Une journée frustrante à cause de nuages accrocheurs qui n’auront jamais quitté les sommets côté espagnol mais tout de même de belles ambiances et la satisfaction d’avoir découvert le merveilleux site du cirque de Barrosa.

Date : 2022/09/04
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 21 km
Dénivelé positif : 2100 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 3h45 pour le pico de Robiñera
Temps de descente : 2h15
Conditions et commentaires : plutôt beau mais sommets accrochés côté espagnol.
Difficultés : hors-sentier et pentes raides demandant de la lecture pour la descente.
Accès : hospital de Parzan
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

 

En préambule, comme cet itinéraire tourne autour du cirque de Barrosa avant d’y descendre, et croise plusieurs particularités de ce lieu (mines de Liena, chemin des mines, ancien glacier de la Robiñera, grande diversité géologique), je vous encourage à visiter le site fabuleux dédié au cirque de Barrosa et tenu par Pierre Carrère : http://cirquedebarrosa.free.fr/index.htm.

Après avoir passé le tunnel de Bielsa, je délaisse immédiatement mon projet initial qui était de parcourir la longue crête du col d’Anisclo jusqu’au début de la vallée de Pineta. J’ai le sentiment que les nuages sont bien accrochés pour toute la matinée au moins. J’opte donc pour la longue crête s’étirant de la Mota, au-dessus des mines de Liena, jusqu’à la Robiñera, un 3000 isolé à côté de la Munia. C’est par la piste menant au cirque de Barrosa que débute l’itinéraire. Après 1,5 à 2 kilomètres environ, la bifurcation vers les mines de Liena est bien indiquée par un panneau. Dans sa première partie, le chemin est remarquable de régularité et bordé de dizaines et dizaines de champignons qui poussent enfin avec les pluies plus fréquentes. Puis, toujours bien tracé, il devient plus raide et escarpé, serpentant au milieu de falaises plus raides. Il fallait être imaginatif pour y dénicher un cheminement. Quelques isards m’envoient des pierres en détalant. Au détour d’une épaule, la dernière portion du chemin se dévoile : un cirque herbeux plus doux au-dessus duquel passe un câble où quelques wagonnets rouillés sont suspendus. Une fois au col, je constate effectivement que les sommets surplombant la vallée de Pineta ont la tête dans les nuages. Vers l’est, du côté d’Urdiceto par exemple, les rayons du soleil transpercent les nuages à certains endroits, créant de superbes jeux de lumières. Après un aller-retour à la Mota, je poursuis sur la crête facile jusqu’au col de las Pardas, passant notamment par la punta Ruego et coupant la piste qui commence à Chisaguès et vient mourir ici. C’est au col de las Pardas que démarre le chemin des Mineurs, sentier vertigineux à flanc de falaise qui traverse l’ensemble du cirque jusqu’au port de Barroude. Dégradé à certains endroits, tous les retours s’accordent à dire qu’il est à emprunter avec une attention constante. D’ailleurs, dès le début, un passage dans les éboulis semble délicat. Il faudra aller voir !

Après cette crête roulante, la falaise imposante du pico de Espluca Ruego se dresse soudainement. En descendant au SO dans le gispet puis les éboulis jusqu’à 2320 m, une faiblesse dans la paroi calcaire permet de prendre pied sur la croupe raide que je remonte longuement jusqu’au sommet. La suite de la crête est prise dans les nuages légers qui volent dans tous les sens. La couche n’est pas épaisse mais stationne malheureusement entre 2800 m et 3100 m environ. Contrairement aux apparences, la suite de la crête n’est pas difficile : ne pas rejoindre le versant SO mais rester à proximité du fil jusqu’à la pointe suivante. Toujours dans un jeu constant de nuages avec des éclaircies qui occasionnent parfois un espoir de courte durée, je continue sur la crête. Ayant crevé de chaud tout l’été, ce n’est pas désagréable d’avoir enfin à se couvrir un peu en montagne ! Après une brèche verticale qui s’évite sans histoire par le S, la voie normale de la Robiñera est toute proche. Alors que je n’avais croisé personne jusqu’alors, deux énormes groupent remontent les lacets dans les éboulis. Je les double et fais un aller-retour rapide à la Robiñera que j’avais visité une froide journée d’automne, dans le brouillard également ! Décidément ! Au sommet, seule une trouée éphémère permet d’apercevoir les jolis lacs de la Munia en contrebas.

Finalement, c’est la descente jusqu’à retrouver la voie normale du port de Barrosa (donc bien plus bas) qui est la partie la moins facile de la journée. En effet, l’itinéraire passe plusieurs barres rocheuses, qui, sans les avoir parcouru à la montée, demandent un peu de flair. De plus, sur le haut, l’absence de neige laisse un terrain détritique parfois inconfortable. En revenant sur mes pas depuis le sommet, juste après la première antécime, je descends dans une pente de pierraille en tout genre. Dans le brouillard épais, l’ambiance est particulière et peu rassurante. J’arrive sur un replat avec un col à gauche où le défunt glacier de Robiñera se dévoile. C’est par là que je dois descendre mais à première vue, sans neige, je ne vois pas vraiment de possibilités raisonnables pour désescalader la première barre rocheuse de la descente. Finalement, je pars doucement en diagonale vers la droite sans jamais trop perdre d’altitude, en visant une petite crête avec des rochers moutonnés vestiges du glacier. Je parviens au-dessus d’un court couloir rocheux qui me dépose sur le terrain défoncé le long du torrent. Je passe rive gauche et arrive à proximité de la seconde barre rocheuse qui permet de rejoindre un replat où j’aperçois une personne sur le chemin des mineurs. Pour descendre cette seconde barre, ne pas continuer tout droit mais partir franchement sur la gauche en traversant quelques pentes raides. Pour la suite, je suis un instant le chemin des mines jusqu’à un pierrier qui précède une autre section très aérienne du chemin des mineurs. Comme il n’est pas au programme du jour et que la journée est déjà suffisamment longue, je descends dans la pente herbeuse en tirant à gauche pour passer la troisième barre rocheuse.

Tandis que j’aperçois la silhouette de la personne à flanc de falaise, je poursuis rive droite le long du torrent au fond du large vallon. J’arrive dans un creux à la confluence de deux torrents formant un cours d’eau unique qui plonge d’une falaise. Et mince ! Or, sur ma droite, une vague sente traverse une pente raide pour descendre quelques dizaines de mètres dans un couloir et retrouver enfin du terrain facile ! C’était la quatrième et dernière barre rocheuse de la descente ! Le bon chemin du port de Barrosa est facile à retrouver et je fais une bonne pause à la cabane. Le lieu est idyllique avec les parois du cirque qui surplombent tout autour et le torrent tout proche. Pour terminer la boucle, un bon chemin descend longuement la vallée jusqu’au parking.