Sur le versant espagnol, deux longues crêtes (S et SE) rejoignent l’imposant pic Perdiguère. Au bout de chacune d’entre elles, on retrouve le pico Perdigueret et la tuca Gargallosa, deux sommets assez farouches sans accès facile, prétexte indémodable pour une visite.
Date : 2025/10/19
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 24 km
Dénivelé positif : 1700 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 5h45 pour le Perdiguère dont 2h30 pour le pico Perdigueret.
Temps de descente : 3h30
Conditions et commentaires : d’abord voilé puis sommets accrochés, vent et chute de la température.
Difficultés : long hors-sentier, lecture, passages aériens (II/III) et pentes raides.
Accès : refuge du Portillon
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
La veille, parcours d’une partie de la crête des Hermitans et liaison vers le refuge du Portillon par le magnifique vallon des Gourgs Blancs : le récit de la première journée.
Chaleur, moiteur, ronfleurs (et oubli des boules quiès), voici un court résumé de la nuit et de la qualité du sommeil. Des couleurs irréelles nous accompagnent durant la montée au col Inférieur de Litérole (2981 m) où les ibónes de Lliterola, d’un calme olympien, se dévoilent. L’étang supérieur est blanc laiteux tandis que le dernier, où se reflète la grande barre des Crabioules, est plus classique. Avec ces moraines importantes où serpente un bon sentier, l’ambiance glaciaire est palpable.
Pour rallier la collada Ubaga, il ne faut pas descendre le long du torrent sous le dernier étang mais plutôt rester assez haut au-dessus de ce dernier pour revenir tranquillement vers le col. Comme l’accès assez facile par le versant S demande un trop grand détour, j’opte pour les couloirs du versant O où il y a finalement plusieurs possibilités. J’avais éliminé rapidement l’itinéraire de P.Quéinnec, parcouru partiellement enneigé. Je n’ai rien compris au schéma présent sur Mendikat, étant incapable de reconnaître l’endroit sur place. À posteriori, d’après le schéma ci-dessous, ce serait bien plus bas que l’itinéraire emprunté. Finalement, nous avons suivi une voie en Z (PD-) quasiment à l’aplomb du sommet, bien aidés par ce retour sur Wikiloc.
De la collada Ubaga, une sente cairnée descend en restant le long des parois O du pico Perdigueret. Après avoir perdu une centaine de mètres, repérer une rampe herbeuse raide et caractéristique puisque c’est la première depuis le col. En haut de cette rampe, franchir un mur en II sur la gauche (bon rocher compact) et poursuivre le couloir avec quelques pas de II jusqu’à un endroit assez ouvert qui précède un ressaut plus difficile. Emprunter un autre couloir sur la droite avec quelques pas de II isolés ; il y a davantage d’éboulis mais les rochers compacts permettent de monter tranquillement. Enfin, peu avant la crête, un couloir décomposé aux roches rougeâtres, moins confortable que les deux précédents part sur la gauche jusqu’aux abords du sommet. Ce dernier est tout proche et nécessite de poser un peu les mains pour l’atteindre. Contrairement à la veille, l’atmosphère est assez terne et voilée. Les Posets dépassent au-dessus de la farouche tuca Gargallosa, le prochain objectif de cette journée.
Après être revenu sous le sommet par le même itinéraire, nous traversons assez haut au-dessus de l’ibónet de Perdiguero pour arriver au pied de la tuca Gargallosa. Elle s’humanise au fur et à mesure que l’on s’en approche mais demeure sévère. Nous n’avons qu’un seul retour, celui de l’insatiable dino, auquel nous n’avons pas compris grand-chose une fois sur place mais qui nous permet de nous dire que ça passe au moins quelque part !
Voici une description de notre itinéraire : versant E, une dalle caractéristique permet de rejoindre la crête au niveau de la dernière brèche entre la partie dentelée du col et le sommet. Franchir le mur raide légèrement sur la gauche (II+, une cordelette en mode chasse d’eau présente lors de la notre passage) puis suivre la crête facilement en louvoyant entre de gros blocs. Après une petite taillante sur le fil, parvenir au pied d’un ressaut plus raide avec un relais décharné de rappel visible au-dessus. Remonter une cheminée assez exposée dans le versant E (II/III) où le terrain est peu confortable en dépit du rocher correct : végétation aux encoignures et quelques rhododendrons. Juste avant de rejoindre le fil, de nombreux cailloux sont posés et demandent de l’attention. Ne pas se laisser attirer par le versant E et franchir le ressaut suivant (II/II+) légèrement sur la droite, où la désescalade est un peu impressionnante. Une terrasse est présente sur le versant O, limitant tout de même l’exposition, alors qu’il était vertical jusqu’alors. Le sommet est ensuite tout proche en suivant le fil.
Entre temps, les nuages sont venus accrochés les Posets et le Perdiguère et nous ne traînons pas puisqu’il reste encore du chemin. Nous revenons avec attention au pied de la tuca Gargallosa. La désescalade de la cheminée est le passage le plus délicat. La cresta de Gargallosa est un itinéraire secondaire pour rejoindre le pic Perdiguère, où à mi-parcours, une partie plus découpée fait le trait d’union entre une première section herbeuse et le vaste champ de blocs sous le sommet. Dans la brume intermittente et le vent frais, les quelques passages aériens (II) ne sont pas très plaisants et demandent un peu d’attention. Néanmoins, il n’y a pas de passages obligatoires et le versant O est souvent assez clément. Les pentes sommitales font mal aux jambes. Vue bouchée, rafales glaciales, nous entamons directement la descente avec quelques rochers vitrifiés et passages verglacés. Ambiance de cimetière au col Supérieur de Litérole ainsi que dans le haut du vallon où les parois lugubres semblent sangloter.
Au-dessus du lac de Portillon, j’avais oublié à quel point il ne faut pas trébucher à plusieurs endroits. Durant la traversée au-dessus du lac, un rocher de la taille d’un ballon de foot fuse une quinzaine de mètres devant nous. Une raison supplémentaire de s’arrêter mettre la veste seulement 3 minutes auparavant ! Après le refuge du Portillon, l’ambiance est plus lumineuse et nous respirons enfin. Nous retrouvons Camille et Tim à la coume de l’Abesque et terminons la descente (3000 m de descente cumulés pour la journée) ensemble sur le chemin d’Espingo débarrassé de la foule. En deux jours, les arbres se sont franchement allégés de leurs feuilles. Même si une longue période de mauvais temps est annoncée, l’espoir demeure pour prolonger la saison automnale.




Merci pour la compagnie et bravo pour l’exploration ! 🙂
Ce fut un plaisir de passer ces moments là-haut en espérant que la reprise s’est bien passée