Superbe boucle à cheval entre France et Espagne pour visiter des sommets espagnols peu fréquentés pour la plupart. La cabane de Bramatuero, construite en 2018, est idéalement placée pour rayonner dans ce secteur assez complexe et aux nombreux lacs.

Date : 2022/08/06-07
Distance totale : 41 km
Dénivelé positif : 3000 m
Temps de parcours : J1 : 7h – J2 : 6h15
Conditions et commentaires : beau en matinée puis orageux.
Difficultés : hors-sentier, quelques passages raides, et passage exposé pour la diente de Batanes la plus haute.

Accès voiture

Accès voiture : Pont d'Espagne (parking du Puntas) au dessus de Cauterets.

Tracé GPS

Le tracé GPS est consultable ici : https://tracedetrail.fr/fr/trace/trace/191951

- Tracé obtenu grâce à une montre GPS portée pendant la sortie mais susceptible d'avoir été corrigé a posteriori (bug, imprécision, arrêt involontaire, problème de batterie...).
- Les fonds de carte IGN (France) et Iberpix (Espagne et Andorre) sont disponibles en se connectant. Comment se connecter, sélectionner les fonds de carte et autres informations sur le module cartographique : Utiliser la cartographie
- Le dénivelé et la distance indiqués sur tracedetrail sont générés automatiquement en important la trace. Ces informations sont susceptibles de varier par rapport à celles présentes sur les récapitulatifs, qui ont été obtenues à l'aide d'un autre outil. Preuve en est que le dénivelé et la distance sont toujours à considérer à titre indicatif.

Ayant l »envie de passer une nuit en montagne, nous optons pour le refuge de Bramatuero. En plus de visiter un secteur inconnu, ça sera l’occasion de rentabiliser la montée au port du Marcadau car un itinéraire au départ du pont d’Espagne rime toujours avec un fort kilométrage. Hormis la portion entre le pont d’Espagne et le refuge Wallon ainsi que la zone autour du port du Marcadau, la boucle est assez sauvage. En cette saison, il faut tout de même aimer les cailloux, d’autant plus au-dessus de l’ibon de Bramatuero Alto. Enfin, je ne sais pas trop comment appeler les dientes de los Batanes : garder l’appellation espagnole ? Les traduire en français en « dents de Batans » ? J’ai finalement choisi dans le récit de garder l’appellation espagnole même si ça sonne bizarre surtout quand j’évoque l’un des sommets.

Jour 1

Sous le port du Marcadau (2541 m), nous doublons le couple qui avait démarré alors que nous déjeunions au pont d’Espagne. D’ailleurs, nous les retrouverons au refuge dans l’après-midi. Au S de la grande Fache et à l’écart du sentier fréquenté du port du Marcadau se trouvent 3 beaux étangs : les ibones de Pecico. Pour rejoindre le premier, qui est aussi le plus grand, nous descendons brièvement côté espagnol avant de trouver une sente bien marquée qui rejoint rapidement le petit barrage. Les puntas de Pecico (Norte, Central et Sur) ainsi que le pico de los Ibones de Pecico ont probablement fait récemment leur apparition sur la carte IGN espagnole. Pour visiter la punta de Pecico Norte, repérer une brèche entre cette dernière et la grande Fache, toujours aussi élégante. Nous remarquons qu’une bonne trace monte raidement jusque dans le pierrier sous la brèche, et que plusieurs personnes l’empruntent. Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de monde sur cette voie d’accès à la grande Fache. La brèche est défendue par un court couloir rocheux nécessitant de poser les mains. La punta de Pecico Norte est alors toute proche. Les voix des espagnols sur l’arête S de la grande Fache résonnent jusqu’à nous. Il n’est pas possible d’emprunter intégralement (et raisonnablement) la crête jusqu’à la punta de Pecico Central car elle présente une section très découpée. Nous basculons versant N pour traverser un petit cirque et remonter facilement vers la punta de Pecico Central puis continuer facilement jusqu’à la punta de Pecico Sur, à la cime bicéphale en mauvais rocher. La vue sur la punta Zarra, si sévère, est privilégiée. De retour à la forqueta de Bachimaña (2781 m), aux étonnants rochers rosés, nous descendons vers les étangs de Pecico où une bonne sente fait son apparition.

Nous faisons un crochet par le pico de los Ibones de Pecico en coupant au-dessus du lac principal pour atteindre directement la crête E sans retourner au barrage. La crête de ce sommet aérien tel un aileron de requin (selon l’angle) devient étroite à la toute fin mais demeure sans difficulté. Nous faisons une bonne pause en haut de ce belvédère de choix face aux pics d’Enfer et les lacs à ses pieds sur lesquels l’ombre des nuages n’en finit pas de danser. Sur du hors-sentier herbeux et facile, nous rejoignons le sentier du port du Marcadau. Pour aller à l’ibon de Bramatuero Bajo sans passer par l’embalse de Bachimaña et sa cabane, nous suivons le raccourci proposé par Philippe Quéinnec : suivre le sentier jusque 2350 m environ puis le quitter pour une sente (croix rouge et blanche) et descendre en diagonale pour traverser le barranco vers 2250 m. Le sentier amène alors au lac tout proche. Comme beaucoup des vastes lacs granitiques, dans les Encantats par exemple, le contournement est bien cairné mais un peu laborieux en oscillant sans cesse. Avec près de 2000 mètres de dénivelé, la fin de la montée au refuge de Bramatuero (2510 m) sous la lourdeur orageuse, est un peu longuette.

Le refuge est bien placé au déversoir de l’ibon de Bramatuero Alto. Construit en 2018, il ne faut pas se fier à la taille du bâtiment car seule une petite partie est destinée aux randonneurs. Il n’y a aucun équipement à l’intérieur et il faut faire attention aux barreaux descellés pour monter à l’étage qui peut accueillir 4 personnes. La nuit, toutes les 20 minutes environ, un moteur assez bruyant se met en marche durant 2 minutes. Néanmoins, il n’est pas trop dérangeant avec les boules-quiès. Nous passons la soirée avec un couple d’allemands et un homme seul en itinérance ainsi que le couple d’amis croisé le matin, en montagne pour deux jour également. Moments sympas devant le refuge en pronostiquant sur la venue ou non des orages qui grondent autour. Finalement, quelques gouttes tomberont en soirée avant que le soleil s’impose à nouveau pour un joli arc-en-ciel et un beau coucher de soleil sur l’ibon de Bramatuero Bajo. Vers 1h30 du matin, alors que je n’arrive pas à fermer l’oeil de la nuit même si j’ai tout pour dormir confortablement, une averse violente s’abat sur le secteur. Quelques instants plus tard, la porte grince et le couple de français se rapatrie en urgence car la tente flotte une flaque et une partie des affaires est trempée. Fou rire avec Lucille en attendant les conversations et en imaginant le chaos humide en pleine nuit. En tout cas, ce n’est pas cet évènement qui nous aide à bien dormir mais le jour finit enfin par arriver et nous nous levons à 6h45.


Jour 2

Sur le papier, les trois sommets du jour paraissent proches et avec un dénivelé raisonnable. Néanmoins, sur le terrain, le relief est assez chaotique et ça n’arrête pas de monter et de descendre. Heureusement, à pas mal d’endroits, les rochers moutonnés ne sont pas si désagréables. Nous visons globalement la base du pico Serrato puis traversons longuement pour atteindre le pied de la diente de Batanes la plus haute (celle de gauche, la plus au S). L’accès au sommet est assez raide (II) avec quelques cairns stratégiques. La partie la plus raide est assez exposée et permet de rejoindre une large fissure puis les pentes sommitales moins raides. Même s’il est à contrejour, le Vignemale est vraiment impressionnant. La crête jusqu’au pico de las Neveras est ponctuée de sommets bien définis mais non nommés sur la carte. Le sommet central est assez difficile d’accès et demanderait une petite corde pour un passage en III+ puis les dalles sommitales. Nous longeons à nouveau dans le pierrier pour remonter une cheminée facile menant à quelques mètres de la troisième dent, celle la plus au N. La peña de Xuans et le pico Serrato, les prochains objectifs, sont élégants et bien individualisés.

Sous le sommet, nous croisons Matias qui a passé la nuit sous la tente à côté du refuge et lui disons au revoir. Pour la peña de Xuans, nous évitons le passage découpé de la crête par le N (alors qu’il aurait été préférable de passer par le S) en remontant un couloir croulant propice aux chutes de pierres. Deux espagnoles descendent du sommet tandis que nous montons dans du terrain raide et parfois un peu décomposé. Vue magnifique avec de nombreux grands lacs. Que ce soit l’hiver ou l’été, ce massif est vraiment un terrain de jeu extraordinaire. Nous allons au col sous le pico Serrato et suivons la crête quelques mètres en contrebas du fil (cairns) qui permet d’éviter un ressaut. Après avoir traversé tout le versant, il faut remonter facilement vers le sommet puis suivre la crête un peu découpée jusqu’au cairn sommital. Les rochers sommitaux sont rayés par des traces de crampons car un couloir esthétique et assez célèbre aboutit au sommet. Le panorama est similaire à son voisin avec l’avantage du soleil un peu plus haut dans le ciel qui éclaire encore davantage les lacs. Nous avons laissé quelques affaires au refuge souhaitant rentrer par la brèche sous les pics Jumeaux. Avec le recul, il aurait peut-être été aussi rapide de visiter les sommets dans l’autre sens puis rentrer par le collado de Letrero.

De loin, la brèche permettant de descendre vers les lacs de Couyèou Bielh est assez facile à identifier. C’est le point bas entre les pics Jumeaux et le pic de la Badète d’Arratille, juste sous l’endroit où la crête remonte sèchement vers la Badète d’Arratille. Après avoir recupéré les affaires, nous remontons hors-sentier puis partons en diagonale pour rejoindre la brèche. En effet, c’est bien celle-ci. Il y a deux cairns de part et d’autre et un point bleu fait à la bombe sur un rocher. La descente jusqu’aux lacs confidentiels de Couyèou Bielh est modérément raide mais dans des pierriers désagréables. Sous le deuxième étang, une longue pente herbeuse raide occupée par les brebis dépose sur un replat. C’est calme et sauvage avec un torrent tortueux, on se croirait dans l’Aston. Avec quelques arrêts myrtilles, nous descendons ensuite vers le bon chemin d’Arratille : ouf ! Entre temps, le ciel s’est fortement couvert. La météo avait dit vrai : les orages devaient s’installer plus tôt que la veille. Quelques gouttes nous rafraichissent après la bifurcation du refuge Wallon puis une forte averse nous trempe carrément. On croirait une partie de cache-cache géant avec beaucoup de personnes attendant sous le arbres ou sous les rochers. De retour au pont d’Espagne avec cette descente toujours aussi longue (mais c’est mieux que le périph m’avait dit une fois le gardien), le parking est plein à craquer et nous quittons vite la cohue.