Boucle aussi rude que grandiose pour visiter le Balaïtous par la brèche Latour, une des nombreuses voies d’accès historiques de cette cathédrale pyrénéenne, agrémentée de la visite de deux sommets secondaires nécessitant de sortir aussi les mains des poches.
Date : 2025/08/09
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 28 km
Dénivelé positif : 2400 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 4h30 pour le Balaïtous.
Temps de descente : 3h45
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : hors-sentier, pentes raides, passages en II parfois aériens.
Accès : centrale de Migouélou (parking de la Maison du Parc)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Que la vallée du gave d’Arrens est longue ! C’est la première fois que je la remonte entièrement, même si en bifurquant à la toue de Castérie ou vers le pic de la Peyre, j’étais tout proche du port de la Peyre-Saint-Martin (2295 m), célèbre col frontalier. Nous sommes partis tôt en raison des chaleurs torrides prévues dans la journée, de quoi profiter des premières lueurs sur le massif des Gabizos au détour des quelques lacets après la bifurcation du refuge Ledormeur. Du port de la Peyre-Saint-Martin, nous quittons immédiatement le sentier pour enrouler l’ensemble du versant S du Gavizo-Cristail, no man’s land rempli d’isards avec une belle vue sur les sommets au-dessus de Respomuso. L’objectif est de ne pas dépasser 2500 mètres d’altitude : ce n’est pas nécessaire de monter davantage et, plus bas, il y a des barres rocheuses qui empêcheront de redescendre facilement vers le déversoir de l’ibón de Sélousère. Au détour d’un relief, l’austère cirque S du Balaïtous se dévoile. Quelques voix s’élèvent, provenant du chemin qui passe en face sous les Frondellas.
Du lac, nous remontons au mieux jusqu’au chemin de la brèche Latour où nous rencontrons quelques groupes. D’ici, la vue sur la crête du Diable est saisissante ! Après quelques instants sur le sentier abondamment cairné, nous montons dans un petit cirque à gauche d’un piton rocheux caractéristique. Un groupe de 3 personnes fait demi-tour en nous disant que la voie normale passe en-dessous de ce piton. Nous poursuivons tout de même jusqu’au collet défendu par un mur plus raide (II). Finalement, le choix est judicieux puisque nous n’avons qu’à longer des dalles compactes pour rejoindre le pied du couloir de l’aiguille Cadier. Après un petit pas de II pour y prendre pied, le couloir facile permet de rejoindre la crête en posant les mains ici et là. Attention aux chutes de pierre s’il y a d’autres personnes. Depuis la crête, l’aiguille Cadier s’atteint en passant de virette en virette (II, aérien) jusqu’au sommet escarpé situé dans un bel environnement de haute-montagne. Nous retrouvons la voie normale de la brèche Latour par le même itinéraire.
Entre temps, d’autres groupes sont arrivés et nous mettons un coup de collier pour nous en éloigner et être tranquilles dans le lugubre couloir de la brèche Latour. Quelques bons relais témoignent de la fréquentation, lui donnant un air moins sordide. Après quelques passages en II, nous passons le bloc coincé (III), court passage plus raide où le rocher est relativement lisse. En-dessous de nous, quelques rochers font leur propre vie et dégringolent. Heureusement, les autres groupes sont suffisamment éloignés. Ici, le casque est indispensable et sera de toute façon utile dans la Grande Diagonale. Peu après le bloc coincé, quelques barres en fer indiquent la bifurcation possible pour sortir sur la crête. Le début est plus raide (II) puis la pente s’atténue légèrement avec encore quelques relais ici et là.
Après une montée raide mais facile, nous débouchons au sommet du Balaïtous : son panorama incroyable, ses aires de bivouac, ses cailloux concassés et son tripode désormais bien rangé dans un coin. Nous descendons la Grande Diagonale avec l’un des français rencontrés au sommet tandis que l’autre passe par la vire Béraldi. Hormis et de nombreuses personnes sans casque et même quelqu’un torse nu, rien à signaler jusqu’à l’abri Michaud. Nous laissons le col Noir et la brèche des Ciseaux, pour aller jusqu’à la Passe de la Barane (2573 m). La peña Barana s’atteint facilement mais le sommet de Batcrabère demande plus d’effort. Il faut perdre pas mal d’altitude sur un terrain croulant pour longer un pierrier pénible et remonter doucement sous le sommet de Batcrabère. Nous visons une brèche évidente au départ de la crête perpendiculaire à la frontière qui coupe le vallon en deux. De l’autre côté, une vire cairnée longe le versant S et permet de remonter droit vers le sommet. De face, le Palas est écrasant et sa célèbre arête NE ne se distingue même pas. Quelques personnes se dirigent vers la cheminée Ledormeur et le port du Lavedan.
Nous revenons sous le sommet de Batcrabère par le même itinéraire pour la longue descente vers le refuge. Nous retrouvons à vue le sentier du port de Lavedan et son antique balisage rouge et blanc puis le chemin fréquenté du refuge de Larribet. Sur la terrasse du refuge, tout le monde cherche le moindre coin d’ombre comme les brebis en pleine après-midi sous les barres rocheuses. Nous nous empiffrons d’une énorme part de tarte aux myrtilles avant de jeter notre dévolu sur les framboisiers le long du sentier. L’arête NO, l’arête Packe-Russell, la vire Béraldi, la cheminée de Las Néous par bonnes conditions ou encore la crête du Diable à quelques encablures, et j’en passe, il reste encore beaucoup de choses à découvrir autour de ce fascinant sommet.

