Montsaliente (2890 m) – Pui Pla (2831 m) – Lo Pineto (2647 m) – Roca Blanca (2688 m) – Lo Tésol (2700 m) depuis le refuge de Gerdar

Visite au Montsaliente tant que la neige recouvre les pierriers infernaux qui règnent en maîtres au-dessus de 2200 m d’altitude. De beaux contrastes printaniers avec un enneigement correct sur les versants nord.

Comme la douceur est au programme de la journée, j’essaie de partir assez tôt du refuge de Gerdar pour que la neige porte. Je préfère autant des cailloux à perte de vue plutôt qu’une neige molle où l’on s’enfonce deux fois sur trois. Le sentier de l’estany Negre de Cabanes est excellent. D’abord dans une jolie forêt de résineux où le soleil perce puis il passe rive droite du torrent dans une atmosphère presque automnale : de l’ombre, une végétation qui se réveille à peine et un peu de givre ici et là. Après la bifurcation fléchée entre l’estany Llong et l’estany Negre de Cabanes, ce dernier est tout proche. Beau reflet avec le pui de la Bonaigua en toile de fond. C’est ici que je dis au revoir à tout sentier pour plusieurs heures !

Je contourne l’étang par la gauche dans de gros blocs (mieux vaut rester au plus près de l’eau) où je trouve les premières traces de neige, me permettant de remonter facilement vers le S. Au-dessus, la pente s’adoucit le long du torrent et la neige bien ressaisie me permet d’avancer rapidement avec une belle vue sur une partie des aiguilles des Agudes d’Espot. Après deux étangs anonymes, je bifurque progressivement vers l’ouest pour arriver au pied du Montsaliente où la pente se redresse. Je chausse les crampons et délaisse la montée classique par le large col au profit d’un petit couloir. J’espérais que ce dernier se rapproche davantage du sommet mais il me dépose finalement dans les gros blocs de la face E partiellement enneigée. Grande vue dégagée sur les sommets d’Aïguestortes. La jonction jusqu’au pui Pla est facile mais laborieuse entre blocs de granit et neige molle. Vue plongeante sur l’estany de Sant-Maurici. Les deux sommets des Encantats sont somptueux mais, comme toujours, se retrouvent écrasés par les sommets plus hauts à l’arrière plan.

Pui Pla au premier plan et innombrables sommets d’Aïguetortes

Au lieu d’aller jusqu’au coll de Pui Pla, je descends directement dans le versant NE pour retrouver les pentes douces du vallon. Débute alors une longue traversée : je me rapproche des Agudes d’Espot où la neige a été tardivement à l’ombre, me facilitant la tâche. Le relief oblige à quelques oscillations mais l’ensemble demeure raisonnable. Je n’ose imaginer cette traversée lorsque tout est sec ! En revanche, malgré le dénivelé raisonnable, la montée au coll del Pineto est éprouvante dans une atmosphère surchauffée et une neige désormais totalement inconsistante.

Après un crochet au sommet de lo Pineto, remontée facile à l’antécime de la roca Blanca. Le sommet principal est séparé par une courte crête en mauvais rocher. Des cairns sont présents dans le versant O mais il y a encore trop de neige pour y aller sereinement. Descente et remontée faciles au sommet de lo Tésol (ou au sommet du Tésol ? Comment l’évoquer correctement ?), le dernier de la journée. Du col entre la Roca Blanca et lo Tésol, il semble possible d’emprunter une pente raide s’adoucissant progressivement jusqu’à l’estany Llong. Mais, au lieu de revenir sur mes pas, je dévale la grande pale enneigée où il y a des traces récentes de ski jusqu’au planells de Posa (carte ICGC). D’ici, je coupe hors-sentier dans la forêt, facile mais parfois laborieuse avec les rhododendrons, jusqu’à une magnifique clairière (plans de Breviari) où je rejoins l’excellent sentier ramenant au refuge de Gerdar. Ma voiture est recouverte d’une couche impressionnante de pollen. Content d’avoir pu découvrir ce vallon.