Sublime chevauchée parfois aérienne, l’arête des Espadas est une très belle voie d’accès au deuxième plus haut sommet des Pyrénées. Deux journées formidables !

Date: 17 et 18/06/2017
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles de tracedetrail. : 9,5 + 13 km
Dénivelé positif : 2500 m
Temps de parcours Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : J1 : 6h – J2 : 7h30
Conditions et commentaires : beau les 2 jours.
Difficultés : crête aérienne côtée PD+ et montée raide à la dent de Lladarneta.
Accès : parking d’Espigantosa (taxis depuis Eriste de juin à septembre)
Itinéraire Identification nécessaire pour changer de fond de carte. : parcours et profilGPX

 

Jour 1

 

La montée au refuge Ángel Orús (2100 m) ne souffre d’aucune ambiguïté. Même si les sacs paraissent bien lourds par rapport à d’habitude, c’est majoritairement ombragé et agréable. Après le refuge, suivre le GR11-2 (panneaux) qui serpente au milieu de gros blocs. A l’est, la tuca des Corbets a fière allure. Certains montent, d’autres descendent, il y a moins de monde qu’à l’Aneto, mais nous sommes tout de même près de la voie normale du deuxième sommet des Pyrénées ! Après avoir traversé le torrent de Lladarneta grâce à une passerelle endommagée, laisser la voie normale des Posets via le Canal Fonda et prendre la direction du col d’Eriste. Le chemin reste proche du torrent et aboutit au lac de Llardaneta (2676 m) à côté duquel nous passerons la nuit. Il y a encore de la neige et le lac est toujours pris par les glaces. Le coin est tranquille et nous pouvons observer isards et marmottes.

Nous laissons les sacs dans un recoin rocheux pour aller visiter le pic de la Forqueta. Une sente cairnée monte au col d’Eriste (2862 m) accessible de l’autre côté au départ de Biados. Puis, en suivant la crête ou le pierrier attenant (cairns), monter facilement au sommet en posant les mains de temps à autre suivant le cheminement choisi. De la pointe NO (3007 m), aller-retour rapide à la pointe SE (3004 m) avant une longue pause contemplative au sommet. Nous avons le temps car nous dormons seulement 400 mètres plus bas. Le programme du lendemain nous fait face : la belle arête des Espadas qui s’étire jusqu’au sommet des Posets.

Retour au lac de Llardaneta par le même itinéraire. Mauvaise surprise pour les sacs de Lucille et Pierre à qui des marmottes affamées ont rongé les bretelles. Nous installons le bivouac sur une zone déneigée non loin du lac. Nous mangeons pendant que l’ombre de la Forqueta grignote peu à peu du terrain avant de nous engloutir. La température est soudainement bien plus fraîche. Les cimes passent une à une à l’ombre et la lumière décline doucement : moments privilégiés que de pouvoir observer la montagne s’endormir.

 


 


 

Jour 2

 

Au réveil, une légère couche de gel est présente sur les sursacs. Comme d’habitude, je n’ai pas pu dormir pendant les premières heures avant que l’épuisement ne prenne le pas et me permette de récupérer un peu. Nous nous levons tôt pour profiter des premières lueurs avec un peu plus de hauteur. Pour être plus légers, nous déposons une partie de nos affaires en veillant à les protéger des marmottes. Nous passerons les récupérer au retour.

Direction le fil de l’arête des Espadas. S’élever au jugé dans une pente raide d’éboulis et d’herbe puis continuer à s’élever en arc-de-cercle en direction de la diente Royo (? m). Le soleil se lève durant la montée et nous offre une ambiance magique ! Parfois aérienne, la crête n’est pas difficile (IIinf max.) et le rocher est parfois délité. Après le pic des Pavots (3121 m), franchir un court mur raide en III (bon rocher, aérien) après lequel nous nous rapprochons de l’éperon plus raide (II) précédant les Espadas. Le rocher est abrasif et agréable. Nous débouchons au sommet du pic des Espadas (3332 m) où un couple de français a passé la nuit. L’arête change légèrement d’orientation et file vers le NE. Le sommet des Posets s’est bien rapproché et quelques « summiters » sont visibles.

Après un court passage vertigineux debout sur le fil (paso del Caballo en plus large), franchir un ressaut en bon rocher (II) et poursuivre sur la crête qui reste aérienne mais n’oppose pas de difficultés notoires sauf une descente en II. Au col Jean Arlaud, nous pouvons observer le couloir éponyme : brrrrr … c’est austère et encaissé ! Une pente d’éboulis mène ensuite au sommet des Posets (3369 m).. Les Posets avec cette forme trapézoïdale caractéristique sont très souvent visibles un peu partout dans le massif. Ainsi, le panorama est énorme et étendu sur beaucoup de grands sommets des Pyrénées. Nous renonçons à aller aux pics de la Paul et Bardamine et entamons la descente par la voie normale.

Heureusement, il reste encore quelques névés recouvrant les éboulis et facilitant la descente. Les randonneurs sont nombreux. Comme je l’avais lu, la dent de Llardaneta est impressionnante et l’on se demande comment on peut y monter par ce versant. Encore une fois, il faut toujours relativiser ce que les perspectives peuvent nous faire croire. Mais attention, ça marche dans un sens comme dans l’autre ! Les cairns montrent la voie la plus facile dans un terrain raide et exposé qui s’adoucit progressivement. Au sommet de la dent, on peut notamment observer l’intrigante géologie du pic des Espadas faits d’innombrables strates. Après être redescendu avec attention, nous poursuivons la descente du canal Fonda jusqu’à la bifurcation de la veille. Après une boisson fraîche au retour, ne reste plus qu’à plonger dans la vallée puis dans le torrent à côté du parking !