Itinéraire très varié pour visiter certains recoins du Luchonnais, dont la crête confidentielle des Hermitans et se retrouver tantôt ébahi par la couleur des nombreux lacs, aimanté par les Posets au loin, ou encore écrasé par le pic des Gourgs Blancs à l’approche du col homonyme.
Date : 2025/10/18
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 20 km
Dénivelé positif : 2500 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 5h pour le pic des Isclots dont 3h30 pour le mail Mouillat.
Temps de descente : 2h45
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : long hors-sentier, lecture, crête parfois aérienne (II/II+) et nombreuses pentes raides.
Accès : granges d’Astau
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Le soir de cette étape, nous avons fait étape au refuge du Portillon pour une incursion versant espagnol le lendemain : le récit de cette deuxième journée.
Lors d’une visite au pic Marcel Spont, alors que l’objectif était de poursuivre sur la crête, j’étais complètement à plat et nous avions sagement renoncé pour rentrer en boucle par la pointe Belloc et ramasser des myrtilles. Pour ce premier jour dans le Luchonnais, l’objectif est donc de visiter les sommets manquants situés sur cette longue crête. À l’approche du vallon d’Arrouge, nous sommes bien déterminés à faire mieux que la montée délicate dans les barres rocheuses réalisée avant d’aller au pic Marcel Spont entre douche sous un ruisseau et passages abrupts dans les rhododendrons. Pour cela, nous suivons l’itinéraire des grimpeurs allant au piton d’Espingo : prendre le chemin de la cabane d’Arrouge mais bien avant de l’atteindre, une fois à l’aplomb du versant N du piton d’Espingo, bifurquer pour traverser le torrent. On trouve quelques cairns et une trace qui monte au-dessus de la barre rocheuse. Le passage Sabathé, cité ici et là mais peu identifié, est probablement plus loin dans le vallon. Un peu plus haut, une voie d’accès avec une partie végétative très raide mais envisageable semble possible pour le piton d’Espingo. À bon entendeur.
Une partie de la crête des Hermitans est visible au loin et le point de faiblesse à viser est évident : une pente herbeuse remonte jusqu’à une des pointes (2823 m sur la carte IGN). La traversée de la bancade des Spijéoles n’est pas piégeuse, mais bien longue, avec un terrain mêlant gispet et granit. C’est un lieu d’une grande tranquillité parsemés de plusieurs laquets anonymes où les traces prouvent que les troupeaux y ont séjourné durant l’été. Nous parvenons dans le petit cirque sous le sommet que nous atteignons par les pentes herbeuses observées de loin. Séparé par une unique brèche, le mail Mouillat est proche. L’aller-retour est à l’image du reste de la crête parcourue : il faut poser les mains en passant au plus facile et sans itinéraire bien défini. De retour à la pointe précédente, nous partons dans l’autre sens jusqu’au pic des Isclots. Dès le départ, nous restons à flanc dans les pentes herbeuses raides qui se parcourent assez bien avec l’habitude. le pic des Hermitans est peu identifiable car il y a plusieurs pointes coiffées d’un granit blanc.
À l’approche d’un ressaut plus important reconnaissable par son éperon quasiment vertical, il est préférable de rejoindre le fil de la crête qui descend facilement jusqu’à la brèche. D’ici, il serait facile de rejoindre le pierrier du versant N. Je reconnais la description de P.Quéinnec qui a parcouru la crête dans l’autre sens : « la descente à la brèche suivante, qui est pratiquement de plain-pied avec le pierrier du Seil Grand, est peu évidente. Elle se fait en versant nord, dans un mur vertical abondamment fourni en bonnes prises (II+ sur une quinzaine de mètres) ». Le mur est facilement reconnaissable et assez exposé ; au regard de la raideur pour sortir de la crête, est-ce le gros sac qui me fait penser le III ne serait pas volé ? Cette escalade est-elle évitable ? Peut-être par le versant S comme la majorité de la crête et probablement par le versant N par au prix d’un bel effort pour longer le pierrier et remonter le couloir raide au pied du pic des Isclots. Nous restons sur le fil (II) jusqu’à la dernière brèche et rejoignons le pic des Isclots par le versant S.
La vue somptueuse me marque par le nombre de crêtes tentaculaires qui se déploient autour de nous : celle sur laquelle nous sommes, jusqu’au pic de Hourgade dans un sens et jusqu’au pic des Spijéoles dans l’autre, mais aussi la crête de Lègnes, la crête des Gourgs Blancs, la crête du pic du Midi de Génos jusqu’au Schrader, la crête frontalière du port d’Aygues Tortes jusqu’aux pics de Clarabide ou encore, au loin, la crête du pic d’Estos aux pics de Batoua. Que de sommets et que de souvenirs s’étirant dans tous les sens.
Quelques cairns jalonnent la descente du pic des Isclots dont les pentes herbeuses raides demandent de l’attention. Il faut d’abord rester à l’aplomb du sommet avant de partir progressivement sur la droite pour emprunter une rampe signifiant la fin des difficultés et le relief paisible du vallon des Gourgs Blancs. Nous essayons de ne pas descendre jusqu’au lac du Milieu mais l’économie de dénivelé est malheureusement bien entamée par la qualité du terrain. L’itinéraire du col des Gourgs Blancs est bien cairné. Le passage sous le pic des Gourgs Blancs est marquant : à l’ombre de ses parois verticales bleutées et hérissées de gendarmes encore criblées d’un saupoudrage récent, tout semble figé et nous nous sentons bien petits.
Même si la cuvette entre le col des Gourgs Blancs et le col du Pluviomètre est un vaste champ de blocs assez fatigant en fin de journée et que les cairns partent dans tous les sens sous la tusse de Montarqué, la liaison jusqu’au refuge du Portillon est extraordinaire. Alors que la lumière commence à s’adoucir en cette fin d’après-midi, quasiment tous les 3000 du massif du Luchonnais sont visibles. Tant de couleurs, tant de textures ! Tout est beau et émouvant. Les nuages font danser les ombres vers le Perdiguère, le pic du Seil de la Baque et ses lignes horizontales a des allures de vaisseau. J’ai hâte d’arriver au refuge tout en souhaitant que cette descente ne s’arrête jamais. Quelques voix se font entendre, le bleu profond du lac du Portillon est désormais à portée de mains.
La partie hiver du refuge du Portillon est très confortable : une petite pièce commune, une autre pour déposer les affaires et trois dortoirs de 10 places avec des couvertures. La période de gardiennage vient de s’arrêter et de l’eau coule encore au robinet. Une vingtaine de personnes passent la nuit, nous assurant, comme d’habitude, son lot de personnages hauts en couleurs. Tim et Camille arrivent à la nuit tombée pour une soirée très sympa.


