Itinéraire très exigeant pour visiter des sommets confidentiels à cheval entre les vallées d’Estom et de Gaube. Ce recoin du massif profite d’une grande tranquilité et permet même d’observer le flot de marcheurs qui longe le lac de Gaube.

Date : 2021/07/02
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 19 km
Dénivelé positif : 1800 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 2h15 pour la Badète de Labassa. 5h15 au total pour le Grand pic de Paloumères.
Temps de descente : 1h30
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : de tout : pentes raides, pierriers, éboulis, orientation et lecture, passages exposés, petite escalade.
Accès : pont d’Espagne (parking payant, 8€ en 2024)
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

Nuit au Pont d’Espagne après une arrivée tardive. C’est bien difficile de sortir du véhicule pour démarrer la journée d’autant plus que l’entrée en matière est brutale. Le début du chemin qui monte au plateau du Puntas est discret. Grâce à l’indication de Philippe Quéinnec, je le trouve du premier coup et confirme qu’il se situe au niveau de panneaux « bus ». Après le plateau, quelques cairns indiquent la direction puis plus rien. Au lieu de rester dans le couloir d’avalanches qui était bien visible depuis le parking, je reste dans la forêt à droite de ce couloir. La montée est raide. J’aperçois un cairn ici et là sans que ces derniers n’aident vraiment. Enfin, la pente s’adoucit et la vue s’ouvre sur le reste du vallon et l’impressionnant éperon nord du pic de la Badète de Labassa, qui est un bon point de repère. Parcourir l’immense pierrier jusqu’à la base de l’éperon où je trouve enfin un peu d’herbe jusqu’aux abords du col 2590. Sans le rejoindre, je monte directement vers la crête que je suis facilement jusqu’à l’antécime. Je descends à la brèche suivante (court II, rocher moyen). La suite est très raide et peu engageante. Je descends donc quelques mètres dans le couloir herbeux à ma droite pour rejoindre une cheminée (II) qui monte tranquillement au sommet. J’ai une vue complète sur la suite de la journée et ça fait peur ! De retour en bas de la cheminée, je reviens au col 2590 par un itinéraire différent en continuant à descendre le couloir herbeux puis en longeant des pentes très raides.

La montée au pic Mayouret est plus lisible : il suffit de suivre le fil de la crête dans les blocs en posant les mains ici et là. Belle vue. Le pic Bloundine est tout proche. Je reste au plus près de la crête entre les deux sommets et parviens rapidement au pied de la dernière pente qui nécessite de poser un peu les mains. J’hésite longtemps à aller au pic Meya qui me paraît loin et sans intérêt particulier. Mais quitte à être si proche, je me laisse tenter. Pour le rejoindre, je traverse une pente d’éboulis au-dessus du lac Méya pour rejoindre la crête facile qui mène au sommet. En effet, il n’est pas tout proche… La cime est ornée d’un cairn impressionnant qui ressemble à une tourelle. Ce petit crochet ne m’a pas rapproché du pic de Bernadole ! Je remonte jusqu’à la pointe 2673 et suit la crête débonnaire vers le sud. J’avais reperé ces pentes douces sur la carte IGN. Par contre, la crête plonge ensuite et le fil semble délicat. Dans un premier temps, je passe versant Gaube dans des pentes raides avant de repasser de l’autre côté pour atteindre facilement le col au pied du pic de Bernadole. Je poursuis versant Estom, m’élève en direction du sommet que je rejoins en montant précautionnement sur une succession de banquettes herbeuses. Belle surprise avec la découverte des superbes lacs d’Estibe Aute.

Depuis le plateau du Puntas, cent mètres au-dessus du parking, c’est une succession souvent harassante de pentes raides, d’éboulis, de pierriers. La visite des pointes Barrère va compléter le tableau avec de la petite escalade et une dose de flair. À la lecture du retour de P.Quéinnec, je ne me faisais guère d’illusions : « Malheureusement les pointes de part et autre sont inaccessibles sans sérieuse escalade (le rocher semble mauvais) alors qu’elles ne me dominent que d’une dizaine de mètres… ». Le pire, c’est que j’avais lu en diagonale son récit, j’étais persuadé qu’il avait fait une tentative depuis la brèche de Bernadole (donc par le SO) et j’avais un mince espoir en essayant par la crête NE. En fait non, par le couloir bien visible, il a bien rejoint la crête au NE du point culminant, séparé par un sévère gendarme. Finalement, par un autre itinéraire, je me suis donc retrouvé au même endroit. Si j’avais bien lu, je n’y serai donc même pas allé. Comme quoi !

Schéma d’accès aux pointes Barrère

Du pic Mayouret, j’ai repèré une rampe caractéristique. À son pied, cette rampe se révèle facile : d’abord de terrasse en terrasse, puis un petit passage en II, et enfin du terrain décomposé. J’ai même gardé les bâtons à la main. Toujours convaincu que P.Quéinnec a essayé par l’autre côté, j’observe la crête et me dis que ça va dérouler jusqu’au sommet. Sans problème d’abord puis une petite taillante ((1) sur le schéma) à califourchon. Rien à voir avec celle de Vallibierna qui est plus longue et impressionnante. C’est de nouveau facile avec quelques pas de II isolés et peu exposés. Le point culminant est à portée de main mais je viens buter sur une profonde brèche ((2) sur le schéma) : impossible à droite, tandis que sur le fil, la désescalade ne m’inspire pas. Par contre, versant Estom, je parviens à désescalader tranquillement jusqu’au pied de la brèche. Très exposé au début, II. De la brèche, je me maudis d’avoir laissé mes bâtons au début de la crête car la descente semble possible. Je monte sur le gendarme suivant ((3) sur le schéma) : impossible de descendre versant Estom et pas mieux sur le fil. Je reviens à la brèche, passe versant Gaube et découvre un passage salvateur qui me dépose à une autre brèche. Le sommet est là. Ne reste plus qu’un mur fracturé plein de lichen ((4) sur le schéma) (II+ / III ?) qu’il faudra désescalader au retour. Je mets un petit cairn et reviens prudemment par le même itinéraire car au delà la crête plonge et mes bâtons m’attendent. Ouf !

Le Grand pic des Paloumères, dernier sommet de la journée, est bien plus facile. Dans du terrain chaotique et parfois croulant, je longe au plus près les parois des pointes Barrère jusqu’aux abords de la brèche de Bernadole. La crête SO du point culminant des pointes Barrère est bien visible : elle est très raide au début et ressemble au début de l’arête des 3 Conseillers mais en moins bon rocher. Sans problème, j’arrive sous le sommet et monte au mieux dans les rochers (ça passe partout) jusqu’en haut. Magnifique panorama malgré une luminosité médiocre. En direction du Vignemale, une pointe plus haute mais étonamment anonyme masque un peu la vue mais on lui pardonne !

Le périple jusqu’au Grand pic des Paloumères a été long et éprouvant. Il ne reste plus que la descente, mais quelle descente… Trois étapes : un pierrier à perte de vue (je n’avais qu’à venir au printemps…), puis un rude sentier dans les pins et enfin le chemin surfréquenté du lac de Gaube. Miam ! Sous le sommet, je reste sur les pentes suspendues avant de basculer dans le vallon central le plus tard possible par une pente plus raide. Un océan de cailloux plus tard, le sentier pénètre dans les pins et descend sans sourciller jusqu’au lac de Gaube. Les cuisses en ont marre et j’ai chaud mais j’ai oublié la monnaie ce qui permet d’épargner un Orangina d’une mort très rapide.