quel plaisir d’être là-haut tous ensemble. La descente de la deuxième aiguille nécessite un rappel de 20 mètres dont le relais (équipé et chaîné) est accessible via une courte main courante.

Massif des Besiberri depuis l'une des brèches

Massif des Besiberri depuis l’une des brèches

Après une montée plutôt facile, le sommet de la troisième aiguille est défendu par un court dièdre (IV) en haut duquel j’assure Emeric et Audrey en confectionnant un relais rapide. Toujours en corde tendue, comme depuis le début de la course, nous descendons aisément (quelques pas de II) à la brèche suivante. En évitant le premier court mur côté gauche, nous parvenons au pied du « crux » de cette traversée : deux longueurs en IV/IV+ pour arriver au sommet de la quatrième aiguille. La première longueur est très belle : une dalle prisue à la fin de laquelle je passe versant O pour faire un relais sur une petite plateforme au pied d’un dièdre (piton). Heureusement que nous ne sommes pas quatre, car la plateforme est complète. Moins commode, le dièdre suivant permet de repasser au soleil dans du terrain plus facile avant de rejoindre la quatrième aiguille puis la brèche suivante en désescalade. Même si la cinquième aiguille est toute proche et que son accès est peu difficile, en descendre nécessite plusieurs rappels successifs qui nous prendrait du temps. Comme l’heure a tourné, nous jugeons que le timing est le bon pour rentrer : un relais équipé permet de faire un rappel de 50 mètres pour rejoindre les pentes herbeuses raides du versant E.

Nous contournons les aiguilles jusqu’au pied de la première en suivant ensuite l’itinéraire cairné pour retrouver le chemin principal. La descente est tout de même assez longue avec le contournement du lac comme cerise sur le gâteau, plus agréable néanmoins avec le sentiment du devoir accompli dans le sac à dos ! Le week-end se poursuit avec un mélange de randonnée et de grimpe : randonnée aux estanys de Géména et escalade sur les blocs des quelques secteurs de Cavallers (topo en vente au Tobacco Shop de Pont de Suert). Nous avons dormi à Boï où c’était le week-end de fête de la San Juan avec une ambiance sympa et une étonnante descente aux flambeaux : à 23h, près de 200 personnes se sont élancées en courant de la colline au-dessus du village, munies de flambeaux en bois. Harangués par la foule, certains semblaient dans un état second. Ils ont parcouru les ruelles bondées, en laissant des gerbes de braises sur leur passage avant de lancer le reste de leur flambeau dans une fosse où jaillissaient de mémorables nuées d’étincelles.