Parcours de la longue crête séparant le vallon de Vallibierna de celui de Cregueña : chevauchée somptueuse face aux sommets majeurs des massifs de l’Aneto et des Posets durant laquelle il est difficile de se détacher du bleu profond de l’étang de Cregueña.
Date : 2025/07/26
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 18 km
Dénivelé positif : 1500 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 7h30 jusqu’à la tuca del Quillón dont 2h30 jusqu’au pico Aragüells.
Temps de descente : 3h jusqu’au plan de Senarta.
Conditions et commentaires : beau, frontière accrochée.
Difficultés : crête escarpée avec pas de II et III isolés.
Accès : pont de Coronas (taxis de juin à septembre, 10 km de piste convenable)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Cet itinéraire me faisait envie depuis un bon bout de temps : assez peu d’informations, de hauts sommets méconnus et la promesse d’être tranquille alors qu’il y a foule sur les 3000 alentours. Avec quelques hésitations et en raison du mauvais terrain, nous avons passé un peu (trop) de temps sur la crête, préférant donc la quitter après la tuca del Quillon. Or, avec quelques errements pour descendre la barre rocheuse sous le sommet et avec la longue traversée nécessaire pour rejoindre le sentier, pas certain que nous ayons gagné beaucoup de temps. Il faudra donc revenir pour le pico de Estatas : l’occasion d’explorer son versant S/SO ? Félicitations et clin d’oeil à Tim qui a parcouru l’intégralité quelques jours après.
Avec un passage toutes les deux heures, que se passe t-il si tout le monde ne peut pas monter dans le taxi montant au pont de Coronas ? Faut-il reporter sa course au lendemain ? Premiers arrivés, premiers servis ou concours de pierre – feuille – papier – ciseaux ? Nous sommes chanceux, il y a pile le bon nombre de places et je suis surpris de constater que c’est un véritable bus qui emprunte la piste. La hauteur du véhicule donne parfois l’impression de dominer le ravin, provoquant une légère crispation collective sur certains courts passages.

Lac de Cregueña
L’arrivée au pont de Coronas est toujours particulière avec un parfum soudain de haute-montagne. C’est un point de départ de sacrés souvenirs : le dernier 3000 principal visité (Épaule de l’Aneto) ou encore le couloir Estasen. La fraîcheur nous cueille et nous suivons le sentier classique des ibónes de Coronas. Au passage du premier étang encaissé, deux silhouettes sont visibles au départ de l’arête de Llosas jonchée d’aiguilles. Nous poursuivons en passant à proximité de l’étang principal et, sans rejoindre le col, montons au pico de Aragüells désormais appelé tuca de la Collada de Cregüeña sur la carte IGN espagnole. J’ai conservé les anciennes appellations sur ce compte-rendu. Quelques cairns sont présents dans la pente raide mais toujours facile. Lorsque c’est furtif, j’arrive à supporter les drones. Mais après une vingtaine de minutes, je commence à prier pour que celui de notre ami espagnol découvre la dureté du granit. Les nuages dansent au dessus de l’Aneto et du collado de Coronas sous lequel quelques silhouettes semblent faire du sur-place dans la moraine. Un mot sur l’étang de Cregueña que je trouve stupéfiant : les sommets qui l’entourent, sa forme avec sa pointe qui n’en finit pas de s’étirer et ce bleu captivant qui tranche avec l’océan de granit.
Voici une description factuelle condensée de la crête : du sommet, descente facile dans de gros blocs puis la jonction jusqu’au pico de Piedres Albes ne pose aucun problème avec également de gros blocs sur la fin. Pour le pico de l’Agulla, nous restons majoritairement versant N pour éviter la crête parfois découpée. Pour en descendre, le fil est trop difficile. Je vais d’abord voir versant S (II+) mais le passage est barré par une grande dalle trop raide pour être traversée. Retour dans le versant N en descendant le moins possible pour rejoindre facilement le fil de la crête. Jusqu’au pico de Cregueña qui offre une jolie vue centrale, le cheminement est amusant (II). La descente du pico de Cregueña n’est pas limpide : quelques cairns sont présents au début jusqu’à un passage plus raide avec de nombreux petits couloirs versant S (le versant N est trop abrupt). Nous repérons une sangle de rappel où la désescalade semble possible mais délicate. Après avoir perdu pas mal de temps, en nous décalant sur la gauche dans le sens de la descente, nous trouvons un passage plus engageant avec une désescalade (III) en bon rocher. Plus bas, la pente s’adoucit légèrement mais demande de l’attention à cause de la qualité du terrain. Une courte remontée (II) permet enfin de s’extirper de la brèche, puis c’est plus facile jusqu’aux abords du sommet bicéphal de la tuca del Quillón.

Tuca del Quillón et pico de Estatas
Le couloir entre les deux pointes donne l’impression de passer dans les entrailles rocheuses de ce sommet isolé. Nous passons sous le bloc coincé puis sur ce même bloc pour sortir à la brèche. La pointe E s’atteint en posant un peu les mains (II) tandis que la pointe O demande de faire un crochet par l’O pour trouver un passage plus facile dans les gros blocs. Le contrefort N de la tuca del Quillón n’est pas simple à descendre. Nous trouvons quelques cairns sur le haut qui donnent un peu d’espoir sur une pente raide mais facile. Plus bas, une tentative à gauche et dans l’axe des premiers cairns, c’est par une traversée sur la droite (II) que nous rejoignons le socle de cette grande barre rocheuse.
Après une zone de blocs, la traversée pour rejoindre le sentier devient herbeuse et plus agréable. Ce barranco de Cregueña est sacrément rude : c’est long, le sentier est très cassant et la végétation peut sembler étouffante avec la chaleur. Après la descente d’un étage et un long replat, nous pénétrons définitivement dans la forêt jusqu’à retrouver la piste qu’il faut suivre durant 3 km jusqu’au plan de Senarta. Une belle et longue journée de haute-montagne.