D’apparence ordinaire, cette journée fut un peu spéciale et m’aura permis de fouler mon dernier 3000 : un beau et éprouvant voyage sur le toit des Pyrénées.

Date: 24/09/2017
Distance totale : 16 km
Dénivelé positif : 1900 m
Temps de montée : 6h pour l’Aneto.
Temps de descente : 2h30
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : terrain minéral exigeant, passages aériens.

 

Depuis le refuge non gardé de Coronas/Vallibierna/des Pescadores (1950 m), suivre le GR11 pendant quelques instants avant de prendre la direction des lacs de Coronas. Juste après la sortie de la forêt, atteindre un petit replat où se situe l’ibonet de Coronas. En face, la Sierra Negra est partiellement visible : ce relief voluptueux donne envie d’aller visiter la zone. Le sentier évite ce replat et entame directement une âpre ascension en direction d’un premier étang où un groupe prend une pause. Atteindre ensuite le grand lac de Coronas (2738 m) et ses deux petits frères où les objectifs de la journée apparaissent plus nettement. Nous avions fait un tour dans ce secteur en rejoignant le col de Coronas au col d’Araguells et savons que nous n’allons pas entamer la partie la plus agréable.

L’objectif est de rejoindre en hors sentier la base de la crête SO du pico Maldito. Pour cela, contourner le grand lac par la droite et monter au jugé en privilégiant les dalles et les zones herbeuses pour arriver à proximité d’un petit laquet (2980 m environ). Quelques semaines auparavant, au sommet du pico de Coronas, nous avions repéré à droite de l’aiguille Haurillon, un endroit où il semblait possible de rejoindre facilement la crête. Après quelques efforts dans des éboulis croulants, nous rejoignons la zone où un guide et deux clients sont en train de s’équiper. Il y a du monde, c’est pas mal, mais les coinceurs qui pendouillent au baudrier du guide invitent au doute ! Finalement, il y a quelques cairns et la montée est facile et peu exposée sur des terrasses rocheuses successives. Une fois sur la crête, nous passons au frais côté N sur une vire partiellement enneigée pour venir buter sur un petit ressaut exposé (II+). Après quelques dizaines de mètres, on observe le guide assurer ses clients vraiment peu rassurés sur un passage effectivement très aérien. Le sommet est ensuite atteint facilement et, après un détour au Gendarme Schmidt-Einhell, nous faisons un aller-retour rapide à la pointe d’Astorg juste à côté. Beau panorama : sous cet angle, l’Aneto et le couloir Estasen ont de l’allure.

De retour au pied de la crête SO par le même itinéraire, traverser à flanc en direction du col de Coronas sur un sentier extrêmement roulant ou pas … 🙂 En chemin, Lucille trébuche et s’entaille la main en se rattrapant sur le bord aiguisé d’un rocher. La trousse de secours a servi, comme quoi, c’est toujours utile d’en avoir une sur soi. Après avoir longé les restes du glacier mourant de Coronas, nous parvenons au col (3201 m). En versant nord, il reste quelques traces d’un récent saupoudrage. La neige est molle et tracée : nous laissons donc les crampons dans le sac et rejoignons le pas de Mahomet puis le sommet de l’Aneto, ou presque ! En effet, je prends soin de passer quelques mètres sous la croix pour visiter d’abord à l’épaule de l’Aneto (facile, 20 minutes pour l’aller-retour) et finir symboliquement par le pic de l’Aneto. Je touche enfin cette croix tant convoitée pour laquelle j’avais du m’arrêter au pas de Mahomet il y a 3 ans. Gravir tous les 3000 n’a rien d’un exploit, mais je suis content et savoure ces instants en me remémorant tous les bons moments en montagne.

Malheureusement, il faut redescendre et c’est déjà avec une pointe de nostalgie que je franchis le pas de Mahomet. On peut refaire des sommets, des voies ou des projets déjà réalisés, mais la sensation d’aboutissement de la première fois ne sera jamais la même. Heureusement, j’ai déjà plein d’autres choses en tête. Point culminant des Pyrénées, le pic de l’Aneto est incontestablement un sommet à la résonance particulière, d’autant plus pour moi désormais. C’est donc l’esprit léger mais les jambes lourdes que finissons par retrouver le pont de Coronas. Nous ramenons deux sympathiques français de retour de l’arête S de l’Aneto et à qui nous évitons 9 km de piste en fin de journée.