La peña de Otal est un élégant sommet appartenant au chaînon de la Tendeñera s’étirant tout en longueur de la vallée de Tena jusqu’à celle de Bujaruelo. Il a fière allure depuis le port de Boucharo et se fait remarquer par ses deux couleurs.
Date : 2025/10/02
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 31 km
Dénivelé positif : 2600 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 3h30 jusqu’à la peña de Otal.
Temps de descente : 3h
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : crête NO du pico Fenés courte mais aérienne (II).
Accès : col des Tentes (ouverte fin mai, voir inforoute65)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Au risque de me répéter, il y a vraiment un charme particulier dans ces longs parcours frontaliers, notamment l’impression de vivre plusieurs journées en une. De retour au port de Boucharo dans l’après-midi, j’avais presque l’impression d’être parti la veille. À l’extrémité E de la sierra de Tendeñera, la peña de Otal et le pico Fenés sont les deux derniers sommets avant que la longue crête ne finisse par mourir au fond de la vallée de Bujaruelo. Départ à la frontale du col des Tentes sous un splendide ciel étoilé. Sous le Taillon et les Gabiétous, quelques lumières bougent ici et là sur le chemin du refuge et je bascule en Espagne au port de Boucharo (puerto de Bujaruelo, 2272 m). Ayant éteint la frontale au refuge de Bujaruelo (1338 m), pas grand-chose à dire sur cette descente bien marquée et balisée en rouge et blanc. L’avantage de l’obscurité, c’est que je ne peux pas déprimer en voyant la distance me séparant des sommets. À l’inverse, deviner ces sommets dont les silhouettes sombres se découpent au loin est plutôt exaltant.
Après un passage au refuge encore bien calme, suivre la piste durant 2,5 km environ. Cent cinquante mètres avant le camping, au niveau d’une clairière avec un pylône, un chemin bien marqué démarre dans une trouée dans les buis. Il monte sèchement dans la forêt en même temps que le lever du jour. Le timing n’est donc pas idéal pour profiter des lumières, mais je n’avais ni envie de partir plus tard… ni plus tôt ! Pour l’itinéraire direct du pico Fenés, la bifurcation est discrète vers 1800 m d’altitude : je change complètement de cap en partant vers le S. Le trou souffleur évoqué dans plusieurs comptes-rendus est donc situé après la bifurcation mais dans l’absolu, ça passe un peu partout pour prendre la direction du sommet. Les dalles calcaires du versant N sont flanquées d’un immense trou à l’écart duquel la timide sente rejoint facilement le col. Une large crête mène ensuite à l’antécime puis au sommet principal. Il y a des troupeaux sur les deux versants et, sous les douces lumières matinales, les crêtes herbeuses au sud semblent d’une grande tranquillité.
La descente au cuello de Fenés demande de l’attention. En effet, avec une partie étroite, une courte désescalade (II) est particulièrement aérienne mais en excellent rocher. Puis, après une zone de lapiaz tranchant aux allures de hachoir où il est préférable (sic) de ne pas trébucher, traverser pour rejoindre le pierrier sous le sommet. Je suis toujours amusé du son étouffé que font les éboulis ocres lorsqu’ils s’entrechoquent contrairement au bruit sec entendu habituellement. La crête sommitale s’atteint par des pentes un peu raides (cairns) et demande de poser à peine les mains pour arriver sur la cime. Cette fois, la vue n’est plus masquée vers le pico Tendeñera. Il est séparé par une longue crête donnant l’impression d’être au bout de la queue d’un reptile. Le massif du Vignemale est énorme tandis que les sommets granitiques de Panticosa, s’élevant en une multitude de pointes, font le même effet que le panorama le parc d’Aïguetortes, sous certains angles.
Pour le retour au refuge, je préfère faire une boucle plutôt que de dévaler le vallon herbeux emprunté à la montée. Pour cela, suivre la bonne trace cairnée qui va jusqu’au collado de Otal où une pente raide me dépose dans un petit cirque sous les imposantes falaises calcaires de la peña de Otal. Tout en bas dans le vallon, une piste bien visible s’arrête au refugio de Otal. Il serait tentant de la rejoindre en descendant directement. Or, le versant N est ici occupé par d’imposantes barres rocheuses où, observées depuis le bas, aucun passage ne semble évident. La trace présente sur OpenStreetMap est donc cohérente : il faut faire un grand crochet à l’O avec de multiples traces d’animaux et quelques cairns. Globalement, il est préférable de rester assez haut et de ne commencer à plonger que lorsque l’intégralité du cheminement est visible.
Après un long replat et une vache agressive, une piste descend jusqu’au refuge de Bujaruelo ; une sente permet de couper quelques lacets. Au loin, les dalles de Labassa sont visibles. Saison des champignons oblige, il y a du monde dans les bois tandis qu’au-dessus du refuge, quelques pêcheurs profitent du torrent cristallin et paradisiaque. J’ai l’impression d’être dans une carte postale. Carte postale qui va s’écorner rapidement car il reste désormais 1000 m de dénivelé pour finir la journée. Heureusement, je peux tout d’abord profiter d’une bonne collation au refuge. Ensuite, le sentier du port de Boucharo est parfois chaotique, notamment au début, mais régulier et peu raide ce qui a le mérite de lisser l’effort. Bel environnement malheureusement altéré par les pylônes occupant le vallon.
La peña de Otal se dresse au loin, impertubable et la regarder depuis le port de Boucharo aura désormais une saveur particulière. Hommage à Simon d’Étache (pseudonyme), malheureusement disparu, dont la sortie à ski dans le secteur m’avait marqué. Et plein de souvenirs au col des Tentes. Vous l’aurez compris, une fin de sortie mêlant nostalgie, ravissement et un peu de fatigue évidemment.

