Visite du point culminant du massif par sa voie historique française : une rude épopée, austère parfois, surtout en cette saison où la partie après la Rencluse est une plongée dans un océan d’éboulis.

Date : 31/08/2019
Distance totale : 36 km
Dénivelé positif : 3100 m
Temps de montée : 7h
Temps de descente : 4h30
Conditions et commentaires : beau puis avancée orageuse mençante puis soleil à nouveau.
Difficultés : terrain difficile après la Rencluse, glacier(s) en glace vive, chutes de pierres et pas de Mahomet.

Accès voiture

Accès voiture : hospice de France. Très indiqué une fois à Luchon. Accès interdit entre novembre et avril.

Tracé GPS

Le tracé GPS est consultable ici : https://tracedetrail.com/fr/trace/trace/98864

- Tracé obtenu grâce à une montre GPS portée pendant la sortie mais susceptible d'avoir été corrigé a posteriori (bug, imprécision, arrêt involontaire, problème de batterie...).
- Les fonds de carte IGN (France) et Iberpix (Espagne et Andorre) sont disponibles en se connectant. Comment se connecter, sélectionner les fonds de carte et autres informations sur le module cartographique : Utiliser la cartographie
- Le dénivelé et la distance indiqués sur tracedetrail sont générés automatiquement en important la trace. Ces informations sont susceptibles de varier par rapport à celles présentes sur les récapitulatifs, qui ont été obtenues à l'aide d'un autre outil. Preuve en est que le dénivelé et la distance sont toujours à considérer à titre indicatif.

 

Nous arrivons à l’Hospice de France en fin d’après-midi où Nicolas nous attend déjà. Aurélie et Guillaume nous rejoignent ensuite à un des parkings inférieurs pour une soirée tranquille puis une courte nuit. Le réveil sonne à 2h30 : c’est difficile de se lever mais la perspective de cette longue journée en montagne permet de trouver de l’énergie. Après un petit déj’ rapidement avalé, nous récupérons Julien qui vient de se garer puis entamons la montée vers le refuge de Venasque. Dans l’obscurité, les repères se brouillent si bien que le refuge puis le port de Venasque semblent arriver rapidement. Au loin, quelques frontales s’agitent déjà au-dessus du refuge de la Rencluse, notre prochain objectif !

A l’inverse de la montée, la descente vers la Besurta semble s’éterniser. Plus bas, la navette, éclairée comme un sapin, commence ses premiers allers-retours et déverse un premier flot de frontales. C’est enfin à notre tour de passer par la Besurta. L’itinéraire vers le refuge de la Rencluse est bien indiqué, et même dans la nuit noire, nous n’hésitons pas une seconde pour nous lancer dans la montée de 1600 mètres vers l’Aneto. Nous faisons une vraie halte au refuge : les buveurs de café vont se ravitailler et les gros buveurs d’eau refont le plein. Ca discute, ça s’équipe, ça s’agite : il y a de l’animation ! Dans l’obscurité, la pente derrière le refuge semble se dresser comme un mur et les quelques points lumineux ne donnent pas l’impression d’avancer. En effet, ça monte raide et le terrain n’est pas fameux. Après avoir doublé quelques groupes et pris un peu d’altitude, nous pouvons ranger la frontale et profiter du magnifique lever de soleil tout en continuant tranquillement. Le Couserans s’illumine puis les sommets du Haut Luchonnais s’embrasent à leur tour d’une lumière chaude et réconfortante. Parti devant, Julien se trompe et part vers le Portillon Inférieur ; il nous attendra ensuite dans la longue traversée vers le sommet. Quant à nous, nous tentons de subsister au milieu de tous ces blocs et chaos jusqu’au Portillon Supérieur.

Après une pause quelques mètres sous ce célèbre passage, débute la traversée minéral vers le sommet. Constitué de débris rocheux et façonné par le glacier, le terrain est chaotique et éprouvant. Il aurait été possible de rejoindre le sommet sans mettre un pied sur la neige/glace en louvoyant entre les différentes parties du glacier désormais morcelé. Toutefois, nous chaussons les crampons sous le pico Coronas pour traverser plus directement vers le col puis vers le sommet. A plusieurs reprises, des rochers en provenance du pico Coronas dévalent le glacier et forcent à rester vigilant. Le massif craque, bouge, évolue et pleure sa transformation à coup de chutes de pierres. Triste. En prenant garde à ne pas faire tomber de rochers les uns sur les autres, nous nous extirpons du col de Coronas pour rejoindre la partie sommitale puis l’antécime. Le pas de Mahomet est étrangement calme : deux personnes reviennent du sommet que nous atteignons ensuite à notre tour. Plus bas, notre rencontre du jour (un Couserannais !) s’est élancé du col de Coronas et plane déjà bien bas dans la vallée. Le panorama de l’Aneto est vaste et tout semble bien plus bas, à l’exception tout de même des Posets et du Perdiguère. Vers l’est, les couches bleutées de sommets s’empilent jusqu’à mourir à l’horizon.

Après un retour sur le pas de Mahomet plein d’émotions pour certains, il est temps de rentrer d’autant plus que les nuages commencent à bourgeonner. Nous descendons en boucle par le Forau de Aigualluts en évitant tout d’abord les morceaux du glacier puis en visant au maximum les grandes dalles lisses formées par ce dernier. Quand celles-ci disparaissent, une partie pénible de vieille moraine nous dépose enfin à proximité du torrent qui formera ensuite la Garonne. Les crêtes se sont très rapidement chargées et le sommet n’est presque plus visible. Nous pensons aux prétendants au sommet qui sont encore dans la montée. La suite de la descente jusqu’à la Besurta est magnifique mais très fréquentée. Entre temps, le ciel s’est dégagé aussi vite qu’il s’était couvert et la remontée vers le port de la Picade se déroule sous une lourdeur orageuse. Heureusement, les larges lacets facilitent la progression, la rendant même agréable. De temps en temps, nous jetons un coup d’oeil à l’Aneto et réalisons que malgré l’éloignement, nous étions là-bas quelques heures plus tôt. Au pas de l’Escalette, Lucille veut absolument rentrer par les étangs de la Frêche tandis que le reste du groupe passera par le plateau de Campsaure.

Nous nous retrouvons près du torrent à l’Hospice de France pour une baignade rafraîchissante qui vient clore cet itinéraire historique et symbolique. Un repas agréable en soirée à Luchon, puis un petit déjeuner gargantuesque avant une visite aux thermes le lendemain matin et il est déjà temps de rentrer.