Visite des recoins (et des pierriers !) autour des ibónes de Alba dans une atmosphère assez tourmentée. Les trois sommets, pourtant très proches ont la particularité d’avoir chacune un type de rocher différent.
Date : 2025/07/19
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 34 km
Dénivelé positif : 2600 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 5h10 pour la tuca Blanca de Paderna dont 2h30 pour la tuca del Ésera.
Temps de descente : 3h jusqu’à l’hospice de France.
Conditions et commentaires : nuageux puis très larges éclaircies puis nuageux à nouveau.
Difficultés : très long hors-sentier dans des chaos de blocs, barres rocheuses (évitables).
Accès : hospice de France (route fermée l’hiver, voir inforoute31)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Après un intérim de quelques jours en tant qu’aide-gardien au chaleureux refuge de Vénasque (un grand merci à toute l’équipe), je profite d’être là-haut pour une longue boucle dans le massif de l’Aneto avant de redescendre. Initialement, le programme était un peu plus ambitieux avec la crête Estats – Aragüells. Or, avec la pluie battante et l’orage qui sévissent au réveil, je me recouche et décide d’une option plus courte. Une heure plus tard, les conditions sont acceptables et je pars du refuge encore endormi pour franchir le port de Vénasque où circulent les nuages, puis rejoindre l’hospital de Benasque (1700 m environ) par le bon chemin. Après 200 mètres de descente sur la route, un sentier part sur la gauche et oscille au milieu des pins et des iris. Lorsque le lugubre bâtiment des banos de Benasque est visible, la bifurcation vers les ibónes de Alba est imminente. Elle est indiquée par un panneau flatteur : « Ibónes de Alba (expertos) ».
Le sentier monte sèchement avant de franchir une petite barre rocheuse le long du torrent. La pente s’adoucit à proximité du turonet de Alba et je rejoins les abords du premier étang d’Albe. Souhaitant passer par le refuge de la Rencluse au retour, j’opte pour Ésera – Acampamén – Paderna. Sinon, il serait plus logique de faire Acampamén – Paderna – Ésera. Contrairement aux apparences depuis la tuqueta Blanca de Paderna, l’accès à la tuca del Ésera est évident : remonter facilement hors-sentier jusqu’à la combe du collado de Forau Tancau où une pente herbeuse très raide mène ensuite au sommet bicéphal. La frontière est encore bien bouchée et les nuages accrochent les plus hauts sommets. Par chance, c’est particulièrement lumineux de ce côté-ci du massif et la tuca de l’Acampamén, objectif suivant, est bien visible.

Depuis la tuca del Éséra : tuca Blanca de Paderna et pic d’Albe
Pour éviter de redescendre à l’étang, je choisis de traverser assez haut. Hormis une barre rocheuse délicate, je ne rencontre pas d’obstacle particulier et remonte jusqu’à l’étang supérieur d’Albe. La tuca de l’Acampamén, qui domine un vaste pierrier, peut se réaliser en traversée : de la brèche N, il faut poser un peu les mains pour atteindre le sommet constitué de gros blocs. La descente à la brèche E est un peu plus raide et exposée. De la brèche, le sommet 2628 m est facilement accessible en empruntant le versant S. La crête Estatas – Aragüells se dégage lentement mais au regard des jambes du jour, je n’ai aucun regret !

Étang inférieur d’Albe
La jonction avec la tuca Blanca de Paderna est…minérale pour ne pas dire fastidieuse. J’essaie de rester le plus haut possible en visant un collet sur l’éperon NO qui vient se rattacher au contrefort du pic d’Albe. Une cordée de trois personnes progresse sur l’arête des 15 gendarmes. Il fallait être optimiste avec la météo qui était prévue comme incertaine. Du collet convoité, je découvre que la descente sur le pierrier suivant n’est pas facile. Plutôt que de remonter assez haut vers le pic d’Albe ou descendre jusqu’à la fin de l’éperon, je trouve finalement un passage exposé (un pas de III) me permettant de poursuivre la traversée jusqu’à la brèche de la Tuca Blanca. L’accès au sommet calcaire est rapide par le couloir évident sous le sommet. Une vire exposée permet de descendre de la brèche de la Tuca Blanca.
Par une longue traversée avec quelques cairns, et sans rejoindre le collado de Paderna, je trouve un bon sentier qui descend vers le barranco de Alba. Le replat herbeux à proximité de l’ibón de Renclusa offre un peu de répit et de respiration. le pico de Paderna, redoutable vu d’ici, se reflète dans les bras tortueux du ruisseau. Après 2-3 bonnes heures d’éclarcies, le ciel se couvre de nouveau et une averse interrompt ma pause au refuge de la Rencluse. De la Besurta, douce mais longue remontée au port de Vénasque puis plongée dans la brume jusqu’au refuge. Quelques minutes après, une grosse averse éclate : c’était moins une ! Je descends à l’hospice de France dans la soirée (descente incluse dans le kilométrage indiqué). À l’occasion du Tour de France qui arrivait à Superbagnères, une chaîne de télévision belge équipée de plusieurs semi-remorques a installé d’énormes projecteurs et un immense plateau pour son émission du soir. Brutal retour dans la vallée après plusieurs jours en montagne !