Itinéraire sauvage pour accéder à ce sommet emblématique du Val d’Aran. Le couloir ne se dévoile qu’au dernier moment, coincé entre les parois calcaires de la Forcanada, et dont la seule inélégance serait de ne pas déboucher au sommet. Deviendrons-nous trop exigeants ?

Date : 2020/02/22
Distance totale : 13,5 km
Dénivelé positif : 1500 m
Temps de montée : 4h
Temps de descente : 1h15
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : nombreuses pentes raides délicates suivant les conditions. Couloir de 400 m à 40° puis 45° sur la fin. Accès au sommet en rocher médiocre et demandant de mettre les mains.

 

Les sommets commencent à s’illuminer alors que nous quittons la voiture : direction le raide sentier de l’estanhon des Pois (2054 m). Le couloir reste très longtemps à l’ombre, il n’a pas neigé depuis 1 mois, donc nous ne sommes finalement pas très pressés par l’horaire. Je me demande bien comment ça passe lorsque le début de la montée est enneigé : c’est vraiment raide ! Nous laissons les baskets puis je passe les crampons pour une traversée abrupte en neige dure avant de chausser les skis vers 1700 m. Arrivée à l’estanhon des Pois où la Forcanada se dévoile, toujours élancée, toujours élégante.

Il faut prendre ensuite la direction du col des Aranesos en franchissant d’abord un ressaut raide en neige très dure. Nous devons mettre les crampons lorsque la pente se redresse vraiment car ça devient limite en dépit des couteaux. Le couloir comment à apparaître sur notre gauche : la brèche paraît toute proche mais il n’en est rien. Nous remontons le cône de déjection puis le couloir se redresse temporairement avant de s’infléchir jusqu’à une très légère étroiture. Le neige est dure et légèrement vitrifiée en surface. La pente devient ensuite à nouveau marquée (45°) jusqu’à la sortie où nous retrouvons le soleil et la très grande douceur actuelle. Nous nous passons du sommet et restons tranquillement au col : c’est presque la chaleur qui nous chasse !

La descente du couloir se passe bien : la neige est compacte sur le premier tiers donc dans la partie la plus raide. Les virages s’enchaînent plutôt bien. La neige devient ensuite très dure mais notre poids nous permet de briser la couche légèrement vitrifiée. Nous passons avec précaution une partie plus défoncée avant de continuer la descente très bruyante et qui secoue bien. Nous croisons un groupe qui commence la montée du couloir : les veinards, il est désormais parfaitement tracée ! Le cône de déjection est infâme en neige très dure tout comme la descente vers l’estanhon des Pois. Heureusement, nous passons enfin au soleil le long de l’étang puis descendons tranquillement pour retrouver les baskets laissés plus tôt ce matin. Fin de la descente sur le sentier exigeant que nous avions déjà parcouru dans la fournaise estival avec Lucille. Retour à l’Artiga de Lin, plus agité que ce matin, avec le sentiment du devoir accompli.