Belle journée automnale dans le massif des Posets : une partie classique et fréquentée sur le chemin du refuge puis la voie normale et une autre plus confidentielle sur les sommets secondaires en périphérie de la crête des Espadas.

Date : 2025/10/11
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 20 km
Dénivelé positif : 2000 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 4h40
Temps de descente : 1h20
Conditions et commentaires : beau, quelques nuages.
Difficultés : crête accidentée (II/III), éboulis, quelques pentes raides.
Accès : parking d’Espigantosa (taxis depuis Eriste de juin à septembre)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX

La veille, en me demandant où j’allais bien pouvoir traîner en montagne et en jetant un coup d’œil au calendrier, je me dis cette saison ne peut se clore sans une incursion dans ce cher massif des Posets. J’ai terminé la journée assez frustré car je ne suis pas allé au sommet des Posets, comptant rentrer par la vallée d’Estos après la tuca Baja de Llardana, puis faire du stop pour revenir à Eriste. Or, la vue de la traversée jusqu’au collado de la Paul a eu raison de ma motivation déjà écornée par une migraine tenace. Une fois au refuge, j’ai été tenté de renter par la tuca de Roca Foradada avant d’opter pour la raison en revenant tranquillement au parking d’Espigantosa. Que s’est-il passé entre temps ? Des points de vue somptueux et une ambiance toujours aussi envoûtante.

Montée classique, ombragée et assez fréquentée jusqu’au refuge Angel Orus (2150 m) après lequel le sentier bien balisé fait une grande traversée jusqu’à l’entrée de l’immense vallon de Llardaneta. Laisser le sentier de la voie normale des Posets en continuant à suivre le balisage rouge et blanc. L’ibón de Llardaneta est un site magnifique, lieu de bivouac idéal comme en témoignent les nombreuses aires au sud du lac. Nous avions utilisé l’une d’entre elles avant de parcourir la crête des Espadas. Le premier objectif est de visiter la première partie de la crête (souvent délaissée pour monter directement sur le premier 3000) : du collado de Eriste jusqu’aux abords du pic des Pavots afin de visiter la diente Royo. La toponymie est parfois confuse car de nombreux topos nomment diente Royo la première pointe dépassant les 3000 m avant le pic des Pavots alors qu’elle est indiquée à 2943 m sur la carte IGN espagnole.

Ibón de Llardaneta, tuca Alta et Baja à gauche

Ibón de Llardaneta, tuca Alta et Baja à gauche

Après une dernière partie plus raide pour déboucher au collado de Eriste (2862 m), j’attaque la crête légèrement à l’E, puis trop à l’E, m’obligeant à une remontée un peu délicate et exposée (II/III) pour retrouver le fil. Pour rejoindre la pointe suivante (II/II+), la crête est assez aérienne. Pour en descendre, rester sur le fil pour trouver une cheminée en bon rocher calcaire (II) après laquelle une partie plutôt horizontale, assez escarpée mais sans réelles difficultés, laisse place à une pente herbeuse facile jusqu’à la pointe suivante, censée être la diente Royo (2943 m) indiquée sur la carte. Il ne reste plus qu’un obstacle : la montée au sommet suivant, dépassant 3000 m et parfois appelée diente Royo également, comme expliqué juste avant. Pour descendre à la brèche, j’erre dans les pentes délicates du versant O alors qu’il aurait été préférable de rester sur le fil. Au pied de ce fronton esthétique et assez imposant, une vire cairnée se faufile versant O où un mur assez exposé en rocher fragile (rocher meilleur à la fin, II à III selon le cheminement) permet de rejoindre le sommet qui marque la fin des difficultés.

Je retrouve certains des groupes doublés un peu plus tôt dans la journée et quitte la crête pour une traversée jusqu’à la tuca Forau de la Neu, 3000 secondaire situé au centre de cet immense cirque. Des vires salvatrices m’évitent de descendre dans le creux de la combe. Il y a un monde fou sur la crête des Espadas : je compte au moins une douzaine de groupes dont les silhouettes sont facilement identifiables, ainsi que l’écho des voix… Il ne faut pas oublier que nous sommes en Espagne ! (C’est une blague, je précise). La portion suivante n’est pas plaisante puisqu’il faut viser le col (3017 m) au N de la diente de Llardana, défendu par un grand pierrier. Descente presque religieuse de la tuca Forau de la Neu face à la cathédrale du pic des Espadas avec ses plis et motifs hypnotisants. Certains rochers sont criblés d’un crépis redoutable : j’entends les semelles se détacher comme si elles étaient momentanément collées. Pour rejoindre le col, la partie pénible est finalement assez courte. Il faut poser un peu les mains pour passer le verrou et aboutir sur la voie normale des Posets. Avec son imposante aiguille se détachant parfaitement, la diente de Llardana apparaît là sous son plus beau profil.

Tuca Baja au premier plan, tuca de Corbets au second plan à gauche

Tuca Baja au premier plan, tuca de Corbets au second plan à gauche

La tuca Alta et la tuca Baja sont deux sommets assez ignorés faisant office de miradors sur la Rue Royale des Posets ainsi que sur le val de Llardaneta. Après quelques minutes de descente, je ne tarde pas à partir sur la gauche pour rejoindre la crête granitique jusqu’au col (2841 m) au pied de la tuca Alta qui s’atteint facilement. La descente à la brèche entre les deux sommets nécessite une courte désescalade (II). De cette brèche, la descente semble tout à fait envisageable pour rejoindre le versant N. Je comptais sur ça pour rentrer par la vallée d’Estos. Entre les deux sommets, le terrain n’est pas fameux mais demeure facile pour monter à la tuca Baja. Belle vue et ambiance automnale apaisante.

De retour entre les deux sommets, descente facile dans le couloir pour retrouver le chemin des Posets. Ensoleillé, ce couloir paraît bien plus ouvert et accueillant que lors de mon passage ce matin. Face à la tuca des Corbets, itinéraire classique pour rejoindre le refuge Angel Orus, bien placé mais assez austère : le pourtour fait assez chaotique, dans un état douteux et le groupe électrogène tournant à plein régime n’aide pas. Je souhaitais questionner le gardien sur la tuca de Sillerets, mais il n’est pas disponible et sa collègue n’a pas d’informations. Magnifiques couleurs durant l’agréable descente jusqu’au parking, ayant l’avantage de ne pas paraître interminable.