Pour ce deuxième jour autour du refuge de Larribet, visite au Palas, célèbre sommet voisin du Balaïtous, par son arête SE qui est une course classique dont la très bonne réputation est méritée.

Date : 2023/07/09
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 15 km
Dénivelé positif : 1100 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 1h25 d’approche + 2h15 d’arête (sans l’attente).
Temps de descente : 4h
Conditions et commentaires : beau et venté.
Difficultés : arête SE côtée AD pour le Palas, arête des Géodiens et rappel sous le pic d’Artouste.
Accès : centrale de Migouélou (parking de la Maison du Parc)
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

Comme d’habitude en refuge, la nuit fut rythmée par les ronflements infernaux d’une ou deux personnes, malgré les boules quiès. Cette discussion a animé le début de notre montée vers le port de Lavedan : un ronfleur, pleinement conscient de ses ronflements, doit-il se priver de passer des nuits en collectivité ? C’est donc les paupières lourdes que nous longeons les lacs de Batcrabère avec une belle lumière matinale. Puis, au niveau du premier lac de Micoulaou, nous suivons un antique balisage rouge et blanc qui se fraye entre les blocs puis essaie d’aller chercher les petites zones de gispet le long d’une barre rocheuse. Durant la montée, il faut avouer que le fronton central de l’arête SE du Palas, toujours bien visible, est impressionnant. Ensuite, l’itinéraire bifurque vers le N pour traverser un pierrier et quelques névés jusqu’au port de Lavedan (2615 m) où la vue est superbe vers les lacs d’Arriel et le charismatique pic d’Arriel. Comme la veille, les rafales de vent sont fortes et régulières versants S et O.

Arrivée au port de Lavedan et arête SE - © P.Rochas

Arrivée au port de Lavedan et arête SE – © P.Rochas

Pendant que nous nous équipons, une cordée part devant. Nous les suivons à quelques minutes. L’attaque de la crête démarre un peu à gauche du fil dans une succession de gradins (II/III) en bon rocher jusqu’à rejoindre le fil. Sur Camptocamp, le topo décrit une cheminée herbeuse dont le qualificatif est un peu fort car il y a seulement quelques touffes isolées de gispet. D’ailleurs, nous apprendrons durant la descente qu’une cordée a fait demi-tour dès l’attaque, ne trouvant pas la cheminée herbeuse. De retour sur le fil, une succession de gendarmes amusants nous permet de prendre pied sur une zone de transition où nous marchons jusqu’à un couloir versant O. En moins bon rocher, ce couloir (II) nous dépose sur une très belle plateforme avec un cairn où nous patientons une vingtaine de minutes car la cordée nous devançant enchaîne une longueur pour la fissure en III+ puis une deuxième. Pendant ce temps, nous admirons la vue vers le Balaïtous et le pic d’Arriel avec un gypaëte qui surgit verticalement tout proche de la plateforme ! Avec les rafales de vent, les petits gants sont les bienvenus le temps de nous lancer à notre tour.

Nous franchissons la large fissure en corde tendue avant de tirer à droite pour franchir un court mur caché (piton). Après un autre couloir, nous rejoignons une plateforme dans des blocs brisés. L’autre cordée s’est lancée sur le mur côté gauche tandis que nous faisons le choix de partir à droite sur une dalle bien aérienne (IV) jusqu’à une étroite vire où nous faisons un relai (piton + 2 friends). Nous repartons corde tendue dans un terrain qui s’assagit assez vite. L’arête devient moins aérienne avec des difficultés souvent évitables versant O. Le rocher est excellent jusqu’au sommet où nous retrouvons les deux personnes qui nous devançaient. Un clin d’oeil à cette cordée très sympa du CAF Talence qui nous a proposé de les doubler du haut de la fissure en III+, au plaisir de se recroiser ! Durant la progression sur l’arête, le cadre est superbe et le panorama depuis le sommet du Palas n’est pas en reste.

Balaïtous depuis l'arête SE du Palas

Balaïtous depuis l’arête SE du Palas

L’itinéraire de descente le plus rapide serait de descendre par la cheminée Ledormeur puis de repasser par le port de Lavedan. Or, nous n’avons pas envie de revenir dans le vallon de Batcrabère comme la veille. Dans un premier temps, nous partons sur une option longue : depuis le pic d’Artouste, basculer dans le vallon de la Lie puis monter au pic de Batboucou pour revenir par Migouélou. Pour cela, nous descendons par l’arête des Géodésiens : d’abord sur les gros blocs du fil puis les cairns invitent à passer versant O pour éviter un ou deux pointements. Après une tentative loupée pour réparer un bâton, une pente de blocs (surprise !) facile nous dépose au pic d’Artouste. Au refuge, l’aide-gardienne n’a pas pu nous renseigner sur une descente facile vers le vallon de la Lie depuis les abords du pic d’Artouste. Très rapidement sur la crête N, nous passons par une brèche avec un cairn et un rocher équipé de deux sangles et d’un maillon pour rappel. Après être allés voir un peu plus loin, nous renonçons à descendre une dalle inclinée repérée depuis le sommet pour tirer un rappel de 25 mètres (10 m obligatoires environ) sous lequel nous prenons pied dans un couloir d’éboulis. Un névé salvateur nous permet ensuite d’éviter un long pierrier.

Après quelques hésitations, l’heure étant déjà un peu avancée et le week-end largement réussi, nous renonçons à passer par Migouélou. C’était possible mais, avouons-le, ambitieux. Sans trop descendre, nous coupons pour rejoindre le col au S de la pointe 2466 m où passe le sentier entre le col de la Lie et le refuge de Larribet. Bien cairné et balisé, le chemin descend rudement dans une succession de petits couloirs avant une traversée descendante jusqu’au déversoir du premier lac de Batcrabère avant lequel la vue sur le chapelet de lacs est somptueuse. Ensuite, c’est du classique par le refuge de Larribet puis le chemin fréquenté jusqu’au parking où nous arrivons fourbus mais contents ! Pour une première ensemble en alpi, la cordée avec Pablo fut parfaite.