Une bonne dose d’ariégisme avec tous les critères réunis : des sommets peu fréquentés, du hors-sentier agrémenté des fameux rhododendrons, de l’humidité et une atmosphère bien automnale avec un peu de grésil sur le haut.
Date : 2025/10/05
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 19 km
Dénivelé positif : 2200 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 3h05 pour le pic de l’Estagnas.
Temps de descente : 3h25
Conditions et commentaires : très variable… et automnal : d’abord couvert, puis assez dégagé, puis alternance d’éclarcies et d’averses (grésil au-dessus de 2100 m).
Difficultés : long hors-sentier et quelques pentes raides.
Accès : Mérens-d’en-Haut
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Les conditions étaient meilleures la veille, mais je souhaitais récupérer davantage de ma longue sortie précédente au pico Fenés et à la peña de Otal depuis le col des Tentes. Les prévisions étaient tout de même plus optimistes mais ce ciel variable a l’avantage de ne pas être monotone et de réserver plein de surprises. La transition est saisissante entre les paysages aragonais visités sous un soleil estival et l’austérité ariégeoise où les stigmates de l’automne sont bien plus présents. Cet itinéraire est très largement inspiré de celui de P.Quéinnec.
Départ tranquille sur le GR10 et ses célèbres sources d’eau chaude pour monter jusqu’à la jasse du Nabreil (1726 m) et ses quelques chevaux. C’est parti pour un long hors-sentier de quelques heures. Partir au SO puis à l’O pour remonter une longue pente herbeuse où une petite trace facilite la tâche jusqu’à l’entrée d’une étroite combe occupée par un pierrier. Je remonte cette dernière (quelques cairns sur les rochers) jusqu’au large col (2184 m) au milieu des pins. Après l’aller-retour au pic Esteille, le pic de Latore s’atteint sans problème par une raide pente herbeuse. Depuis le départ, les sommets se sont légèrement dégagés et la météo est plutôt agréable. Aux abords du sommet, je crois entendre quelques voix avant de penser à des cloches qui peuvent parfois être trompeuses. Pourtant, quelques secondes après, j’aperçois deux silhouettes en contrebas !
Sur le chemin du pic Grat Casal, je passe donc par le laquet au sud du pic de Latore où je rencontre ces trois personnes très sympathiques, habitants de Mérens et qui connaissent le coin comme leurs poches. Ils ont bivouaqué ici et sont aussi surpris que moi d’y croiser du monde ! Après une première partie tranquille qui passe au déversoir d’un étang tout en longueur, les pentes herbeuses soutenues demandent de l’attention car tout est trempé depuis le départ. Après avoir rejoint la crête par un couloir herbeux, je fais un aller-retour au sommet en longeant le raide versant O. Le sommet voisin (2597 m) du pic de l’Estagnas semble tout aussi important tandis que le pic d’Auriol n’arrive pas à se défaire des nuages qui le coiffent.
Je reviens sur mes pas et poursuis versant O pour remonter à une petite brèche où je bascule facilement dans le cirque N du pic de l’Estagnas. L’accès au sommet est techniquement facile mais ici aussi, les conditions du jour demandent un peu de prudence : sur les 50 derniers mètres, tout est recouvert d’une fine couche de glace. Les nuages ont subitement enveloppé la cime, le cairn sommital est gelé, les herbes aussi et je vais finir par l’être également si je m’attarde. La jonction avec le pic des Plumals est facile et nécessite de rester assez bas pour éviter un ressaut plus raide de la crête. L’atmosphère devient austère, presque hivernale, avec le grésil qui me fouette le visage. Au sommet du pic des Plumals, je retrouve une des trois personnes rencontrées au bivouac. Cet ensemble de trois laquets entourés de ses miradors est charmant et sauvage.
La jonction jusqu’au pic d’Aragnol est longue. Je choisis de rester le plus haut possible et une barre rocheuse me demande de descendre un couloir herbeux raide alors qu’il y avait un passage facile non loin, peu visible depuis le haut. J’enfile toutes les affaires prises avec moi car le grésil et le vent ne décolèrent pas. En coupant le GR10, j’hésite à descendre mais le soleil fait quelques percées et m’encourage finalement à poursuivre. Sous le sommet, je dois attendre que la brume se dissipe pour me repérer avant qu’une accalmie plus durable m’accompagne jusqu’au pic d’Aragnol où je prends une bonne pause. Le cairn bien visible depuis la vallée est légèrement déporté du point culminant. Des lambeaux de nuages accrochent les versants brunis et rougis par l’automne et la montagne semble véritablement sur le point de s’endormir. La descente directe sous le sommet est à déconseiller : elle m’amène dans un couloir herbeux abrupt, rendu dangereux par l’humidité. Au jugé, dans un terrain pénible voire exaspérant mêlant chaos et rhododendrons, appelons-le chaosdendrons, je rejoins l’Estagnas paré de magnifiques couleurs puis le GR10. Ouf ! Il ne reste plus qu’à descendre tranquillement jusqu’au parking.

