Très longue journée pour un enchaînement sur certains des nombreux sommets ignorés des Encantats où j’ai retrouvé encore une fois toutes les caractéristiques de ce fabuleux massif qui laissent finalement une agréable sensation de dépaysement.

Date : 2022/09/09
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 24 km
Dénivelé positif : 2400 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 6h jusqu’au pic Petit del Pesso dont 1h15 jusqu’au port de Rus.
Temps de descente : 1h
Conditions et commentaires : sommets accrochés se dégageant.
Difficultés : pentes raides autour de certains sommets.
Accès : pont de Sant Martí
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

 

Contrairement aux deux sorties précédentes, la météo annoncée est cette fois-ci maussade mais je pars avec l’espoir de jolies éclaircies. C’est la première que je prends la direction de la station de Boi-Taull, en quittant la route principale filant à Caldes de Boi après Barruera. L’objectif de la journée est un enchaînement de sommets dont les Encantats ont le secret mais je verrai directement sur le terrain dans quel sens je procèderai. Le GR11 qui monte assez longuement et sans aucune ambiguïté au port de Rus (2616 m) : laisser la bifurcation vers les estanys de Pessó puis progressivement, de superbes étendues herbeuses prennent la place des pins. Les nuages gris et volatiles accrochent les sommets mais je peux apercevoir de temps à autre le soleil au-dessus du port de Rus qui est bien visible. Le sentier monte lentement sur ces estives où il n’y a aucun animal : sont-ils déjà redescendus ? C’est un vent glacial qui m’accueille au port de Rus où je me couvre immédiatement. Après un rapide aller-retour à la tossal de Rus qui a la tête dans les nuages, je repasse au col pour monter sans difficulté au Castell de Rus où je vais dire au revoir à toute trace ou tout cairn jusqu’au pic del Pessó ! Surprise, pendant la montée, le ciel se dégage soudainement et la vue s’ouvre vers le N et l’E. Moment merveilleux qui me donne un nouvel allant pour la suite de la journée après lequel les nuages se résorberont lentement tout autour.

Alors que je prévoyais plutôt de continuer via le pic de l’Estanyet jusqu’au pic de Morrano, la vue du joli sommet à l’E m’interpelle. Il est nommé pic de la Mina sur la carte ICGC et tuc de la Mina sur IGN ES. Après un autre aller-retour facile (car la carte semble montrer que le pic de la Mina peut se faire en traversée), cette fois-ci au pic de l’Estanyet, je suis la crête vers le pic de la Mina en descendant versant S dans les raides pentes herbeuses. Je retrouve le fil un peu plus loin pour la partie finale de l’ascension qui est un peu plus découpée. En évitant certains passages découpés par la droite, deux minuscules ressauts nécessitent de poser les mains. Je remarque un spit au pied de ces deux passages, peut-être pour un accès hivernal ? La crête NE du pic de la Mina est effectivement facile et permet de rejoindre le joli plateau en contrebas où je poursuis jusqu’aux abords de l’estany de Francis (2296 m). Très enclavé, l’estany de Ribanegra est ensuite tout proche. Pour la suite, je m’élève sur la droite au-dessus de l’étang pour monter en écharpe jusqu’à un ressaut assez raide qui permet d’atteindre l’estany de Dalt. Encore un étang qui ne doit pas voir beaucoup de visiteurs ! Le terrain est typique des Encantats avec lacs, gispet et blocs de granit en tout genre. Je fais un crochet facile au cap de Peguera qui surplombe un étonnant replat. L’aller-retour au pic de Morrano ne pose pas de problème avec une éminence sur la crête qui s’évite sur ma droite dans les pentes de gispet. Panorama incomplet à cause des nuages mais qui n’en demeure pas moins esthétique. On devine aisément tout le potentiel du sommet grâce à sa position central : une vue s’étendant des sommets débonnaires au-dessus de la station de Boi-Taull jusqu’aux parois verticales de nombreux sommets au nord. J’observe longuement la dent des Mussoles : la crête N est facile à rejoindre puis elle semble accessible au moins jusqu’à l’antécime N. Ensuite, la dernière partie jusqu’à la pointe de droite (la dent est constituée de deux pointes qui semblent d’altitude similaire) mériterait une visite. La montée par la crête S n’est pas verticale mais il ne semble pas si facile de rejoindre la brèche (dalles et pentes raides). Il faudra aller y faire un tour !

La suite de l’itinéraire n’est pas difficile techniquement mais est assez éprouvante en raison du terrain jamais roulant. De plus, les sections entre les sommets demandent un peu de lecture pour éviter les parties difficiles des crêtes souvent sévères et découpées. Direction le pic des Mussoles : pour rejoindre les pentes longeant la crête, plusieurs passages semblent possibles. Difficile de décrire mon cheminement mais le début de la descente était assez exposé et demandait un peu d’attention. La montée au sommet est raide mais facile en restant à proximité du fil avec un passage à côté d’une vaste dalle caractéristique. Vue toujours étendue avec le haut des sommets au loin de plus en plus visible. La jonction avec le pic del Pessó n’est pas plus roulante ! En effet, il faut descendre le long de la crête puis emprunter un couloir à la roche parfois décomposée demandant là aussi un peu d’attention. Je longe ensuite la pente herbeuse jusqu’à une épaule où le pic del Pessó se dévoile. Il faut à nouveau longer une pente raide jusqu’à un collet marqué d’une pièce métallique. Mais que vois-je ? Des cairns ! Ils indiquent un cheminement qui s’éloigne du fil de la crête pour monter sans histoire dans la face et rejoindre le pierrier sommital. Je rencontre deux personnes au sommet : les premières de la journée ! Vue somptueuse sur l’estany del Pesso et le tuc des Carants en arrière-plan.

Un itinéraire bien cairné (pointillés rouge sur Openstreetmap) évite la crête pour rejoindre le collado del Pesso. La montée au petit pic del Pessó et sa borne géodésique est facile et rapide. Une crête débonnaire descend rapidement jusqu’à l’estany del Pesso et son petit frère juste en-dessous. Un rude chemin bien marqué plonge ensuite sans sourciller jusquà retrouver le GR11 en bas du vallon. En marchant vite et courant un peu, j’ai rejoint rapidement le parking avec la sensation d’avoir un long voyage dépaysant. Avec son grand nombre de sommets, le parc national des Encantats regorge d’enchaînements de ce type.